2010-c- Lc 1, 39-50 -Assomption - penser en grand notre avenir
2010- ASSOMPTION DE MARIE
Luc 1, 39-5 : penser en grand notre avenir
ACCUEIL
Assez vénérable pour être saluée par un ange, assez humble pour être mariée à un homme, Marie est montée si haut dans le ciel qu’elle a pu restaurer de sa présence notre futur cité céleste (Bernard de Clairvaux.) Célébrons la Pâque de la mère de Dieu, élevée dans la gloire auprès de son fils où elle nous attend. Pour cette femme Marie, devenons Eglise de louange.
HOMÉLIE
Ce que nous avons entrevu depuis le début de nos célébrations estivales- notre entrée dans l’éternité de Dieu, cette vie au-delà de la mort – se réalise en la personne de Marie, icône de notre destinée. Marie ne fait que nous devancer sur le chemin de notre destinée commune. Aujourd’hui en célébrant l’Assomption de Marie- sa dormition disent les orthodoxes- nous voyons se réaliser le but qui attend tout vivant : l’assomption de l’humain, de tout l’humain, dans le divin. Parce qu’un jour du temps, Marie a consenti à ce que le divin passe dans l’humain, à ce que Dieu devienne humain, prenne chair en notre chair, aujourd’hui elle devient la première créature à entrer tout l’humain qu’elle est, «corps et âme», dans le divin. La foi de l’Église clame que Marie est désormais au-delà de la mort, avec son corps tout entier, dans une vie autre que nous nommons, faute de mots adéquats, le ciel. Voilà notre foi.
Une hymne orthodoxe chante Marie comme la terre du Ciel. Terre du Ciel parce qu’elle est devenue Mère de Dieu. Par elle, le «Ciel» est devenu une terre humanisée et qu’en elle le Très-Haut s’est incarné dans l’humain. Terre du Ciel aussi parce, elle, la «terre» est devenue une terre divinisée par l’Esprit de Dieu. Terrienne, tirée comme nous, de la terre (Gn 2, 7), Marie est - mystère de foi- une terre transfigurée, une «terre dans le Ciel», annonçant notre destinée commune. Comme l’exprime l’apôtre Paul, nous sommes des invités, des appelés, des choisis, des prédestinés par grâce, à introduire l’humain que nous sommes dans un espace divin. Nous sommes destinés à entrer dans la gloire de Dieu, à devenir selon ce qu’a compris Élisabeth de la Trinité, louange et gloire.
Vous et moi, nous aimons notre terre, mais nous y sommes à l’étroit. Vous et moi, nous nous préoccupons de nos corps, de notre santé, mais savons que nous sommes plus que notre simple physique. Vous et moi, nous jouissons de l’amitié, mais nous en saisissons vite les limites. Vous et moi, nous vivons dans les limites du temps, mais nous percevons que ce temps est court, qu’il nous sera enlevé. En célébrant l’Assomption de Marie, notre foi nous offre la possibilité de défoncer nos horizons terrestres, nos horizons de finitudes pour les dilater dans celui sans fin de Dieu. Nous sommes invités en ce jour de fête, de joie imprenable à voir grand, à «penser en grand» notre avenir, cet avenir que nous appelons faute de mots, notre assomption en Dieu.
Marie eut une grande joie quand l’Ange la salua. Elle eut une grande joie lorsque l’Esprit saint l’a couvrit de son ombre. Elle eut une grande joie quand il reçut dans ses bras son Fils et son Dieu. Avec une grande joie, elle écoutait, contemplait, ruminait gardait dans son cœur les paroles de son Fils. Au matin de Pâques, sa joie fut grande de revoir son Fils ressuscité. Mais la plus grande joie qui l’emporte sur toutes les autres, c’est celle de connaître sa Pâques qu’est son Assomption, que nous célébrons ce matin (Aelred de Rievaulx).
Saintetés, saints hommes, saintes femmes, cette joie de Marie est la nôtre quand nous entendons ces mots du Cantique des Cantiques qui s’adressent aussi à chacun de nous : Viens, ma choisie, et je placerai en toi mon trône. La créature humaine que nous sommes se voit habiter par le trône de Dieu. Devant cette destinée inouïe, inimaginable qui nous est réservée, nous n’avons qu’à chanter à notre tour, notre Magnificat : le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom. D’âge en âge, de générations en générations, son amour pour les humains nous élève jusqu’à la gloire.
Dans un monde, le nôtre, où le corps humain est idolâtré, adulé, adoré, cette fête de l’Assomption et notre foi font retentir que la chair est sauvée, est déjà sauvée. Elles laissent entrevoir que nos corps humains sont déjà rendus dignes d’être éternellement auprès de Dieu, d’être appelés à la gloire. Élevons nos regards et saluons en Marie l’avenir qui s’ouvre à nous. AMEN.