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Construisons des ponts et non des murs !

Date: 
Mardi, 31 janvier, 2017 - 09:15

Quand nous regardons l’histoire de l’Église, nous constatons malheureusement des conflits et des divisions qui perdurent depuis des siècles. La séparation qui existe encore entre orthodoxes et catholiques, entre catholiques et protestants, entre les différentes Églises chrétiennes, demeure un scandale et fait obstacle à la communion et à l’unité. Nous avons érigé et nous érigeons encore des murs qui nous divisent et qui sont un écran à l’annonce de la Bonne Nouvelle. 

 

Quand on étudie l’histoire de l’humanité, il nous faut prendre acte d’une histoire faite de belles réalisations et de transformations mais aussi de guerres, de violence et de crimes contre l’humanité. Nous avons érigé beaucoup de murs et pas assez de ponts. L’histoire se répète : nous assistons présentement à une recrudescence de l’intolérance, du protectionnisme politique et économique ainsi que de l’isolationnisme. L’égoïsme individuel et national refait surface et donne naissance à l’érection de nouveaux murs. Le pape François a fortement dénoncé cette nouvelle tendance et en appelle à la solidarité : ce qu’il faut, c’est de construire des ponts et non des murs.

 

Prendre la voie de la solidarité, c’est créer des ponts. Jésus n’a- t-Il pas passé sa vie terrestre à établir des ponts et à faire tomber les barrières du racisme, du sexisme, des préjugés, des haines et de l’indifférence. N’a- t-Il pas toujours tendu la main et proclamer que l’amour vaut mieux que la haine, que le pardon vaut mieux que la vengeance. Il fut lui-même un pont entre Dieu et l’humanité, montrant la voie de la réconciliation, de la paix et de l’unité. Pour construire la solidarité, il faut s’attaquer aux causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité et de l’injustice. Il faut aussi se solidariser avec les pauvres et les petits, adopter des comportements et des styles de vie simples et basés sur l’ouverture, le partage et l’entraide, et enfin se ressourcer dans ce qui nourrit la solidarité, à savoir la prière, les sacrements, la vie de la communauté et l’engagement social. Dans un monde trop centré sur la logique du profit, il est impérieux de bâtir notre société et notre monde sur une autre logique, celle de la gratuité. En un sens, il faut édifier des ponts sans péage.

 

Nos paroisses nous fournissent des lieux et des occasions inespérées pour construire des ponts, pour établir des relations humaines de communion et de paix. Profitons de nos projets et de nos engagements pour sortir de nous et aller vers l’autre, spécialement celui qui est seul, oublié, rejeté à cause de sa différence, ou fuyant son pays à cause de la guerre. Cette attitude de solidarité et de partage doit aussi se vivre dans nos familles qui sont trop souvent le théâtre de conflits et de querelles qui finissent par éteindre l’amour tant conjugal que fraternel et familial. Finalement, les relations que nous voulons établir entre nous ne seront authentiques que si nous savons créer des ponts avec nos frères et sœurs du monde entier. Les situations d’indigence et de persécution que vivent tant de personnes en Irak, en Syrie, en Somalie, au Nigeria et dans beaucoup d’autres pays de la terre sont un appel pressant à des gestes de partage, de soutien et de gratuité. Cela peut se concrétiser par notre soutien et notre contribution à des organismes précieux tels que Développement et Paix, l’Aide aux réfugiés, l’Aide à l’Église en détresse, etc. «Quand nous arrivons à reconnaître que la dignité des gens que nous ne connaissons pas est aussi importante que celle que nous rencontrons, seulement alors nous reconnaissons le visage du Christ dans les autres, seulement alors nous entendons l’appel à la solidarité » (Conseil Église et Société de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Des solidarités à reconstruire et à reconstruire, p.13)

 

+ Noël Simard
Évêque de Valleyfield