Merci à notre évêque, Mgr Noël Simard, pour avoir gardé le contact avec ses diocésains et diocésaines tout au long du Synode, et nous avoir partagé ses commentaires par le biais de Facebook.
4 octobre : Chers amis, je suis arrivé à Rome hier après une correspondance à Paris. Dans l'attente à l'aéroport Charles-de-Gaule, j'ai prié pour vous et pour le succès du Synode, et bien sûr pour le pape François. En lisant le journal La Croix, un article sur le Synode m'a beaucoup intéressé. On y parlait des forces en présence: d'une part les tenants d'une EGLISE-PHARE, «qui éclaire la société en annonçant contre vents et marées la vérité évangélique sur la famille, et d'autre part ceux d'une EGLISE-FLAMBEAU, qui accompagnent au plus près les familles, d'où qu'elles partent, pour les conduire graduellement vers la découverte de cette vérité». À mon avis, l'Église se doit d'être phare et flambeau, mais dans le contexte actuel, nous nous devons d'être davantage des flambeaux. Ce matin, le pape François a fait une homélie superbe. Entre autres choses, il nous a invités non pas tant à parler de la famille et sur la famille, mais d'être à l'écoute des familles, à les aider à vivre dans la fidélité et la vérité de l'amour, mais aussi les rejoindre pour leur témoigner la miséricorde et la tendresse de Dieu. Je vous invite à lire et méditer son homélie qui est beaucoup plus riche que le court commentaire que je vous donne. À bientôt et que Dieu veille sur chacun et chacune de vous. + Noël
5 octobre : Chers amis, deuxième journée du Synode! La journée a commencé avec la présentation du secrétaire général et celle du pape François. Il faut dire qu'auparavant le Saint-Père avait accueilli personnellement tous les participants (350 personnes). Quel homme extraordinaire! Quel représentant de Dieu formidable ! Dans son allocution courte, mais riche, il a rappelé que le Synode était une expérience ecclésiale de collégialité basée sur la franchise, le respect et le dialogue. Ce n'est pas un parlement pour en arriver à un consensus, mais une expérience de l'Esprit qui souffle en chacun, d'où la nécessité de s'ouvrir à l'Esprit avec le courage apostolique, l'humilité et l'écoute. Par la suite, plus d'une trentaine de pères synodaux ont fait de courtes présentations. Nous avons 3 minutes chacun. Un couple a fait un témoignage. Plusieurs laïcs sont présents, et même une mère avec son bébé. Comme lePape nous le rappelait, il ne suffit pas de parler de la famille, des familles, il faut les écouter et les accompagner. Aujourd'hui et demain la réflexion porte sur les défis auxquels font face les familles et notre pastorale de la famille. Soyez assurés que je porte toutes nos familles dans ma prière et je compte aussi sur votre prière.
+ Noël
6 octobre : Aujourd'hui au Synode, nous avons entendu 30 pères synodaux venant de divers pays et d'horizons différents, les uns insistant sur la doctrine et les valeurs enseignées par l'Église, d'autres parlant des problèmes concrets des familles, tels que la pauvreté, les difficultés économiques, la persécution, la violence, l'obligation de fuir leur pays à cause de la guerre, etc. D'autres ont rappelé l'importance de montrer la beauté de la famille et les efforts que font des familles pour suivre le Christ et être des foyers de vie et d'amour. Mgr Paul-André Durocher a fait une intervention remarquée en soulevant la question de la violence faite aux femmes et en recommandant que l'Église donne davantage de place aux femmes dans ses instances décisionnelles et ses structures organisationnelles. Il a proposé que l'on se penche sérieusement sur la question de l'ordination de femmes au diaconat. Je compte sur votre prière et vous assure de la mienne. + Noël
7 octobre : Chers amis, aujourd'hui, en ce mercredi 7 octobre, ce fut au Synode un travail en petits groupes. Le groupe français auquel je participe a le cardinal Lacroix comme modérateur et Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, France, comme rapporteur. Toute la journée nous avons travaillé sur la première partie de l'Instrumentum Laboris (Instrument de travail) qui porte sur l'écoute des défis sur la famille. Nous avons non seulement regardé les ombres, mais aussi les lumières ... Le groupe est composé d'évêques venant de France, d'Afrique, du Moyen-Orient, de Suisse, et bien sûr du Canada, Québec. Les points de vue et les préoccupations sont fort différents. Ce qui m'a ému, ce fut durant une pause, mon échange avec un évêque catholique chaldéen d'un pays du Moyen-Orient (je tais à dessein le nom de son pays). Il m'a parlé des difficultés que les chrétiens, peu nombreux, éprouvent pour vivre et témoigner de leur foi. Il lui a fallu trois mois pour obtenir un visa lui permettant de sortir de son pays. Je le recommande à votre prière ainsi que les membres de sa communauté chrétienne. À bientôt et avec ma prière. + Noël
11 octobre : Chers amis, aujourd'hui, c'est jour de relâche au Synode après 7 jours consécutifs de travail. Au-delà des polarisations portant sur la vérité (présentation claire et ferme de la doctrine) et sur la miséricorde (ouverture au monde et écoute des cris et souffrances de nos frères et sœurs en humanité), il y a un réel désir que le Synode porte de nombreux fruits pour le bien des familles, quelles qu'elles soient, et pour le bien de l'Église. Hier, lors des interventions libres, j'ai fait un appel pour qu'on fasse confiance à la conscience morale des gens, une conscience informée bien sûr, car Dieu continue de parler au cœur des gens. Dans la formation de la conscience avant de présenter des normes et des principes, il faut créer un climat et les conditions permettant aux gens d'entendre la voix de Dieu en eux. Hier nous avons eu plusieurs appels des évêques du Moyen-Orient et du pape François de prier pour les victimes de la violence et de la bêtise humaine en Irak et en Syrie. Continuons de prier pour une solution pacifique dans cette région du monde. + Noël
15 octobre : Chers amis, après quelques jours d'absence, me revoilà! Lundi et mardi, nous avons travaillé en petits groupes sur la deuxième partie de l'Instrumentum Laboris ou instrument de travail. Au tout début de cette séance de travail, notre modérateur, le cardinal Lacroix, a eu la très bonne idée de demander à chaque participant de partager une expérience familiale qui fut marquante dans sa vie. Ce fut très touchant et cela a développé entre nous un climat de confiance et de fraternité. Par la suite, nous avons analysé les trois chapitres de cette deuxième partie qui porte sur le discernement de la vocation familiale. Ce fut ardu, car c'est le pivot du document de travail.
Plusieurs changements ont été faits et plusieurs propositions apportées, comme une place plus grande à la Parole de Dieu et une restructuration suivant un ordre plus logique. Chacun des 13 groupes devait préparer une synthèse des travaux sous la direction du modérateur et du rapporteur. Toutes ces synthèses ont été présentées hier å l'assemblée générale des pères synodaux.
Hier après-midi et aujourd'hui, c'est la ronde des présentations personnelles. Je fus appelé à faire la mienne hier et elle portait sur l'intégration des personnes divorcées remariées et leur accès aux sacrements. Ce fut un tour de force de présenter mon point de vue dans le temps qui nous est alloué, à savoir trois minutes.
Vous avez peut-être entendu parler d'une lettre signée par treize cardinaux dans laquelle ils contesteraient certains éléments et fonctionnements du Synode. Les journaux parlent d'une rébellion. Même s'il y a divergence d'opinions et de positions sur des points, cela ne signifie pas division et conflit. Au contraire règne un bon esprit de dialogue et de respect. Dès le début du Synode, le pape François nous a invités à nous exprimer avec franchise et respect. Les journaux mentionnent que le sujet central, c'est la communion aux personnes divorcées remariées et qu'il y a une polarisation sur la vérité et le rappel de la doctrine ou sur la miséricorde et l'écoute de la réalité. À cela je réponds qu'il y a une diversité de sujets et de préoccupations différentes selon les régions du monde: question des mariages mixtes en Afrique et en Asie, préparation au mariage, place des jeunes dans les pays occidentaux, souffrance et persécution des familles chrétiennes au Moyen-Orient, pauvreté et misère de tant de familles (peut-on parler de famille sans un toit, disait ce matin le cardinal Turkson), etc. Pour ce qui est de la polarisation sur la vérité ou sur la miséricorde, il est vrai que certains insistent plus sur l'un que sur l'autre. On ne peut opposer vérité et miséricorde. La vérité de l'évangile est celle d'un Dieu qui, en Jésus, se révèle à nous comme Amour et Miséricorde. Et comme le dit si bien le numéro 69 de l'instrument de travail, «L'annonce de l'Évangile de la famille constitue une urgence pour la nouvelle évangélisation. L'Église est appelée å le mettre en pratique, avec une tendresse de mère et une clarté de maîtresse... La vérité s'incarne dans la fragilité humaine non pour la condamner, mais pour la sauver » (cf. Je 3,16-17). Continuez de prier l'Esprit Saint de nous donner lumière et sagesse. Soyez assurés de ma prière. + Noël
20 octobre: Cette semaine est cruciale, car nous allons voter les propositions et il y a de la résistance de la part des conservateurs qui ont peur du changement. Il faut selon eux rappeler clairement la doctrine, mais ils oublient que le message de l'Évangile qui n'est pas d'abord une question de dogmes et de principes, mais une proclamation d'une Bonne Nouvelle s'adresse à des gens en chemin et en quête de bonheur. Il faut rejoindre les gens là où ils sont et les accompagner dans ce qu'ils vivent. Le pape François ne cesse de nous le rappeler. Nous, évêques, sommes des bergers appelés à servir et non des chefs soucieux de leur pouvoir. + Noël
21 octobre: Chers amis, la fin de semaine dernière a été chargée d'événements exceptionnels. Samedi matin avait lieu le 50e anniversaire du Synode des évêques. Le pape François y a fait un discours remarquable sur le Synode qui constitue l'un des héritages les plus précieux du Concile Vatican II et qui doit en refléter l'esprit et la méthode. Le pape François a réaffirmé que c'est tout le peuple de Dieu et toute l'Église qui doivent suivre le chemin synodal; le mot synode ne signifie-t-il pas «cheminer, marcher ensemble». Une Église synodale est une Église de l'écoute et du service. «Tout baptisé - disait le Pape – quelle que soit sa fonction et son degré d'instruction dans la foi, est un sujet actif d'évangélisation». Et par la suite, le Pape a parlé de son rôle dans cette Église synodale: celui de présider à la communion et à l'unité dans l'écoute et la collégialité. Le pape François n'a pas oublié d'indiquer le rôle de cette Église synodale dans le monde, c'est-à-dire marcher avec tous les peuples du monde pour les aider à bâtir un monde plus juste et plus fraternel.
Dimanche matin, sur la place Saint-Pierre, le pape présidait la messe et le rite de canonisation de Vincent Grossi, Marie de l'Immaculée-Conception et du couple Louis Martin et Marie-Azélie Guérin, parents de sainte Thérèse de Lisieux et premier couple à être canonisé. J'ai eu la joie de concélébrer à cette messe et de prier pour toutes les familles du diocèse et vos familles. Dans l'après-midi, je présidais la messe marquant l'ouverture de l'année pastorale des communautés Foi et Lumière de Rome dans une grande chapelle des Salésiens. Ce fut merveilleux. Quelle joie de retrouver des amis et des petits qui m'ont évangélisé! Il y avait un climat de joie et de fête dans la simplicité et la spontanéité de la louange.
Lundi et mardi matin, nous avons travaillé en petits groupes sur la troisième partie de l'Instrument de travail qui porte sur la mission de la famille. C'était l'étape de l'agir. Ce fut un travail laborieux, étant donné la diversité des cultures et des opinions, surtout lorsque nous avons abordé les questions de la préparation au mariage, des mariages mixtes, des familles recomposées ou brisées, de l'accès des personnes divorcées remariées et de l'accompagnement des personnes homosexuelles. Sous l'habile direction du cardinal Lacroix et du superbe travail du rapporteur, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, France, nous avons pu terminer cette partie et faire des propositions qui ont rallié l'assentiment des participants. Les prochains jours vont porter sur le vote des propositions faites dans les treize groupes et du texte final. C'est là que vont se manifester les divergences de vues, voire des oppositions venant de pères synodaux qui, voulant préserver la doctrine, ont peut-être oublié de se mettre à l'écoute du peuple de Dieu. Il ne faut pas s'attendre à des miracles, mais, rappelons-nous, l'Esprit Saint joue des tours et surprend. Je m'en remets donc au souffle de l'Esprit qui me garde dans l'espérance même si je sais que ce synode ne répondra pas à toutes les attentes du peuple de Dieu.
P.S. Dans ma présentation sur l'intégration des personnes divorcées remariées et sur leur accès aux sacrements, j'ai parlé d''un chemin de discernement faisant appel à la conscience morale des gens, mais bien sûr d'une conscience bien formée. J'ai reparlé de l'importance de la conscience morale dans les interventions libres. Cela a peut-être eu quelque influence, car plusieurs rapports de la troisième partie ont rappelé la nécessité de former la conscience. J'ai fait aussi une autre intervention sur la place et le rôle des personnes âgées dans notre société et notre monde. En vous assurant de ma prière, je compte sur la vôtre. + Noël
25 octobre: Chers amis, c’est ma dernière soirée å Rome. Demain je rentre au pays après une expérience unique et inoubliable au Synode, expérience d'Église et de fraternité formidable. Je me suis fait de nouveaux amis et j'ai revu des personnes après 30 ans, comme mon ami Joseph Takami, l'archevêque de Nagasaki. Hier ce fut le jour de votation des 94 points de la relation finale. Je me suis rendu à cette séance malade, mais surtout appréhensif car la veille les ténors du statu quo s'étaient fortement fait entendre. Mais l'Esprit a soufflé et les 94 points ont tous été approuvés avec les deux tiers des votes exigés. Et le pape François a ensuite fait un discours extraordinaire que je vous invite à lire et que vous retrouvez sur le site du Vatican. Ce Synode qui se voulait pastoral a été pastoral et portera de beaux fruits selon l'esprit d'ouverture et de miséricorde que le pape François désire tant. Comme il le disait dans son discours de clôture, les vrais défenseurs de la doctrine ne sont pas ceux qui sont attachés à la lettre et aux formules, mais ceux qui se préoccupent d'abord de la personne...et de proclamer le message de vérité de JÉSUS qui est amour et miséricorde. Ce matin je rendais grâce au Seigneur pour toutes les grâces du Synode et j’ai prié pour toutes vos familles, pour l'Église universelle et bien sûr pour la famille diocésaine de Valleyfield. Je quitte Rome heureux et plein d'espérance et j'ai hâte de vous revoir. + Noël