C’est le mois de mai… C’est le mois de Marie, le mois le plus beau…
Dans l’Église, la dévotion à la Vierge Marie prend une place spéciale durant le mois de mai, et cela par la récitation du chapelet et/ou par les pèlerinages à des sanctuaires mariaux. La récitation du chapelet doit être accompagnée, si possible, de la méditation des mystères (joyeux, douloureux, glorieux ou lumineux) et par la mise en pratique de ce qu’ils proposent. L’un des mystères qui m’interpelle sans cesse est celui de la Visitation : Marie qui est enceinte va rendre visite à sa cousine Élisabeth pour lui venir en aide durant sa grossesse et possiblement dans la mise au monde de son fils Jean (Jean-Baptiste). Que de leçons pouvons-nous tirer de cette belle scène de la Visitation qui nous est racontée dans l’évangile de Luc (1,39-56). L’une de ces leçons, c’est que pour rencontrer l’autre, il faut se mettre en route, prendre l’initiative d’aller à sa rencontre et de se mettre à son service. Dans son homélie du jeudi 30 avril 2015, le pape François nous rappelle qu’être chrétien, » c’est humblement servir les autres; la vie chrétienne est service et non pas un maquillage (un make up) pour une jolie âme ». Face à tout ce qui passe dans le monde ou chez nous (conflits, guerres, tremblements de terre, chômage, écart grandissant entre riches et pauvres, entre les « ayant » et les « non-ayant », nous ne pouvons regarder uniquement de nos balcons ou de ce qui nous est présenté par les médias, il faut sortir et aller sur place, là oû nos frères et sœurs ploient sous le fardeau du jour et de l’épreuve.
Mais parfois et assez souvent nous faisons la sourde oreille et nous nous fermons les yeux sur la misère de l’autre. Ou encore nous nous entourons d’une clôture protectrice. Il y a quelques jours, un oiseau s’est frappé contre une fenêtre de mon bureau. Il n’a pas vu la vitre. Et cela m’a fait réfléchir à la situation des réfugiés, spécialement ceux de la mer Méditerranée. Ils veulent avoir accès à de meilleures conditions de vie mais se frappent à cette « vitre » ou barrière protectrice que nos pays – et nous-mêmes – érigeons pour protéger nos privilèges. Ces clôtures et ces barrières les obligent à rester dehors comme toutes ces personnes qui ne font que regarder les vitrines des magasins sans y entrer car ils ne peuvent acheter la marchandise. Je sais que la question des immigrants et des réfugiés est très complexe, que celle des chômeurs et des travailleurs saisonniers l’est tout autant. Mais devant l’urgence, ne faut-il pas briser la vitre de notre égoïsme, sortir de nous-mêmes et ouvrir nos cœurs pour que nos frères et sœurs en humanité puissent vivre en toute dignité dans cette maison-terre qui est la nôtre à tous et toutes! Le pape François disait encore dans son homélie de jeudi le 30 avril : « penser à soi et être centré sur soi est un péché, une habitude qu’il faut « casser ».
Nous ne pouvons pas tous partir comme cette infirmière de Montréal qui a laissé son travail pour aller soigner les blessés et soutenir les efforts des survivants d’un village du Népal - son courage et sa charité sont exemplaires; mais nous pouvons quitter quelque peu nos privilèges et prendre de notre superflu pour contribuer aux campagnes humanitaires qui se mettent en place pour venir en aide tant aux victimes du tremblement de terre au Népal qu’aux victimes des glissements de terre suite à l’éruption d’un volcan au Chili, pour aider ces millions de réfugiés dans le monde. Nous pouvons laisser le confort de nos maisons pour aller visiter les malades, les sans-abris et les personnes qui sont trop souvent mises en marge de notre société. Si nous récitons le chapelet avec la mise en pratique des mystères qui l’accompagnent, alors le mois de Marie sera le plus beau.
+ Noël Simard, Évêque de Valleyfield