2006 -B : dimanche 18e semaine ordinaire- Mc 9, 2-10 Voir la beauté de Dieu
Année B : dimanche de la TRANSFIGURATION
Mc 9, 2-10 voir la beauté de Dieu
Pouvons-nous honnêtement clamer avec Pierre : « Il est heureux que nous soyons ici ». Heureux d’être ici, à l’écart pour réaliser que « c’est la beauté qui nous sauvera » (Dostoïevski). Heureux d’être ici pour «poser notre regard dans la splendeur de la gloire du Père (Claire d’Assise) » Heureux d’être ici pour recevoir cette grâce de la faculté de voir « ce Fils en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés (Jean de la Croix)» Heureux d’être ici aussi pour entendre des paroles inexprimables : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ». «Accorde-nous d’écouter la voix de ton Fils bien-aimé » (oraison) Et Pierre ajoute dans la seconde lecture : « vous avez raison de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans l’obscurité »
Ce matin, la beauté, « celle qui nous sauvera », celle qui dynamisera nos vies, elle est là devant notre regard contemplatif. Paradoxe, pour la voir cette beauté, il faut d’abord qu’elle nous habite, qu’elle nous habille. Nos yeux traduisent ce que nous avons dans le cœur. Ils sont le miroir de nos vies. Dites-moi ce vous voyez et je vous dirai qui vous êtes.
Pierre, Jacques et Jean ont vu dans toute sa splendeur ce Dieu qui les habitait. Sur la route, marchant avec Jésus, ils le voyaient humain, soucieux de nourrir la foule qui l’accompagnait dans le désert. Sur la montagne, parce que déjà habiter par Dieu, Pierre, Jacques et Jean ont vu par grâce « la perfection de Dieu », sa gloire divine.
Ils ont vus la nudité de Dieu. Ils ont vus l’Être de Dieu. Ils ont vus la beauté de l’avenir réservé aux croyants. Ils ont vu le Royaume de la Joie. Ils ont vu non pas une idée de la beauté de Dieu. Ils ont été immergés dans la beauté. Pour un instant, il n’y avait pas de nué, pas de distance entre eux et Jésus. Pour un instant, la beauté était telle que leurs yeux ne pouvaient pas la supporter. « Ce que nous avons vu, nous vous l’annonçons »
L’extraordinaire, l’inouï « Dieu nous a crée pour que nous vivions de sa Beauté » dit Saint Silouane. Quel outil d’évangélisation il y a là-dedans: soyons des hommes et femmes tellement transfigurés, tellement capables de vivre d’une beauté relationnelle, beauté de communion, et nous montreront en acte « que c’est beau d’être chrétien ».
Enlevons la beauté de nos yeux et nous tuons la vie. Mais qu’elle est cette beauté de Dieu qui s’offrait à nous? St Irénée répond : « c’est l’homme vivant ». La transfiguration de Jésus se poursuit chaque fois que nous vivons pleinement. Chaque fois que nous refusons d’entretenir la haine dans nos cœurs. Chaque fois que nous aidons ceux et celles qui ne peuvent pas nous le remettre. Chaque fois que nous jetons un regard qui transfigure le quotidien de notre entourage.
En redescendant de la Montagne, Moise ne savait pas que son visage rayonnait de lumière. C’est avec des visages transfigurés par la splendeur de la gloire du Père, qu’il nous faut poursuivre le combat le combat de la transfiguration de notre monde « jusqu'à ce que l'étoile du matin se lève dans les coeurs (2 P 1,19). » Sachons que le plus grand bien que nous puissions faire à notre monde n’est pas lui partager nos richesses mais de lui révéler qu’il a des yeux capables de transfigurer son quotidien en beauté. Portons sur ce pain des yeux transfigurés et nous serons des hommes et des femmes capables d’irradier le Christ sur la montagne du Thabor de notre quotidien. AMEN.