Compte-rendu de l’allocution prononcée par Mgr Noël Simard, Évêque de Valleyfield, à son retour du Synode le 27 octobre 2015
Le Synode dont le thème était « La vocation et la mission de la famille dans l’Église et dans le monde contemporain» et qui s’est tenu du 4 au 25 octobre 2015, regroupait 270 pères synodaux (évêques et cardinaux) dont 70 cardinaux; y participaient aussi plusieurs experts laïques et dix-sept couples provenant de différents pays. Il y avait deux types de discussions : en Congrégation générale, c’est-à-dire la grande assemblée de tous les participants, et en petits groupes de travail, appelés Carrefours et répartis selon la langue (français, anglais, italien, espagnol et allemand). Ces groupes étaient au nombre de treize.
Rappelons que la Conférence épiscopale du Canada avait délégué quatre de ses membres au Synode : du Secteur français, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, et Mgr Noël Simard, évêque de Valleyfield, et du Secteur anglais, le cardinal Thomas Collins, archevêque de Toronto, et Mgr Richard Smith, archevêque d'Edmonton. Le cardinal Gérald-Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, a été personnellement invité par le pape François à participer au Synode. La théologienne Moira McQueen, directrice de l’Institut catholique canadien de bioéthique, faisait aussi partie de la délégation canadienne à titre d’experte. Le père Michael Brehl, supérieur général des Rédemptoristes, un canadien, avait été élu par l’Union des supérieurs généraux.
Mgr Noël Simard a pris la parole trois fois devant l’assemblée générale durant le Synode ; il a particulièrement insisté sur l’importance de la conscience morale, et sur le rôle des personnes âgées dans la transmission de la foi et des valeurs familiales.
Mgr Simard rapporte que deux pôles ont semblé se démarquer pendant les discussions entre les pères synodaux, l’un portant sur le maintien strict de la doctrine et la présentation de la vérité, et l’autre sur l’importance de la miséricorde ; les pères se sont mis d’accord sur le fait que ces pôles doivent s’apprécier l’un avec l’autre, et non l’un sans l’autre. Tout en rappelant « l’importance de l’institution de la famille et du mariage entre un homme et une femme, fondée sur l’unité et l’indissolubilité, et à l’apprécier comme base fondamentale de la société et de la vie humaine » (Pape François, Discours du 24 octobre 2015), il faut se mettre à l’écoute des voix des familles et porter avec elles leurs peines et leurs joies, leurs souffrances et leurs richesses. Il s’agit de lire la réalité ou plutôt les réalités avec les yeux de Dieu, et transmettre aux familles, spécialement les familles blessées, la nouveauté de l’amour gratuit et miséricordieux de Dieu.
Comme l’a rappelé le pape François, « l’Évangile est une bonne Nouvelle, non un catalogue de principes et de normes », et que « les vrais défenseurs de la doctrine ne sont pas ceux qui défendent la lettre mais l’esprit ; non les idées mais l’homme ; non les formules mais la gratuité de l’amour de Dieu et de son pardon » (Discours du 24 octobre 2015).
Bien entendu, d’intenses discussions ont eu lieu autour de la principale pierre d’achoppement (les médias s’en sont fait l’écho) : l’accès aux sacrements pour les personnes divorcées remariées. Mgr Simard a fait valoir qu’une approche pastorale digne de ce nom se doit d’accompagner ces personnes sur un chemin de discernement faisant appel à leur conscience, conscience qui bien sûr doit être bien formée. Cette question qui se retrouve dans les points 85 et 86 de la Relation finale du Synode a d’ailleurs été approuvée de justesse par les pères synodaux.
D’ailleurs, tous les 94 points de la Relation ont été approuvés par deux tiers des voix, ce qui démontre que ce Synode s’est bel et bien tenu sous le signe de la collégialité et de la synodalité, en respect avec la diversité des cultures. Ce sera un Synode marquant, dit Mgr Simard, car il manifeste la volonté de l’Église d’être une Église synodale, à l’écoute du peuple de Dieu, une Église soucieuse d’annoncer la joie de l’Évangile à toute l’humanité et de marcher spécialement à la rencontre et avec les personnes blessées de la vie. En ce sens, l’Esprit a soufflé dans et par le Synode un vent de fraîcheur pastorale.