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Année A: Lundi du temps après l'Épiphanie
  Ac 4, 8-13 ; Luc 2, 16,21 : Fête des noms de Jésus et Marie
 
Il y a un rapport de similitude entre Jésus et Marie. L'un et l'autre sont la cité de Dieu (saint Augustin). La cité de Dieu, tant annoncée dans la Bible d'Israël pour citer Benoît XVI dans Verbum Domini, donne naissance à Marie.  Celle-ci nous montre dans sa personne les entrailles de la miséricorde du Père. Jésus est la cité de Dieu. Il nous est envoyé pour nous montrer les entrailles de la miséricorde du Père.  L'un et l'autre nous montre le salut de Dieu. L'un et l'autre nous font voir le Salut (Ps 85, 8) et engendrent la nouvelle Jérusalem, une humanité nouvelle, une humanité qui nous réintroduit au Paradis.
  
Similitude, l'un comme l'autre vivent de la plénitude de Dieu : Jésus, dans son être même, qui depuis le commencement sans commencement, est dans le Père et le Père en Lui. Marie qui dès ses origines, fut comblée de grâce. Similitude : l'un et l'autre sont nés de Dieu. Jésus comme Verbe est sans commencement mais comme Fils, il est né de l'Esprit-saint et de Marie. Marie, dès son commencement, par grâce, est née de l'Esprit de Dieu. Les deux sont, puis-je m'exprimer ainsi, des «conceptions» du Père, l'un dans l'éternité de son être et l'autre, par grâce, dès le commencement de son existence. 

Semblables l'un et l'autre mais non interchangeable parce que Jésus, le sans commencement, le non-créé, est dans son être même dans le Père et le Père en Lui. Semblables mais non identiques parce que Marie est depuis son commencement, née de Dieu, née pleine de grâce, par pure grâce Dieu.  

Saintetés, ce jour où vous célébrez vos saints noms, est un jour mémorial des noces de Dieu et de l'humanité, comme l'exprimait Augustin en parlant de Noël. Vous est nées de la contemplation de Jésus et de Marie dont Mère Marie-Rose s'est nourrie.  Jour nuptial : le Christ-Dieu s’unit véritablement à l’humanité sans rien perdre de sa divinité.  Marie se voit véritablement épousée par Dieu, introduite dans le monde de la Trinité, comme l'exprime une certaine théologie, n'emportant en rien avec elle le poids de l'imperfection humaine.

Cette fête unissant ensemble les noms de Jésus et de Marie, est pour nous ici, aujourd'hui, une véritable fête nuptiale.  Marie, et avec elle l'humanité, se voit épouser par son Fils et Jésus se voit uni à jamais à sa créature par sa mère. Admirable échange dont nous ne finirons jamais de nous ravir. Jésus et Marie n'ont existé que pour un Autre. Ils ont tout donné, même leur vie.

Saintetés, que nous servirait de contempler ce mariage divin que nous offre à voir Jésus né de Marie et Marie née de Dieu, si cela ne nous affectait en rien? Si cela n'engendrait pas en nous cette même union?  Dans un sermon sur Noël (#75), le grand mystique Maître Eckhart a cette réflexion pleine de sens: Dieu engendre son Fils dans une âme parfaite. Il dépose ainsi l'enfant à l'intérieur pour qu'elle l'engendre plus avant à l'extérieur [dans nos vies].Marie comme Jésus nous donne tout et en tout temps de voir ce qui nous est arrivé un jour du temps et ce qui nous arrive quand nous méditons ces événements dans nos cœurs (Lc 2, 19).

Vous avez mission - une mission qui s'impose à nous (1 Co 9, 16), une mission qui ne meurt pas malgré la diminution de vos membres, de faire naître dans les cœurs par l'éducation, un Dieu désirable (Fossion André, Proposition de la foi et initiation, Bruxelles 2010, Novalis), un Dieu «présentable», un Dieu fou de nous épouser.Comme l'exprime Benoît XVI dans son livre Lumière du monde, p.93, en vous consacrant à l'éducation, vous remettez en lumière la priorité de Dieu. Il ajoute, aujourd'hui l'important est que l'on voie à nouveau que Dieu existe.

Je termine par ces mots de saint Augustin. Ma mère que vous avez appelée heureuse, elle l'est non parce qu'en elle le Verbe s'est fait chair, mais pour avoir gardé la Parole de Dieu... C'est la manière dont nous gardons sa Parole qui fait que nous engendrons Dieu dans les cœurs.  AMEN.