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Temps de fraternité

Date: 
Vendredi, 23 mai, 2014 - 10:45

Les 19 et 20 mai dernier, 17 prêtres et un diacre se sont rassemblés avec Mgr Simard pour vivre ensemble un temps de fraternité et de ressourcement à la Villa Saint-Martin à Pierrefonds. Autour du thème de la prière, les participants ont eu l’occasion de partager sur leur manière de prier, de rencontrer et célébrer Dieu au cœur de leur ministère. Ce fut aussi un temps pour reconnaître les bourgeons d’espérance au cœur des crises actuelles de la société et de l’Église. « C’est à l’amour que vous aurez les uns les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples ».

 

De g. à dr.: Père Marceliano Serrato Herrera, m.x.y., M. Gabriel Mombo Pfutila, diacre, chanoine Roger Laniel, Père Boniface N'Kulu Luptishi, o.s.b., Père Joachim Rakotoarimanana, o.c.d., abbé Yves Guilbeault, abbé Gérald Chaput, Mgr Noël Simard, abbé Denis Cardinal, abbé Nicola Di Narzo, abbé Clément Laffitte, chanoine Yves Beaudin, abbé Anthony Chinedu Osuji, Père Andrianivo Rafidimalalaniaina, o.c.d., abbé Roland Demers, Père Gustavo Quiceno Jaramillo, m.x.y., abbé Gilles Bergeron, abbé Richard Wallot (absent sur la photo: abbé André Lafleur, v.g.).

 

Lors de ces  journées presbytérales, les prêtres présents ont pris le temps de partager non seulement sur l'importance de la prière dans leur vie, mais comment chacun s'adonnait à rencontrer le Christ dans des cœur-à-cœur nourrissants, des moments personnels de présence à la Présence. Avec la permission de l'auteur, nous vous transmettons le très beau témoignage du Chanoine Roger Laniel.

 

 Mon expérience de prière

 

Pour parler d’expérience de prière, pourquoi ne pas demander à une  soeur Clarisse,  à un Carme Déchaussé ou un Bénédictin ?

Si l’abbé André Lafleur   me l’a demandé, moi simple séculier, retraité, à peine dépanneur occasionnel, c’est sans doute simplement pour permettre de réfléchir entre confrères sur les difficultés de bien prier.

Eh  oui ! On peut s’entraider mutuellement sans qu’il soit nécessaire pour autant que l’un soit plus avancé que l’autre spirituellement. A preuve, un confrère me dit un jour, bien simplement, une phrase qui m’a aidé depuis : «  moi, avant de commencer à réciter mon bréviaire, je me recueille un instant ».

 

Donc, je plonge.

 

« Seigneur, c’est toi qui me demandes ce matin de partager avec mes confrères ma façon de prier. Ce sera une occasion pour moi et pour les confrères d’écouter ce que, toi, tu veux dire à chacun de nous. Je suis sûr que c’est avec joie que tu nous enseigneras comment prier, car c’est toi  seul qui peux le faire. Amen.»

 

Comment je prie ?

 

Quand je pense «  prière », je pense «  dialogue » avec Dieu.

 

La méditation m’apparaît le moment où il m’est le plus facile d’établir ce contact. C’est là que je trouve la source de ma capacité de prier ; c’est là que j’apprends à prier. C’est pourquoi je crois que consacrer un temps raisonnable à la méditation est primordial pour m’aider à découvrir comment prier, comment amorcer ce dialogue avec Dieu.

Je m’impose donc, chaque jour, de préférence le matin, au moins une demi-heure de méditation. Un temps où tout le reste est impérativement mis de côté. Un temps que je «  donne à Dieu », ou mieux, un temps que «  redonne » à Dieu puisque, le temps, c’est lui qui en est le maître et nous le donne. Un temps où j’ai le moins de chance d’être dérangé. J’attache donc de l’importance à la méditation parce que le reste de la journée en dépend. Je vois ça comme une grâce  de pouvoir me libérer de tout autre chose pour me «  payer » cette rencontre privilégiée avec le Seigneur. Je me dis que c’est ce que je peux faire de mieux, de plus grand, de plus «  productif » car ces moments me rapprochent de Dieu. Je me redis que Dieu est là avec moi, en moi, non seulement présent mais agissant, actif, car il met sa joie à nous rendre semblables à lui. Plus que moi, c’est lui qui veut me rejoindre.  A moi « d’entrer en présence de Dieu », ou mieux, de prendre conscience de cette présence constante de Dieu en nous.

 

J’essaie de faire surgir en moi la joie de cette rencontre. Parfois sans paroles. Les amoureux  n’ont pas besoin de mots pour se sentir bien ensemble. Parfois aussi sans réponse. Alors je me dis qu’il est toujours là, qu’il m’aime sûrement. Il répond à sa façon, de manière discrète, imperceptible. Mais il répond sûrement.

J’essaie quand même  de faire en sorte que, de ma part aussi, ma présence soit active. Par exemple, je cherche à voir ce qu’il  attend de moi, dans le très concret, aujourd’hui, dans telle rencontre que j’aurai à vivre, au cours de l’eucharistie qui va suivre. En un mot, je m’applique à « prendre les ordres du Patron pour la journée ».  De même, je remercie Dieu, pour l’amour qu’il me porte surtout, je lui déclare mon amour, je lui demande de mieux aimer.

 

En  résumé, j’essaie, de ma part, de développer un désir sincère de rencontrer Dieu et de  créer les conditions favorables au recueillement.

 

J’ai fini par comprendre que la meilleure école pour apprendre à méditer, « c’est de s’y adonner régulièrement. Le meilleur livre pour y arriver,  c’est la pratique (comme dans les sports). 

 

L’Eucharistie est aussi un moment fort de ma prière. D’abord j’essaie de prendre conscience  de la grandeur des gestes que je vais poser, de la grandeur de l’Eucharistie. J’essaie aussi de prendre conscience que c’est une lourde responsabilité, un privilège : oui, je rends présente, actuelle, l’offrande du Christ.

Je me dis aussi que les participants ont besoin d’une Eucharistie « priante ». C’est avec la Communauté chrétienne et en son nom que je célèbrerai. En union avec l’Eglise tout entière.

Dès la prière d’ouverture, j’essaie, pas seulement de lire la prière pour la C.C., mais de m’adresser vraiment à Dieu, et, plus que bien réciter le texte, parler à Dieu. J’avoue que ce n’est pas toujours facile de se concentrer car les causes de distractions ne manquent pas.

 

D’ailleurs, nous, les « avant-concile », nous partons de loin sur la façon de prier. Il nous a fallu découvrir que,  prier ce n’est pas seulement  « réciter » des formules, mais « parler » à Dieu. Prier, c’est une question de « cœur ». Donc je cherche à me concentrer sur cette dimension : « C’est à toi, Père, que je parle, convaincu que tu m’écoutes avec joie ».

 

Permettez-moi en terminant de vous confier que plus j’avance en âge plus je me réjouis à la pensée que la prière du bréviaire et de l’Eucharistie me permet  d’exercer ma mission comme prêtre jusqu’au dernier jour de ma vie. Si je meurs demain, ce sera soixante-trois ans  de pratique sacerdotale, de sacerdoce, que j’aurai accomplis  et pas seulement x années de ministère paroissial.

 

Mais je n’aurai pas encore fini d’apprendre à prier. « Seigneur, à travers mes confrères, continue à m’apprendre ».

 

20 mai 2014 

Roger Laniel, ptre