2004 -C: Mtt 5, 1-12 Marie de l'Incarnation - une femme disciple-
Année C: Vendredi de la 3ième semaine pascale (litcp03v.04)
Matthieu 5, 1-12 SUR NOS RIVAGES, UNE FEMME-DISCIPLE : bienheureuse Marie de l'Incarnation
“Voulez-vous être avec moi”. Cette question que Jésus adressa, en songe à Marie Guyart alors qu’elle n’avait que 7 ans, son ‘oui’ spontané d’enfant dit toute la vie de cette femme: la “Thérèse du nouveau monde”. Ce matin “nous tombons à genoux devant le Père” (1er lecture), nous faisons mémoire d’une vie "vécue en présence de Dieu” (Gn17, 1) intensément active et intensément mystique. Comme Paul, “elle est restée enraciné, établi dans l’amour”. Comme Paul,“elle a été capable de saisir la largeur, la hauteur, la profondeur“ du ressuscité qu’elle a reconnu sur les rivages de cette Galilée d’ici.
Contemplatives, elle était là sur nos rivages,- celle “qui a quitté son pays, sa parenté, la maison de son père”(Gn12, 1)- “au lever du jour” de ce Nouveau monde - “ce pays que je te montrerai”- nous disant dans sa personne qu’il est ressuscité. Nous invitant à déjeuner, à Le reconnaître. Elle était là montrant, enseignant aux habitants d’ici des comportements nouveaux, des comportements divins tant elle était totalement en Dieu et à Dieu. Devant nos yeux, une femme qui, toute sa vie, s’est exercée à vivre en présence du ressuscité. A marcher en présence en ressuscité.
“Marche en ma Présence et sois parfait” (Gn17,1). Cette demande de Dieu à Abraham, Marie de l’Incarnation l’a faite sienne. Femme d’action, elle a compris qu’il ne lui était pas demandé de se retirer du monde, de se soustraire aux exigences d’une vie engagée au service de sa foi, engagée au service des plus pauvres. Femme mystique, elle a aussi compris que ce service des autres devait sans cesse se réaliser en sa Présence, sous son Regard et en union avec son Dieu. Elle avait les deux pieds sur la terre et le coeur totalement pris par Dieu.
La vie de Marie de l’Incarnation nous incite ce matin non pas à une explication de ce passage de l’Évangile des Béatitudes mais plutôt à nous donner une “intelligence” de ces “maximes de l’Évangile”. Pour elle, cette “intelligence spirituelle”, cette “connaissance mystique” des Béatitudes se vivait sur deux jambes : Présence à Dieu et Vie avec son peuple d’adoption. Dans sa personne, depuis ce 24 mars 1620, jour où elle a fait l’expérience du salut reçu en Jésus-Christ, elle est devenue “intelligence” “ connaissance” de l’Évangile. À chaque instant de sa vie, elle se répétait ces mots du Psaume de ce jour “qui regarde vers Lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage, goûtez et voyez: le Seigneur est bon”
Sa compréhension des Béatitudes comme elle l’écrira à son Fils, l’a changée “en une autre créature mais si puissamment changée que je ne me connaissais plus moi-même “ (relation 1654) Tout au long de sa vie, elle a traduit ses “maximes de Jésus Christ” dans des gestes dont la profondeur dépasse ce que nous en voyons. Le Père Jetté o.m.i, spécialiste de cette femme et de sa mystique, nous cite comme exemple: “Bienheureux les affligés... quand elle était faussement accusée, elle refusait de les accuser en retour pour se décharger de ce poids. Bienheureux ceux qui souffrant. Sa vie fut remplie de souffrances dont celle de l’incendie de sa maison qui n’ont pas atténué sa confiance et sa miséricorde.”
À votre contemplation: Cette manière de vivre ces “maximes de Jésus-Christ” n’a pas changée. Ne regardons pas cette mère fondatrice de l’Église canadienne comme objet d’étude mais comme une femme disciple qui a marché en sa Présence et qui nous invite à prendre ce même chemin. Comme elle, découvrons dans cette page de Matthieu “l’esprit de Jésus”, la personne même de Jésus. Comme elle, vivons un coeur à coeur intime avec Jésus sinon nos engagements comme catéchètes, pasteurs, pourront manifester beaucoup de zèle mais ils risquent de demeurer, malgré leur beauté, prisonnier d’un programme sans vie parce qu’entrepris sans l’ “Esprit de Dieu” que ces maximes nous laissent voir. "Fais que toute notre vie témoigne du rayonnement de la charité de Marie de l’Incarnation” (oraison finale) . AMEN
accueil : du quais de la Loire aux rives du Saint Laurent, Marie de l’Incarnation ne fut jamais habité par un esprit de crainte mais par celui de l’amour et de la confiance dirait-elle en 1668 quelques années avant sa mort. À l’heure où notre Eglise affronte des puissantes vagues, que son esprit de confiance totale en Dieu soit nôtre.