Année A: mardi du temps de Noël (litan01m.17)
Jn 1, 29-34 ; I Jn 2, 29 -3,6 : on n’en finit pas de reconnaître Jésus
Le «lieu» de la naissance de Jean est le sein de sa mère. Là, il s’est réjoui de l’arrivée de Jésus. Le «lieu» de l’engendrement de Jésus est dans les entrailles de Dieu. Au commencement, le Verbe était Dieu. C’est ce secret que Jean nous fait découvrir quand il déclare ceci: je ne suis pas le Messie. Je ne suis pas né de Dieu. Je ne suis pas celui par qui tout a été fait (Jn 1,3). Je ne suis pas la vraie lumière.
Cette déclaration de Jean nous place en face du plus grand scandale de tous les temps, inexplicable, par la raison humaine, celui d’un Dieu qui a planté sa tente au cœur de l’humanité, au milieu de nos chemins les plus douloureux. Arrêtons-nous, ce jour, en silence, devant cet abîme de générosité et de miséricorde. Prenons conscience que Jésus est né de Dieu. Et puis entrons dans le mystère que Jean nous propose de vivre, celui de se laisser baptiser par l'Esprit saint.
Comme l’exprimait hier la première lecture, dans une nouvelle version du lectionnaire, à plusieurs égards, plus parlante que l’ancienne, que demeure en vous ce que vous entendez (1 Jn 2, 24). Dans sa déclaration, Jean nous fait entendre que Jésus n’est pas venu faire œuvre de simple maquillage. À celui qui le reconnaît, Jésus propulse sa vie dans une transformation en profondeur en venant demeurer en lui. À ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12). Voici l'agneau de Dieu qui apporte toute une nouvelle : nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu'il est (1 Jn 3, 2).
Avec Jean, nous sommes très loin de l’imagerie de Noël. Avec des mots humains, de notre quotidien, Jean nous dit cette chose impensable : Dieu s’est fait notre compatriote pour que nous devenions compatriotes du ciel. En peu de mots, il résume toute l’histoire humaine. Que serions-nous sans cette naissance ? Contrairement aux barrières que les grands de ce monde, nos dirigeants, érigent entre eux et nous, Jésus n’a aucune protection. Il est sorti de son Éden pour nous proposer de faire de nos intérieurs, de nos cœurs, son Éden.
Comment ? En frappant à notre porte. Si nous lui ouvrons nos portes, si nous lui laissons l’accès, Dieu, par tous nos pores, toutes nos failles, va s’engouffrer en nous. Il va venir poser son baume consolateur là où sont mar-quées au fer rouge toutes nos blessures. Il s’infiltre là où ça fait mal, là où ça saigne, au plus douloureux. Il se penche sur toutes nos faiblesses, nos bassesses, pour nous relever et nous caresser de son amour. Il va trans-former notre cœur de pierre en cœur de chair. Nous devenons alors de vrais enfants de Dieu.
Nous ne devenons pas automatiquement par naissance enfants de Dieu. C’est en l'accueillant, le reconnaissant, en faisant l’expérience de Dieu qu’on le devient. C’est en disant à Dieu d’entrer en nous qu’on le devient. Nous lui avons dit cela ou nos parents ont dit cela pour nous lors de notre baptême, mais on n’en finit pas d’être baptisé. De renoncer aux beautés éphémères de ce monde que l'évangile appelle les œuvres de Satan. On n’en finit jamais d’entrer en Dieu ou de laisser Dieu nous transformer en fils.
Jésus nous offre, par grâce, de le reconnaître comme il l’a permis à Jean-Baptiste de le reconnaître caché sous ce visage humain. Quelqu’un a écrit: même si nous savons que Jésus est présent en toutes choses [si nous n’en faisons pas l’expérience] c’est comme si nous ne le savions pas (Jean-Baptiste Saint Jure, XXVIIe, cité dans Avent pour les Cancres, 2016, p.23)
En lui ouvrant nos portes, Jésus nous transforme. Le pape François l’exprime dans une belle image: ce n’est pas une histoire de faire beau, ce n’est pas un problème de maquillage : il a changé tout, de l’intérieur ! Il a changé avec une recréation : Dieu avait créé le monde ; l’homme est tombé dans le péché ; Jésus vient pour recréer le monde.
Répétons avec le psalmiste : je tends les mains vers toi, me voici devant toi comme une terre assoiffée (Ps 142, 6). AMEN.
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