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2008 - A :Mtt 5, 43-48 Mardi 11e semaine ordinaire - aimez vos ennemis

Année A : Mardi 11e semaine ORDINAIRE (litao11m.08)
Mtt 5, 43-48; 1 Roi 21, 17-29 : aimez vous ennemis  

Qui parmi nous, possède une si forte personnalité, a tellement d’impact, d’ascendant foudroyant sur son semblable, qu’il peut faire naître en lui ou en elle des comportements divins? Qui est capable d’ébranler nos profondeurs de terriens, nous émouvoir assez jusqu’à éveiller en nous le désir d’une véritable métamorphose de nos vies? Cette page, en nous présentant le comportement de Jésus, nous en donne la réponse.

« Aimez vos ennemis » aussi surprenant que cela puisse paraître « n’est pas au-delà de nos moyens ni hors t’atteinte […cette page] est inscrite dans ton cœur» (Dt 30, 10). Elle fait violence à nos fausses identités, à nos faux «moi», à nos «moi préfabriqué» (Zundel). L’invitation d’être «parfait comme votre Père céleste» est dans nos gênes. Nous avons en nous «l’effigie exprimant son être» (He 1, 13). Nous sommes «immortellement greffés sur la nature de Dieu» (saint Augustin).

Être parfait comme Dieu. Dieu ne se connaît qu’en l’expérimentant. Pour nous dire le chemin de «devenir parfait comme votre Père céleste», Jésus nous a montré l’être de Dieu, la perfection de Dieu à vivre en paix avec ses ennemis.  Avant de nous inviter, et nous risquons de l’oublier,  à nous faire proche de nos ennemis, le texte dit «aimer», il faut, comme l’être même de Dieu, nous détacher même du mal qu’on nous fait.  La perfection de Dieu ne consiste pas, comme nous le faisons habituellement, à porter attention à «nos défaillances qui sont autant d’infidélités envers notre être véritable» (Von Hilderbrand), mais à regarder, jusqu’en s’en extasier, notre beauté originelle. Tellement grand notre Dieu, le Dieu de l’Eden, le Dieu créateur, le Dieu innocent, tellement grand qu’il s’est dépossédé de Lui-même, de son pouvoir, pour devenir le Dieu livré à ses ennemis au jardin de l’Agonie. Il fut la première victime du mal.

Cette page deviendra «accomplissement» quand nous adopterons pour les autres ce regard de Dieu sur nous.  Jésus ne s’arrête pas à nos défaillances. Son regard nous délivre de l’épaisseur de nos replis sur nous-mêmes. Son regard nous pénètre tellement (songeons au regard de Jésus sur Pierre après sa trahison), qu’il pousse à la conversion de nos cœurs. 

Quand il y a conflit entre nous, comme cette page de Matthieu nous le montre, c’est parce que notre regard ne voit chez l’autre que ses défaillances et non sa beauté originelle, «sa beauté si antique et si nouvelle» (saint Augustin). Dépasser nos pulsions premières, qui ne sont pas des comportements «humains» mais des comportements de «terriens», dépasser ce qui nous est «naturel», nos réactions impulsives, c’est sortir de nos faux «moi», c’est sortir nos faux «moi» de nos vies, c’est cesser d’exister en dehors de nous pour exister en dedans, pour nous donner une vie transformée en véritable image et ressemblance de Dieu.  Un amour «à cœur ouvert» est autre chose que cette fascination qui nous ramène à nous-mêmes, à nos «moi» stériles. Cet amour trinitaire (c’est de cela dont il s’agit dans cette page) est un amour où nous cessons de nous contempler. Alors nous pourrons expérimenter qu’ «aimer nos ennemis» est non seulement possible mais confirme que nous sommes, par grâce, de la nature de Dieu. Nous déposséder même de nos haines, «durant que nous sommes en chemin». Voilà l’extraordinaire de l’Évangile.

À votre contemplation : «moi je vous dis», ma voix sacerdotale qui est La sienne, vous dit : ce n’est pas extraordinaire que d’«d’être parfait comme votre Père céleste est parfait». Jésus, et il en fait un commandement, nous demande d’être simplement ce que nous sommes. Nous sommes, et j’utilise la très belle expression de l’archimandrite Sophronie, des «microthéos». L’incarnation c’est, disait au début du christianisme saint Athanase, une assomption de notre humanité en Dieu. C’est chacun de nous qui se voit invité à être comme Dieu, Lui qui a accepté d’être semblable à nous.  Vivre cet appel à aimer nos ennemis, c’est devenir ce que nous sommes, des visages parfaitement humains de Dieu. C’est humain, c’est un véritable acte d’accomplissement que de contempler la beauté qui se cache dans notre «ennemi »; que de considérer «jusqu’à nous en réjouir, les offenses reçues comme un bienfait» (saint Silouane) qui nous rend semblable à Dieu. AMEN.

 

Évangile: 
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Date: 
Mardi, 1 juillet, 2008

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