2009 -B- Lc 10- 1-9-Timothée et Tite -
Année B : Lundi 3e semaine ORDINAIRE (Litbo03l.09)
Lc 10- 1-9 Timothée et Tite
Nous le savons et nous devons le croire, Dieu a mis ce monde entre nos mains. Ce n’est pas le monde, ce n’est pas l’Histoire, qui doit nous sauver. Mais c’est nous qui devons évangéliser le monde.
Qui est-ce qui nous envoie ? Dieu lui-même. Nous devons y croire. C’est dans la mesure où nous y croyons que nos limites personnelles cessent d’être des obstacles à l’Évangile, qu’elles deviennent des instruments (Ac9, 15) de choix pour aller sur les routes du monde. Dieu a voulu choisir des gens limités, remplis d’indigence pour les envoyer deux par deux afin qu’ils s’encouragent, se soutiennent et surtout pour qu’ils vivent entre eux l’Évangile qu’ils annoncent. Nous sommes les collaborateurs (2 Co 6,1), des ambassadeurs (Ep6, 20) de Dieu.
Il n’y a rien de plus grand que cela. Il n’y a rien qui puisse vraiment nous émouvoir davantage que cette confiance de Dieu qui a voulu se servir de notre indigence. Dieu nous demande de lui donner ce qui est le plus faible en nous, le moins beau, le moins désirable pour accomplir son œuvre d’évangélisation. Notre identité de disciple, c’est de n’avoir rien, de n’être rien. N’emportez rien, ne soyez rien.
Dieu nous envoie nu de toute-puissance, comme des agneaux au milieu des loups, dévêtu de tout esprit de peur, de tout désir de vengeance, dépourvu de tout prestige autre que celui de réveiller en toi le don de Dieu que tu as reçu, de rendre témoignage à Notre Seigneur (2 Tm 1,7). Voilà qui donne à contempler l’identité du disciple. Mystère de disproportion comblé par le mystère de sa miséricorde.
Mais comme si cette identité humainement inimaginable n’était pas suffisante, Dieu nous envoie pour annoncer ce qu’Il est dans son être divin : la paix. Si vous êtes un ami de la paix – de cette paix intérieure profonde – votre paix ira reposer sur lui. N’est-ce pas là l’inouïe grandeur de Dieu que de passer au delà de nos propres tiraillements intérieurs pour donner ce qu’Il est dans son être trinitaire : paix, harmonie parfaite.
Annoncer la paix oblige de tuer en nous toute velléité de vengeance, de réduire à néant l’ensemencement de nos bouleversements, de nos angoisses qui risquent à tout moment de prendre racine en nous. C’est laisser le Christ peindre en nous son image (Saint Colomban (563-615), moine, fondateur de monastères). C’est n’être inquiet de rien ne soyez inquiets de rien (Ph4, 6), n’avoir plus rien qui nous agite, tiraille, tenaille, jusqu’à transformer notre quotidien en joyeuse célébration d’un premier sabbat (Aelred de Rielvaux). Un tel chemin ne s’obtient qu’après avoir gravi la montagne de la prière, qu’après un long travail de désappropriation de nos soucis pour devenir libre de soi (Zundel).
Et c’est ce chemin que nous contemplons en Timothée dont le nom grec signifie qui honore Dieu et Tite, un païen, véritable enfant selon la foi qui nous est commune (Tt 1, 4). Ils furent comme Jésus au service de la Paix. Comme Jésus, ils clamèrent que le Royaume Dieu est parmi vous. La paix est le signe de l’arrivée du Royaume.
À votre contemplation : Si tu acquiers cette paix dit Séraphin de Sorov des milliers d’autres autour de toi trouveront le salut. Il ajoute : Aucun bonheur terrestre provisoire ne peut la donner. Elle est donnée d’en haut par le Seigneur lui-même. C’est pourquoi elle a pour nom la paix du Seigneur (entretien avec Motovilov, Arfayen 2002 p.14). Pour vous, ces mots très simples, tellement humains, désirés, recherchés, « quand vous entrez, dites Paix à cette Maison ». « Il n’y a rien de meilleur à offrir que cette paix par laquelle dit Séraphin de Sorov sont détruits tous les assauts des forces du mal. L’oraison finale dira tantôt : renouvelle et multiplie en nous les énergies qui viennent d’en haut… aide-nous à garder le don de la paix. AMEN.