2004- C- Lc 5, 12-16 Vendredi 2e semaine Noël - Histoire d'une rencontre
Année C : Vendredi de la deuxième semaine du temps de Noël (litcn02v.04)
Luc 5,12-16 Histoire d'une rencontre
Bien plus qu'une histoire, le récit que nous venons d'entendre est un rencontre. Une rencontre qui confirme que le Christ avait DÉJÀ pris forme dans le lépreux. Son cri laisse voir qui si son corps était malade, il vivait d'une grande intimité avec Jésus. Il Le portait en lui. Le lépreux se savait « parent de Dieu », « fragment de Dieu » ( Épictète ).
Contemplatives, - quel paradoxe il y a la-dedans - c'est l'intimité avec Jésus qui nous pousse vers Jésus. À Jésus. C'est parce « qu'il nous a aimé le premier » qu'Il a pris naissance, s'est enraciné en nous que nous sommes comme poussé de l'intérieur à nous confier à Lui. « Celui qui possède le Fils » nous a dit la 1 ière lecture « possède la vie ». Pour entendre Jésus nous dire de reprendre la route, (évangile) il faut d'abord l'avoir entendu au tréfonds de nos cœurs et espérer qu'Il pourra nous guérir de ce mal intérieur qui nous ronge. C'est ça croire. « Ce qui touche le cœur de Dieu et en triomphe , c'est la ferme espérance qu'il peut nous guérir . (Jean de la Croix) Péguy ne disait-il pas que « ce qui m'étonne, c'est l'espérance ».
Jésus ne vient pas à notre rencontre sur les places publiques , dans les belles réussites et les façades trompeuses. C'est au cœur de nos propres déserts intérieurs, dans ces lieux où la lèpre secrète de nos vies nous isole et nous enferme, qu'Il vient à nous. Encore faut-il que nous lui fassions connaître nos douleurs. Nos cris. D'ailleurs impossible de taire la douleur. ! « Si tu le veux, tu peux me purifier » !
Nous qui venons de vivre et vivons au quotidien ce grand mystère d'une rencontre d'un Dieu avec son peuple, nous savons bien- nous qui avons entendu Jean cette semaine nous dire qu'il nous aime le premier- qu'il n'est pas suffisant d'avoir célébré cette Histoire, pas suffisant de croire que Jésus est fils de Dieu. Il faut qu'il prenne forme en nous sinon nous risquons de nous mentir à nous-même. Il faut que notre foi soit vivante dans l'exercice de la reconnaissance de ce Fils dans les autres. Si quelqu'un dit qu'il aime Dieu et hait son prochain, il n'est pas né de Dieu.
Quand des scènes d'horreur aussi repoussantes que celle du lépreux- qu'un poète anglais ( Hopkins ) appelle « la danse de la mort et du sang » - se multiplient autour de nous ! (terrorismes, sinistres, sécheresse) , nous observons en même temps que des hommes et des femmes font comme Jésus ce qu'ils doivent faire : Toucher de leur main pour apporter compassion et présence. Ils deviennent alors présence et vie. Ils sont pour reprendre la belle expression de saint Jean né de Dieu. Bonne Nouvelle. Ces gestes qui laissent voir que l'Esprit du Seigneur est sur eux deviennent une autre histoire d'une rencontre bouleversante qui fait du bien. Qui guérit aussi ! Histoire d'admirable échange qui unissent Incarnation et souffrance. Qui font Noël !
A votre contemplation : nous sommes meilleurs que nous en avons l'air. Quand le malheur- autre nom de la lèpre- frappe, des gestes-secours suivent. Surgit spontanément en nous le médecin, (l'autre Christ !) l'aidant naturel que nous sommes. Alors nous faisons voir Dieu en action. « Le Seigneur m'a envoyé aux prisonniers qu'ils sont libres, apporter aux opprimés la libération » . Ces paroles se vivent quand nous reproduisons cette scène de Luc qui nous présente un Jésus tellement devenu humain qu'Il nous invite à devenir, par cette eucharistie, divin jusque dans nos gestes. AMEN
Accueil : « comme je voudrais faire voir le cri de Dieu quand il est à genoux au coté de la personne qui souffre… Je voudrais vous faire écouter la prière qui vient de son cœur ! je voudrais vous montrer le salut dont il rêve pour tous les blessés de la vie » (Olivier Le Gendre )