2008-A : Mtt 6, 7-15-Jeudi 11e semaine ordinaire - Notre Père…pour devenir fils
Année A : Jeudi 11e semaine ORDINAIRE (litao11j.08)
Mt 6, 7-15 Notre Père…pour devenir fils
Bel Sirac le sage 48, 1-14
Pour terminer mon itinéraire parmi vous, voilà une page qui nous ouvre sur ce qu’il y a de plus beau que d’apprendre à prier, de plus beau que de prier Sa prière par cœur, même par le cœur, de plus beau que de nous donner des rendez-vous de prière, de plus beau que de faire eucharistie. Ce qui est beau, d’une beauté indescriptible, dans cette réponse à une demande de ses amis, c’est l’empressement de Jésus à nous faire entrer dans l’intimité avec son Père, à nous faire connaître qu’il n’a aucune emprise sur sa vie tant il n’est que regard vers le Père.
Ce qui est beau, c’est que dans sa prière, Jésus nous révèle qu’il n'a pas seulement un accès, un contact extérieur avec le Père. Il est dans le Père. Il est «auprès» du Père. Un «auprès» qui colore son intimité avec le Père. Un «auprès» qui montre sa fascination pour le Père, que sa vie est tournée vers le Père. Qu’il demeure près du Père. Tellement «auprès» du Père que Thérèse d’Avila note : «Comme ton Fils manifeste bien qu'il est le Fils d'un tel Père. Comme il se voit bien que tu es le Père d'un tel Fils!». Elle ajoute «Notre esprit devrait en être tellement rempli, et notre volonté tellement pénétrée, qu'il nous soit impossible de proférer une parole» (Chemin de perfection, chap. 27-29). Cette prière de Jésus nous fait voir ce qu’est la contemplation parfaite. Elle nous fait «demeurer», rester «auprès» du Père.
Contemplation parfaite parce que dans sa prière, Jésus n’existe tout simplement pas. Il est dépossédé de Lui-même. «Qui m’a vu, a vu le Père». Contempler, c’est être perdu, enfoui dans ce que nous regardons. Contemplation parfaite parce que dans sa prière, Jésus n’existe tellement pas qu’il ne pense qu’à nous, qu’à chacun de nous. «Donne-leur du pain quotidien», «Pardonne-leur». Ce qui a fait dire à Jean de la Croix : «regarde simplement le Christ […] et tu auras accès au Père». Cette prière nous fait entendre une mélodie divine, nous offre à voir avec une telle profondeur, que la manière de vivre de Jésus fut d’être «image parfaite du Père». Augustin parlait de cette prière comme «l’éternelle poésie du Père» par le Fils, poésie vivante et vivifiante qui nous transforme en fils.
Saintes femmes, «Etre chrétien, écrivait le cardinal Ratzinger, signifie participer à la prière de Jésus, entrer dans son modèle de vie, c'est-à-dire dans son modèle de prière. Etre chrétien signifie : dire avec lui «Père» et devenir ainsi enfant, fils de Dieu [….]. Être chrétien signifie : regarder le monde à partir de ce noyau, et par là devenir libre, plein d'espoir, décidé et confiant».
«Apprends-nous à prier» avaient demandé les disciples. Cela ne veut pas dire : Apprends-nous une prière, une formule à réciter. Jésus ne nous a pas transmis une formule à répéter, mais plutôt une attitude, un style qui nous fait prier comme lui-même a prié. Jésus nous a montré une façon de nous tenir «auprès» de Dieu, une façon d’être avec les autres et de vivre dans le monde. Le Notre Père de Jésus, notre «Notre Père» jaillit de cette relation avec Dieu et avec les autres. Relation filiale d’abord, qui devient, par voie de conséquence, fraternelle.
À votre contemplation : «Disons, mieux vivons le Notre Père et nous seront des saints» (Mère Térésa). Tout y est. C’est tout l’Évangile : Dieu, moi-même, le prochain. Il n’y a rien de compliqué à être Fils d’un tel Père. C’est nous qui compliquons nos manières de vivre en chrétien, en «saintetés Jésus Marie», les aggravant de tant de choses à faire. Une seule chose compte : plus nous vivrons cette prière, plus nous deviendrons tellement Fils, que le Père ne pourra plus nous distinguer de son propre Fils. Que cette prière de Jésus nous aide à voir plus que ce que nous pouvons en dire. A entendre plus que ce que nos oreilles peuvent en écouter. AMEN.