Au fur et à mesure que les réfugiés syriens commencent à s'installer dans la nouvelle réalité de leur vie au Canada, les récits de leur périple vers ce nouveau pays évoquent tous des thèmes semblables. Assiégés, acculés à un avenir incertain au milieu de la guerre, ils ont été nombreux à se sentir obligés de fuir leur pays, leur foyer, leur travail, leurs études et tout ce qui leur était familier pour trouver une vie nouvelle.
Nous avons été bouleversés de voir des milliers de familles marcher des milles et des milles jusqu'aux frontières de pays étrangers pour échapper à la destruction de la guerre. Nous avons entendu parler de leurs conditions de vie dans des camps bondés tandis qu'elles attendaient de savoir si elles seraient acceptées dans d'autres pays. Nous avons été horrifiés par la souffrance de jeunes enfants séparés d'un de leurs parents, voire des deux, à cause de la brutalité ou de la mort.
« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts? Il n'est pas ici, il est ressuscité. » C'est la question que se font poser les femmes venues au tombeau le matin de la première Pâque, et c'est une question qu'il faut aussi nous poser. Elle est déroutante tant la réponse semble évidente. Tout comme l'histoire de la mort de Jésus ne se termine pas au tombeau quand les femmes le trouvent vide, l'histoire des réfugiés syriens ne se termine pas non plus aux frontières et dans les camps. En fait, leur histoire prend un nouveau départ avec l'espérance de la Résurrection.
Les Apôtres étaient sceptiques devant ce que les femmes avaient découvert au tombeau. Nous aussi, nous nous posons sans doute des questions sur la situation des réfugiés dans leur nouveau pays. Sans aucun doute, ils vivent un deuil, étant privés de la liberté de vivre dans leur propre pays et, pourtant, des signes nous montrent qu'ils sont capables de rebondir et de tirer le meilleur de leur nouvelle réalité.
À Pâques, plusieurs familles réfugiées célèbrent la vie nouvelle dans leur nouveau foyer. Elles sont entourées et accompagnées par la générosité, l'amour et la miséricorde de nombreuses communautés qui ont mis en commun leurs ressources pour fournir de la nourriture, un toit, des vêtements chauds à ces hommes, femmes et enfants qui ont finalement trouvé un endroit sûr où vivre parmi nous. Les signes de cette vie nouvelle sont incontestables quand nous voyons les enfants jouer dans les parcs et se faire accueillir par des amis à leur nouvelle école. Nous les voyons aussi dans la vie des adultes qui essaient d'apprendre une autre langue et de trouver un bon emploi. Ils sont également évidents dans les soupers communautaires et les autres événements organisés pour accueillir et soutenir les familles réfugiées.
Pâques nous appelle à chercher la vie parmi les vivants d'un cœur joyeux et reconnaissant. Pâques nous appelle à dépasser le tombeau et à partager la bonne nouvelle de la Résurrection. Pâques nous appelle à marcher courageusement à la suite de Jésus, le ressuscité, et à proclamer avec audace que des ténèbres et de la souffrance surgit une vie nouvelle.
En donnant à manger à ceux qui ont faim, en habillant ceux qui sont nus, en accueillant l'étranger, et de toutes les autres façons dont nous pouvons protéger la dignité humaine et respecter la vie sacrée de l'autre, de la conception à la mort naturelle, nous proclamons la mort et la résurrection de Jésus et nous participons à son action rédemptrice. Nous affirmons hautement notre profonde confiance en la promesse de vie nouvelle que le Père nous a faite. Nous nous unissons à la proclamation de la Bonne Nouvelle de la Résurrection : « Il n'est pas ici, il est ressuscité. »
Joyeuses Pâques à vous, à votre famille et à tous ceux et celles qui vous sont chers!
Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Pâques 2016