2011-A-Mtt 9, 9-13- Mercredi 25e semaine ordinaire- choisir des «magouilleurs», c'est invraisemblable mais vrai
Année A : Mercredi 25e semaine ordinaire (litao25me.11)
Matthieu 9, 9-13 : choisir des «magouilleurs», c'est invraisemblable mais vrai
Jésus vit un homme du nom de Matthieu, assis au bureau de la douane.
Aujourd'hui ce qui est sur toutes les lèvres, ce sont les mots collusions, magouilles, détournements de fonds publics. Hier ce qui faisait la une des conversations, c'étaient ces percepteurs d'impôt qui étaient des vilains personnages dans l'empire romain. À l'époque, la perception des impôts se faisait avec une dureté sans miséricorde. C'était quelque chose comme de la collusion estampillée par l'État. Ceux qui exerçaient ce métier étaient des «malades». Ils avaient besoin de soins. D'un médecin capable de se déplacer vers eux, d'accepter le visiter chez eux pour leur redonner espoir de guérison.
L'appel entendu par Matthieu l’a fait passer d'une vie de collusions, de magouilles à celle de gens honnêtes; cela avait de quoi le surprendre ainsi que l'entourage de Jésus; sa réponse spontanée confirme qu'un tel regard posé sur lui répondait à des attentes profondes en lui. Pas facile de vivre avec une réputation qui vous colle à la peau ! Mais l'inouï fut de voir Jésus entrer dans sa maison et de s'asseoir à sa table. Trop, c'est trop pour les notables de la loi de l'époque. Cela les a irrité au plus haut point, les a mis sans dessus-dessous : pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et pécheurs. ?
Devant nos regards de priants, ce matin, un appel qui ne s'adresse ni aux sens, ni à la raison, mais qui répond à un goût profond en Matthieu comme en chacun de nous, de vivre autrement, de devenir pleinement humain. C'est un appel presque irrésistible à nous comporter en humain. A retrouver de la joie dans la vie. Paul disait tantôt : je vous encourage à suivre fidèlement l'appel que vous avez reçu de Dieu. Cet appel remonte à nos origines : mener une vie à l'image et ressemblance de Celui dont nous avons les gènes.
Jésus vit un homme du nom de Matthieu, assis au bureau de la douane. Dès que la Vie qu'est Jésus est entrée en Matthieu, elle l'a ressuscité. Il est inconcevable qu'un tel appel ne fasse pas vivre ceux qui l'entendent et l'accueillent, ceux chez qui elle s'introduit. Il est impossible à un médecin d'être autre chose que porteur de vie. Ils en font même un serment d'office.
Ailleurs dans l'évangile, pour montrer que Jésus est un vrai «médecin», Matthieu nous présente une femme hémorroïsse qui désirait simplement toucher son vêtement;elle fut guérie. Il nous montre (9, 18-26) un Jésus entrant dans la maison d'un chef de la synagogue pour prendre la main de la fillette morte et lui redonner la vie. Luc nous présente un Syméon transformé dans le temple parce qu'il reçoit dans ses bras l'enfant venu sauver Israël (Lc 4, 18). Là où il y a contact avec Jésus, là où il entre, là où une table l'accueille, se produit un surcroit de vie.
Ici, ce matin, autour de cette table, nous sommes tous en besoin de vie, en besoin de soins. Voilà pourquoi Jésus nous visite. Quel avantage aurions-nous à nous retrouver autour de cette table si Jésus n'entre pas en nous ? Si nous n'entendions pas l'appel - qui est une grâce que Dieu nous fait - à nous redire que c'est la miséricorde qu'il désire ? Si nous ne trouvions pas dans cette eucharistie un Jésus qui s'invite à notre table ?
À votre contemplation : heureux qui touche seulement à l'extrémité du Verbe (saint Ambroise, IVe siècle), car, précise-t-il, qui peut le saisir tout entier ? Qui peut entendre son appel dans toute sa profondeur ? Nous sommes des appelés non pas une fois pour toutes mais c'est à chaque jour, à chaque matin. Devant cet appel de Matthieu, nous ne pouvons nous empêcher de nous appliquer ces paroles de Jésus: ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis. N'estimons pas avoir déjà saisi cet appel du Christ, saisissons-en aujourd'hui sa beauté. AMEN.