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2008-A- Mtt 10 16,23 -saint Benoît

Année A : vendredi 14e semaine ordinaire (litao14v.08)
Mtt 10 16,23   saint Benoît

«Qui est assez sage pour comprendre, assez pénétrant pour saisir» qu’être chrétiens, qu’être évangile, c’est tisser des liens inviolables d’harmonie « même au milieu des loups ». Ce signe – vivre en harmonie, en paix avec tout le monde, sans haine dans nos coeurs – est le trésor inviolable de tout disciple. Devenir évangile et François d’Assise a très bien compris cela, nous fait un devoir de la concorde, de l’union des cœurs même avec nos persécuteurs. Ce devoir de la concorde, cette mission de vivre « sans nous tourmenter sur notre défense, sur ce nous dirons, sur le comment », saint Cyprien au 2e siècle appelle cela le «  martyr de la charité ».  

Cette manière de vivre nos faces à faces avec nos opposants, avec nos compagnes avec qui nous avons moins d‘affinité, en plus de donner de la hauteur, de la dignité, de la sainteté à nos vies, nous assure d’habiter le Royaume de Dieu. Elle nous fait dégager un parfum d’évangile. Réalisé même maladroitement, cet appel à être doux comme des agneaux exige beaucoup de patience. Thérèse d’Avila avait coutume de dire que « la patience obtient tout ».  Notre état de bonheur ne vient pas de ce que nous faisons subir aux autres, mais s’enracine en nous quand nous agissons «comme » Jésus. Nous deviendrons complètement  heureux lorsque notre ressemblance à Jésus deviendra parfaite, Lui qui a vécu en état de sérénité, de grande paix intérieure même avec ses opposants. Si nous agissons ainsi, nous entendrons Jésus nous dire ces mots presque inimaginables : « je vous appelle mes amis ».

Saintes femmes, le seul chemin, le plus court chemin pour entrer dans cet appel à vivre en harmonie, en communion avec les autres qui nous nos proches, est de passer par le Christ, de demeurer en Lui. C’est ce que Benoît a compris, lui qui vivant dans une époque de grande perturbation – c’était celle de l’effondrement de l’empire romain, écrivit dans le prologue de sa règle- « Voici que dans sa bonté, le Seigneur nous indique le chemin de la vie ». 

Et ce chemin pour affronter les tsunamis de tous les temps, pour désarmer les conflits entre nations, entre membres d’une même famille, humaine ou religieuse, Benoît l’enracine sur l’écoute (ausculta Dei) et la certitude que l’autre n’est pas l’enfer, que l’hôte n’est pas un ennemi à abattre, mais qu’Il est le Christ lui-même.  « Les hôtes seront reçus comme le Christ. On leur témoignera beaucoup d’humanité ». « Nul ne cherchera ce qu’il estime utile à lui-même, mais ce qu’il l’est à autrui ».

Seule une grande intimité avec Jésus peut nous apprendre à saisir par le dedans que « la charité du Christ nous presse », peut nous guérir de nos infidélités à vivre en humain déshumanisé. Jésus nous envoie «comme des brebis au milieu des loups » pour confirmer et attester que l’autre comme l’a écrit un célèbre auteur, n’est pas l’enfer, mais qu’entrer en relation d’harmonie avec l’autre, l’hôte, c’est vivre le ciel sur la  terre. Cette finalité-là, vivre en harmonie, réussir à dynamiser la beauté d’une vie en communauté, nous « obéir entre nous » pour citer la règle de saint Benoît,  le Père Timothée Radcliffe op, dans une conférence qu’il donnait lors de son passage au Québec à la veille du congrès eucharistique, en a fait le pilier de l’avenir de toute Communauté. Cette beauté-là fascine encore et répond à un profond désir de chaque être humain. 

À votre contemplation : notre vie est chrétienne, notre vie brille de beauté dans la mesure où nous sommes en perpétuel commencement « aujourd’hui,  je commence » (saint Antoine de Padoue) de nous hâter lentement vers la sainteté. C’est ensemble que nous devenons des « saintetés ». Nous ne pouvons être des « saintetés » en vivant seul. «Malheur à celui qui est seul ; s’il vient à tomber, il n’aura personne pour le relever ». (Qo 4, 7). Il faut nous hâter lentement, au quotidien, à vivre jusqu’à la perfection cette page de Matthieu, nous hâter lentement à mener jusqu’à la perfection notre vie d’envoyés, de femmes consacrées.  « Puissions-nous être fidèles à te servir dans la prière, et avoir pour nos frères (sœurs) une grande charité ». (Oraison finale) AMEN.
 

 

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Date: 
Mardi, 1 juillet, 2008

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