2022-A-Lc 7, 18b-23- mercredi de la 3e semaine de l'AVENT- celui qui doit venir est...
Année A – mercredi de la 3e semaine AVENT (Litaa03me.22) 14 dec
Lc 7, 18b-23 : es-tu celui qui doit venir
C’est le vieillard et bonasse Jean XX111 qui disait qu’on a revêtu Jésus de tant de vêtements plus beaux les uns que les autres, qu’on ne voit plus Jésus. Il faut enlever tous ces vêtements, un à un, pour retrouver Jésus. Jean-Baptiste ne reconnaissait plus celui qu’il avait baptisé tant ce qu’on disait de lui sonnait faux à ses oreilles. Son messie attendu n’était pas le messie qu’il voyait. Il ne reconnait plus Jésus. Sa question- es-tu celui qui doit venir- était la question de tout le monde à l’époque.
Elle est très actuelle. Aujourd’hui, nous discutons plus de doctrine, de dogmes qui ne sont plus crédibles ; nous ne croyons plus en un Dieu théiste, tout-puissant qui nous déresponsabilise. On parle peu de Jésus, le Galiléen, l’humain qu’il fut. Notre foi postpascale parle plus du Christ que de Jésus. Songeons à nos réponses au pour vous qui suis-je ? Il ne s’agit pas d’opposer l’un à l’autre.
Jean-Baptiste posait sa question à Jésus, fils de Joseph. À Jésus le Nazaréen. Il attendait un autre Jésus, un autre messie, un autre genre de sauveur que celui dont la rumeur lui parvenait dans sa prison. Nous parlons peu ou pas de la manière de vivre de Jésus parce qu’une grande partie du réel de Jésus nous échappe[1]. Si consensus il y a dans les quatre évangiles, c’est leur accord pour reconnaître que Jésus subissait la haine du judaïsme officiel.
Ce que Jean-Baptiste entendait dire de Jésus, ne correspondait pas à l’idée qu’il se faisait de celui qu’il avait baptisé. Il entendait dire qu’il mangeait avec les collecteurs d’impôts (cf. Mc 2, 15-16), fréquentait tout le monde en refusant de les qualifier de malfaisants, de jouisseurs, de libertins. On lui rapportait que Jésus discute avec les prostituées, avec un inspecteur des impôts, avec un centurion romain, un impérialiste.
On mentionne à Jean que Jésus discute avec les pharisiens, avec les scribes, qu’il ne se contente pas de prêcher, qu’il n’écrase pas ses auditeurs de bonnes réponses, qu’il refuse d’enfermer son message à l’intérieur de structures religieuses. Il refuse, pour citer le pape François, la paralysie de la normalité. Pour incarner sans agressivité le changement nécessaire qu’il souhait, Jésus ouvre un dialogue, un laboratoire de fraternité, avec tout le monde. Si nous voulons partager une Bonne nouvelle, il faut ouvrir un dialogue, répète souvent le pape. Qu’avons-nous fait de cet esprit du christianisme, s’interroge Joseph Moingt ?
Pour Jean-Baptiste, le plus grand des croyants, ce message de Jésus de se faire proche des gens en besoin d’aide plutôt que de se tenir avec les experts de la loi, était tellement nouveau qu’il s’est mis à douter. C’est cette renommée-là qui se répandait dans toute la Galilée (cf. Mc 1, 38).
Bref, Jésus présentait un autre messie, une nouvelle « théologie » du Dieu attendu. Il a « désemprisonné » l’image de Dieu. Allez dire à Jean ce que vous voyez. Jésus guérissait, soulageait les gens de leurs fardeaux.
Aujourd’hui, il faut sortir de notre dogmatisme dans lequel nous l’avons enfermé. Il nous faut faire resurgir ce que Jésus a fait surgir[2]. On ne peut pas croire que Jésus est Dieu, et ensuite en limiter la pertinence de facto à un petit secteur. Jésus est le sauveur du monde (cf. Jn 4, 42), envoyé pour que le monde soit sauvé par lui (cf. Jn 3, 17).
Ce n’est pas la multiplicité de ce que nous faisons qui annonce Jésus, c’est la qualité de notre être. Cette qualité d’être se voit dans le travail de milliers de personnes qui vont à la rencontre des foules sans-papiers, des migrants, des victimes de guerre, des affamés. Elles guérissent, soulagent, ouvrent un avenir d’espoir aux risques souvent de leur vie. AMEN.