2002-A-Lc 19,45-48 Vendredi 33e semaine ordinaire- demeurer suspendu à ses lèvres
Année A : Vendredi de la 33e semaine ordinaire (litao33v.02)
Lc 19,45-48 demeurer suspendu à ses lèvres Apocalypse. 10,8-11 le livre avalé par le prophète
Il m’arrive de recevoir en consultation des jeunes référés par leur pasteur qui souhaite obtenir une évaluation de leur situation avant leur mariage. À chaque fois, je me retrouve devant des personnes tellement éblouies fascinées l’une par l’autre qu’ils n’entendent pas ce que je dis. Leur “je” n’existe plus tant ils sont en extase, en admiration devant l’autre. Ils sont en amour et il n’y a rien à faire, dit une expression populaire. Dans les mots de Luc le peuple était tout entier suspendu à ses lèvres. Je me risque d’affirmer que le peuple qui était suspendu à Jésus à ce point qu’il ne voyait rien, n’entendait plus rien d’autre que Lui, comme les jeunes fiancés, était un peuple mystique. Un peuple en union profonde avec Dieu. Un peuple passionné de Dieu.
Alors que dans le couple cette mutuelle admiration, extase ne dure qu’un instant, nous sommes ici pour maintenir en permanence cette attention amoureuse. Comme chemin, Luc nous suggère de demeurer suspendu à ses lèvres même jusqu’au martyr comme Ste Cécile. La 1ère lecture suggérait tantôt: Prends ce livre, manges-le dans ta bouche il sera doux comme le miel. Contemplatives, la lutte pour maintenir cette union est une longue lutte. Jacob y lutta toute la nuit jusqu’au lever de l’aurore (Gn 32,25). Pour demeurer hantés par ce grand désir de demeurer suspendu à ses lèvres, mangeons ce livre jusqu’à ce qu’il parvienne au plus profond de nos coeurs. Jusqu’à ce que la totalité de la Parole nous traverse tout entier, nous transperce le coeur.
Cela surgit quand nous n’avons plus d’autres distractions que Dieu seul, quand nos maisons sont devenus des maisons de prière; quand nous cessons de faire quelque chose pour l’autre pour être avec l’autre. L’unique nécessaire. Etre suspendu à ses lèvres, c’est ça la contemplation. Cessons de faire quelque chose, devenons - il n’y a rien de négatif la-dedans- passif, en état de totale réceptivité comme quelqu’un qui ouvre les yeux avec un regard d’amour dirait Jean de la Croix. Nous concentrer sur Dieu, sur Dieu seul, n’être préoccupé que de Dieu à la manière du fiancé qui n’entend plus rien, ne voit plus rien, qui s’oublie, ne tient pas compte de lui pour ne regarder que sa bien aimée qui est tout à lui, pour recevoir d’elle cette douceur au goût de miel. Ce qui est pour les fiancés comme un amour aveugle devient ici une passion mystique. Ce secret est caché aux sages, aux intelligents et révélés aux petits (Mt11,25). Laissons le Christ en nous se suspendre aux lèvres de son Père.
A votre contemplation : Éprouvons cette joie d’être tout simplement, au coeur de notre société, celles qui font profession de goûter à ce livre aussi doux que le miel. Profession prophétique. Service inestimable aussi que de donner cet appétit de Dieu à une société dont le plus grand malheur est de se nourrir d’un pain qui ne rassasie en rien sa faim. Voici l’heure, et c’est maintenant de demeurer tout au long de cette eucharistie suspendu à ses lèvres : Prenez et mangez. Prenez et buvez . AMEN
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François dans son testament invite à classer en lieu sur les livres contenant la parole de Dieu(Test.12). La 1ère lecture nous dire de les manger. Avec Ste Cécile, une sainte inconnue, demeurons suspendu jusqu’au martyr à ses lèvres.