2010 - C-Mtt 5, 1-12 Marie de l’Incarnation - :
Vendredi de la quatrième semaine de Pâques
Matthieu 5, 1-12 : les béatitudes, Marie de l’Incarnation
Ce soir, en faisant mémoire de Marie de l’Incarnation, grande mystique et une des fondatrices de notre Église d’ici, nous sommes non pas devant une experte en héroïsme inimitable mais devant une experte en bonheur. Dans la Bible, le bonheur, c’est une vie perdue en Dieu. Marie de l’Incarnation était totalement perdue en Dieu. Elle habitait totalement en Dieu, autant au milieu des affaires de ce monde que dans sa vie de prière.
Ce que propose Jésus sur la montagne n’est pas un catalogue compliqué d’héroïcité mais une manière différente de regarder notre propre vie. Jésus nous propose de regarder notre vie comme il a regardé la sienne. Qui d’entre nous n’a jamais eu, comme Jésus, faim et soif de justice? Qui d’entre nous n’a jamais, comme Jésus, pleuré devant des tragédies incompréhensibles? Qui d’entre nous n’a jamais été touché, comme Jésus, un jour ou l’autre dans sa vie, par la détresse d’autrui ou n’a eu envie de semer la paix autour de lui? Tous, un jour ou l’autre, nous avons voulu désirer vivre ce que Jésus nous décrit, ce que Jésus a vécu.
Ce texte de Matthieu propose un objectif accessible. Devant cette manière de vivre que nous présente Jésus, peut-être n’avons-nous pas osé aller jusqu’au bout; peut-être nous nous sommes sentis incapables de vivre à la perfection ce chemin de bonheur; peut-être avons-nous éprouvé trop inten-sément nos fragilités, nos incapacités de tenir le coup devant un chemin qui nous semble très beau mais inatteignable; peut-être avons-nous eu peur… d’être heureux en faisant nôtre ce programme de vie?
Marie de l’Incarnation a fait sien, jusqu’à l’extrême perfection, ce programme de vie. Elle ne s’est pas contenté d’imiter Jésus, d’être pauvre de cœur, d’avoir faim et soif de justice, de mener une vie de compassion. Elle a été tellement transformée en Jésus, que rien ne la décourageait, pas même l’incendie de sa maison. La méditation de cette page de l’évangile l’a littéralement divinisée. Elle a laissé le Christ la conduire jusqu’à vivre à la perfection l’Évangile du bonheur. Elle fut tellement heureuse cette femme, qu’elle a vécu dans un état paradisiaque, un état mystique, un état de ravissement permanent. En elle, il n’y avait aucun conflit entre les choses d’en bas, ses affaires, et la vie en union permanente avec Dieu.
Sa compréhension des béatitudes, comme elle l’écrira à son fils, l’a changée en une autre créature, mais si puissamment changée, que je ne me connaissais plus moi-même (Relation, 1654). Tout au long de sa vie, elle a vu dans ses maximes de Jésus Christ un chemin admirable d’union à Jésus. Un chemin admirable de solidarité qui dépasse tout entendement humain, pour être ici Évangile de Dieu. Ses nombreuses souffrances n’ont pas atténué sa compassion. Heureux les miséricordieux.
Devant nos yeux, ce soir, une femme qui n’a pas eu pour but dans sa vie de battre des records de perfection. Ses écrits nous montrent qu’elle était consciente de ses faiblesses, mais ses infirmités com-me elle le disait, ne lui servaient pas de prétextes pour quitter un seul instant sa vie d’union à Dieu, même au milieu des tâches nombreuses qui étaient siennes dans cette Église naissante. Elle a puisé avec joie aux sources du Salut (Is 12,3).
À votre contemplation : Paul, dans la première lecture (Ep 3, 14-19), reprend autrement l’évangile des béatitudes quand il demande aux Éphésiens : que le Christ habite en vos cœur […], restez enracinés dans l’amour […], ainsi vous serez capables de comprendre quelle est la largeur, la longueur, la profondeur de votre bonheur. Il ajoute : alors vous entrerez dans la plénitude de Dieu.
Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, venez au Seigneur, approchez vous de sa table, il vous donnera le repos (Acclamation). AMEN.