2007- C-Lc 15, 3-7-Sacre coeur- se laisser porter par son coeur
Année C : SACRE CŒUR
Lc 15, 3-7
« Je te constitue héritière de mon cœur. » Ces mots entendus par Marguerite-Marie Alacoque devraient nous tenir à cœur tant ils s’adressent à chacun et chacune d’entre nous. Nous sommes les héritiers de son Cœur « passionné d’amour ». Nos vies de moniale, de chrétien sont une invitation permanente au détachement de nos cœurs de chair, de « pierre » pour les transformer par la richesse du Sien, en cœur divin. Ce cœur divin déborde tellement de compassion qu’il ne peut se contenir. Il faut qu’il se répande en nous jusqu’à y faire sa demeure. Tel est bien l’essentiel de cette fête.
Alors que notre culture protège scrupuleusement jusqu’à garder secret les « avoirs » d’un chacun, la culture de Dieu est de ne rien cacher, d’ouvrir largement le trésor de son cœur jusqu’à y laisser jaillir deux rayons de lumière que sont «le sang et l’eau» (Jn19,34), le Golgotha et l’eucharistie. Cette fête nous dévoile – et Luc vient de nous dire cela – que pour Jésus « un » a la même valeur que « quatre-vingt dix neuf ». Dit autrement, le plus égaré, le plus criminel comme aussi chacun, chacune d’entre nous, est le préféré de Jésus.
Le Dieu qui se révèle à nous dans cette fête est un Dieu qui montre non sa puissance mais un Dieu qui avant tout chose, a du cœur. Qui a des « entrailles de miséricorde ». « J’irai moi-même à la recherche de mes brebis, je les ferai sortir de leur terre, je chercherai celle qui est perdue, je ramènerai celle qui est égarée, je panserai celle qui est blessée, je guérirai celle qui est malade. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. » ( Ez 34, 15-16 ) Comme il est rassurant d’entendre qu’un Dieu est en état de recherche de chacun d’entre nous !
Ce cœur deJésus a tout fait pour « devenir plus intime à nous-même que nous nous-même ». Il a tout fait pour nous réintroduire comme individu et comme peuple, dans le jardin d’Eden, ce lieu originel d’amour nuptial entre Dieu et nous. Il a tout fait pour que nous retournions vers ce noyau divin qui en nous, appelle à renouer avec la beauté de nos origines. « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous » « Dans son immense amour, il s’est offert lui-même pour nous » (préface). Vérité que nous ne devons pas oublier. Toute l’aventure de ce cœur divin est de désirer le « retournement » nos cœurs vers le Sien. Notre place et pourquoi notre vocation, est d’être porté sur ses épaules.
Contemplatives, contemplatifs monte en moi ces paroles d’un musulman Mohammed attribuée à Dieu, « ni mes Cieux ni ma Terre ne peuvent me contenir, mais le cœur de mon Serviteur fidèle me contient ». «Mon bien-aimé est à moi et moi je suis à lui » clame le Cantique des Cantiques (2,16). Ces paroles devraient libérer en nous une place pour que le « tout Autre », le « tout cœur » puisse venir « demeurer » en nous, s’y reposer. Dieu désire faire sa « demeure » en nous. Notre cœur désire se reposer « dans son cœur ». Mystère d’inhabitation réciproque.
A votre contemplation : À quoi nous servirait de « faire mémoire de ce cœur livré pour nous » si nous sommes incapables de passer du « non » de l’indignation face à l’iniquité au « oui » de l’engagement. À quoi nous servirait de nous attabler autour de cette Table si nous n’entrons pas comme Marie dont nous ferons mémoire demain « dans la maison de son cœur » (Jean-Paul 11) cette maison commune de toute l’humanité, jusqu’à nous livrer comme Lui, jusqu’à mener une vie. Une eucharistie pour connaître la joie de Jésus de nous porter à son Père. AMEN
Accueil : « Dieu nous appelle pour que nous revenions à son cœur ». L’auteur de ces mots, Augustin, a longuement savouré de se laisser porter par Jésus qui a tout laissé pour aller à sa recherche. Que cette eucharistie nous rende «ivres de joie, vous puiserez aux sources de la vie». Ainsi s’ouvrait, il y a 50 ans l’encyclique de Pie X11 visant à promouvoir le culte du sacré-Cœur.