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La vie... Un chemin...

Date: 
Mardi, 20 décembre, 2016 - 10:00

Chemin de Compostelle, Chemin qui appelle…..

 

Voyage culturel? … d’exploration pédestre?... Pèlerinage?.... Retraite?... Oui tout ça et plus encore, qui m’a amené plus loin, plus haut, plus bas, plus forte… ailleurs que je pensais.

 

Je m’étais dit : je ne sais pas trop à quoi m’attendre, j’ai beau me préparer mais comment puis-je imaginer ce que c’est que de vivre 5 semaines à marcher chaque jour dans la nature en moyenne 5 heures par jours ,25 km par jour. Je savais que même si je me préparerais du mieux que je pouvais, je ne saurais vraiment ce qu’est cette aventure que lorsque j’aurai les deux pieds dedans. J’étais prête à accueillir ce qui viendrait. 

 

Je m’étais dit : un beau temps de retraite en nature pendant 5 semaines. Quand je serai fatiguée, je me reposerai et je repartirai. Si j’ai des difficultés de santé, il y a des taxis, des autobus et si mon bagage est trop lourd à porter à la longue, il y a des moyens disponibles pour faire transporter nos sacs à dos.

 

Pour commencer, la retraite de marche paisible et méditative que j’avais un peu imaginée dans ma tête et bien, j’ai dû constater que ce n’est pas de cette façon que je ferais ce voyage. Même si nous avions beaucoup de temps : 5 semaines, je faisais quand même le voyage avec Denis, mon époux ! J’ai compris que c’était beaucoup de kilomètres à faire et moi aussi, je voulais arriver au but; à la destination Saint-Jacques de Compostelle, ensuite on ajoutait 4 autres jours pour se rendre à Finisterra (là où la terre finit).

 

Mes peurs et mes faiblesses, j’y ai fait face plusieurs fois. Avant de partir ça m’arrangeait bien que Denis organise le voyage, mais il fallait par contre que je suive l’itinéraire et personne ne pouvait décider pour moi les pas que je ferais. Je pouvais décider d’avancer d’arrêter ou de continuer. Avec les encouragements de Denis, je persévérais quand j’aurais voulu abandonner. Je ne pensais pas avoir la force de continuer bien des fois et puis je décidais de juste faire un pas de plus pour voir. À ma grande surprise, mes forces revenaient et une grande joie m’envahissait. J’étais heureuse d’avoir persévéré. Quels beaux paysages, quelles belles rencontres et beaux partages enrichissants avec d’autres avons-nous eus! Marcher un pas à la fois dans la confiance en remettant tout au Seigneur, sachant qu’Il me soutenait et connaissait mes faiblesses. La prière était mon soutien, j’étais reconnaissante de pouvoir offrir ces efforts pour toutes les bontés de Dieu dans notre vie et aussi pouvoir offrir ces pas pour plein d’intentions

 

Nous couchions dans des endroits nouveaux chaque soir et la majorité du temps partageant la chambre, les repas, les douches, les toilettes, avec plusieurs personnes inconnues… Après une grande journée d’efforts, nous étions toujours heureux de trouver un bon repas chaud et un petit coin pour dormir. Seulement un sac à dos avec l’essentiel m’a paru bien assez. Je ne me rappelle pas avoir manqué de quelque chose. 

 

Comme dans la vie, les événements nous entraînent parfois, pour un certain temps qui semble ne plus finir, à aller au-delà de nos capacités. Je constate chaque fois que si je me fie au Seigneur et que je reste centrée sur Ma Source, chaque fois j’en ressors gagnante.

 

Les gens nous posent souvent la question : et puis qu’est-ce que tu as vécu spirituellement? J’aurais voulu aussi pour moi-même savoir et avoir une réponse claire en revenant. Et bien ce n’est pas clair du tout. En essayant d’écrire sur mon expérience, je prends conscience que le temps me sera nécessaire pour comprendre bien des choses que j’ai vécues dans ce merveilleux voyage. Les gens qui nous côtoient constateront peut-être des changements en nous voyant vivre.

 

Les routes de nos vies sont teintées de différents paysages pour chacun. Nous sommes tous appelés à avancer, à aller un peu plus haut, un peu plus loin à chaque jour. La vie est un pèlerinage, c’est toujours plus tard, quand le temps a fait son œuvre que nous voyons les effets. Louer le Seigneur, prier pour nos frères et nos sœurs, offrir nos souffrances, accepter d’aller de l’avant, un pas à la fois dans ce que la vie nous offre chaque jour, voilà ce à quoi l’Amour m’appelle.

 

Denis et moi avons ajusté nos pas pour avancer ensemble. Nous avions décidé de vivre cette expérience en couple. Cette étape de vie, où Denis prenait sa retraite, était notre raison première de vivre ce voyage. Ce chemin que nous parcourions ensemble devenait un signe tangible qui symbolisait notre vie que nous parcourons ensemble. Denis devait ajuster son pas au mien qui était moins vite. Il ne pouvait pas toujours me dépasser et s’arrêter pour m’attendre sinon il avait froid et ça lui prenait plus d’efforts pour reprendre le pas. Moi, je devais faire l’effort d’avancer un peu plus rapidement. Heureusement dans notre vie, Denis a ses périodes d’activités qu’il aime et il y va à son rythme et moi, j’ai aussi les miennes qui sont plus lentes, à mon rythme. Ça nous permet de mieux nous retrouver après.

 

Des montagnes à franchir, oui, mais aussi à descendre… On parle d’obstacle en voyant une montagne devant nous. Pourtant la descente en est souvent un plus grand. C’est beau aller au mont Tabor, mais quand on redescend on a besoin de forces encore plus grandes. Eh bien, il n’y avait pas seulement des peines et des efforts. Chaque fois, je me disais que ça valait la peine d’avoir persévéré. J’en louais le Seigneur de tout mon cœur.

 

J’ai pensé souvent aux réfugiés qui ont tout quitté, marchant des kilomètres sans savoir comment ils arriveraient à destination, ni comment ils seraient accueillis, où ils iraient… marchant avec leur enfants. Comment ne pas avoir de courage pour avancer et offrir mes pas dans la pluie, la boue, le froid, mes ampoules. J’y ai pensé spécialement en cette journée où nous avons marché dans une température froide avec du vent et de la pluie sur un chemin de pierres et de boue pendant 3 heures et demi.

 

Avant notre marche, nous avons visité sur notre route, Lourdes et Fatima. Ces endroits bénis où la Vierge est apparue devenaient des étapes très significatives de notre voyage. Des milliers et des milliers de pèlerins viennent depuis des années porter leurs fardeaux et demander de l’aide. À notre tour, nous y déposions nos pas avec amour et espérance.

 

À Lourde, l’église principale était en rénovation, on ne pouvait pas aller à l’intérieur. Je me suis rappelé qu’en Allemagne, quand nous étions passés (il y a 10 ans), l’église était aussi en rénovation avant la venue du pape. Eh bien à Lourde aussi et à Saint Jacques de Compostelle aussi! Même notre basilique-cathédrale de Valleyfield a ses échafauds depuis quelques années et la restauration est longue car très coûteuse.

 

Cela m’a fait penser que le Seigneur avait besoin de nous tous dans la communauté pour restaurer son Église, pour préparer « sa venue ». C’est grand et c’est beau, mon cœur est en fête et plein d’espérance. Tous ensembles dans la communauté même si les grands échafauds ne sont pas visibles physiquement, ils sont en place et ensemble nous œuvrons avec chacun nos talents propres. Le bien ne fait pas de bruit…

 

Nous sommes revenus depuis le 8 juin et la vie continue. Merci pour le soutien dans la prière et pour ceux qui ont pu nous envoyer des petits mots d’encouragement. Vous êtes tous précieux pour nous. Comme toutes les couleurs et les doux parfums de la nature qui ont enjolivé notre chemin tout au long de notre pèlerinage, vous êtes pour nous un cadeau de Dieu dans nos vies.

 

PRINTEMPS, MISÉRICORDE   [paroles]     [interprétation]

 

Lise Laniel-Bouliane,
Maisonnée Saint-Nicodème,
Salaberry-de-Valleyfield