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Fête de Notre-Dame-de-la-Garde

Date: 
Lundi, 23 juin, 2014 - 14:30

C’est en ce dimanche de la fête du Très Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ (22 juin 2014) appelée aussi FÊTE-DIEU,  que s’ajoute la grande fête traditionnelle de Notre-Dame-de-la-Garde,  célébrée chaque année vers le 20 juin, en honneur de la Vierge Marie,  patronne de notre Île [Île Perrot] et protectrice de nos marins et navigateurs, puisque notre église fait face à la voie maritime du St-Laurent. 

 

Nous nous rappelons aussi, que la mémorable statue de Notre-Dame-de-la-Garde fut livrée ici en grandes pompes par voie navigable un 20 juin 1849.

 

HOMÉLIE DE L'ABBÉ LAURIER FARMER

22 juin 2014 – Fête-Dieu – Notre-Dame-de-la-Garde
paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, Notre-Dame-de-l'Île Perrot



Aujourd’hui, c’est jour de fête ici.  Et c’est une fête très solennelle.  Le mot d’introduction entendu avant la messe, mentionnait une double Fête… celle du Très Saint Sacrement ou Fête-Dieu et celle de Notre-Dame-de-la-Garde, eh bien moi, je peux mentionner que c’est une triple fête… car j’ajoute Sainte-Jeanne-de-Chantal.  Bien spécial pour notre église d’avoir deux grandes patronnes : sainte Jeanne de Chantal et Notre-Dame-de-la-Garde. Nous devons tous en être fiers.

Il est important de rappeler notre passé et son histoire.  On connait  le dicton  « le passé est garant de l’avenir ».  N’oublions jamais nos racines… car c’est sur elles que repose notre présent et ce que nous sommes comme collectivité.   Et rappelons-nous que si nous pouvons voir très loin aujourd’hui et bénéficier des progrès modernes, c’est que nous sommes debout sur les épaules de nos ancêtres, nos pionniers, nos défricheurs. 

D’ailleurs, la première lecture de cette messe nous a adressé un appel pressant : « Souviens-toi ! » C’était pour Moïse une manière de sensibiliser son peuple à l’importance de ses racines.   Le peuple d’Israël était invité à se souvenir de sa libération de l’esclavage et de sa longue marche dans le désert, rappelant l’intervention de Dieu qui les a nourris de la manne, signe qui préfigurait le Pain de nos Eucharistie.  Le même message s’applique aussi à nous.  

Ce qui m’amène en premier lieu, à vous parler de la grande fête liturgique de ce dimanche, celle du Très Saint Sacrement appelée aussi Fête-Dieu.  C’est la fête de l’Eucharistie, présentant le Christ qui se donne en nourriture « pour que nous ayons la vie en abondance ».  Il s’est défini lui-même comme « le Pain vivant venu du ciel…  donné en nourriture pour le salut du monde », donc, le salut de chacun et chacune d’entre nous.

Historiquement, dans l’Église catholique, nous célébrons la Fête-Dieu depuis le 13e siècle, plus précisément depuis 1264 (750 ans).  Une solennité qui a longtemps eu son importance.  Souvenons-nous, quand nous étions plus jeunes, il y avait la procession avec le Saint Sacrement, dans la principale rue du village, dans un des rangs de campagne.   Dans cette procession :   l’ostensoir, porté par le prêtre sous un dais, les servants avec chandeliers et encensoirs, les bannières de chaque mouvements de piété, la foule qui précédait en priant et qui entonnait des chants, jusqu’au reposoir orné de fleurs.  Les maisons et les galeries étaient ornées de petits drapeaux.  Hélas, on sait que cela n’existe plus et que ce n’est plus possible aujourd’hui.

Nous pourrions être nostalgiques de ces démonstrations populaires de nos prédécesseurs du temps de jadis, exprimant ainsi leur foi  en la divine présence du Christ dans l’Eucharistie.   Mais rien n’est perdu pour nous, car nous avons à vivre cela autrement.   

Voici…   sans nécessairement porter en procession l’ostensoir et rendre visible l’hostie consacrée, chacun peut porter en soi le Christ ressuscité et le rendre visible aux autres, par le témoignage de sa foi et de ses engagements au service des autres, bref :  porter le Christ et le faire transparaitre au monde…  Dans notre cœur, nous devenons ainsi des ostensoirs vivants.

Dans la deuxième lecture, saint Paul rappelle que l’Eucharistie est le pain de l’unité :  l’Eucharistie est là pour nous rapprocher les uns des autres, cette unité à laquelle nous sommes appelés est fondée sur la communion au Christ. À la messe, c’est Lui qui nous rassemble et qui nous unit.  Le mot communion peut se traduire en deux mots :  « COMME UNE UNION ».  Chacun de nous doit faire vraiment l’effort d’aller à la rencontre des autres. Nous ne pouvons pas dire que nous aimons Dieu si nous n’aimons pas notre prochain.

 

Parlons maintenant de Notre-Dame de la Garde, gardienne et protectrice des marins-navigateurs. Ce matin, c’est avec fierté, pour la 165e année, que nous fêtons Marie, Notre-Dame-de-la-Garde,  qui fut consacrée en 1849 Reine et Patronne de l'île Perrot...

 

Elle nous est représentée par une mémorable statue vraiment historique et classée objet d'art religieux du Québec.

 

Pour cette statue, voici un bref rappel de son histoire.  Elle ornait d'abord l'église Bonsecours, à Montréal, entre 1830 et 1849.  Devant cette statue plusieurs pèlerins exprimaient leur dévotion à la Vierge Marie.  Des marins & navigateurs venaient la prier pour chercher secours et réconfort. 

 

Cette statue avait été fabriquée en carton-pâte dans les années 1830 par les Sœurs  Grises de Montréal.

 

En 1849, l’Île Perrot faisait partie du diocèse de Montréal (jusqu’en 1892).   L'abbé Louis-Joseph Huot était curé ici.   Comme il avait souvent participé à la décoration de la Chapelle Notre-Dame de Bonsecours, dans le Vieux Montréal, Mgr Bourget, pour le récompenser, donna la statue à notre paroisse Sainte-Jeanne de Chantal, à cette époque, la paroisse-mère et unique sur l'Île Perrot.   La statue fut transportée à notre église, par bateau, puis en procession, le 20 juin 1849, avec cortège solennelle formé de l'Archevêque Mgr Bourget et quatre autres évêques auxiliaires.

 

Mais attention, aujourd’hui, ce n'est pas une statue de carton-pâte que nous honorons, mais celle qu'elle représente:  la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église. Marie fut une Femme de foi, de cœur, d'espérance.  L’évangile du récit de la Visitation a été expressément choisi pour notre célébration, message qui vient confirmer, son zèle, son déplacement et son dévouement pour sa cousine Élisabeth qui était enceinte du futur Jean le Baptiste.

Par son intercession, demandons au Seigneur de faire grandir notre foi, une foi engagée dans notre monde actuel et dans nos milieux de vie.

 

Enfin je m’en voudrais de ne pas souligner l’importance de notre grande patronne sainte Jeanne de Chantal.   Voici un résumé de sa vie

 

Jeanne-Françoise Frémyot est née le 13 janvier 1572 à Dijon. À 20 ans, elle épouse Christophe de Robutin baron de Chantal. Victime d’un accident de chasse en 1600, le baron de Chantal la laisse veuve avec six enfants.

 

Avec ses serviteurs et son entourage, elle commence à s’occuper des pauvres. Puis, elle rencontre l’abbé François de Sales, devenu son conseiller spirituel.  Celui-ci l’encourage à se retirer du monde et à devenir religieuse.  Sa vocation consistait à se dévouer pour les plus démunis.

 

En peu de temps, furent établies les bases de la communauté des « Visitandines ».  On compte maintenant plus de 95 maisons fondées ici et là selon les besoins.  Cette illustre religieuse est décédée le 13 décembre 1641, à l’âge de 69 ans. Jeanne de Chantal sera proclamée « sainte » en 1767.  Son corps repose à Annecy.

 

Ce matin, soyons fières et joyeux d’honorer notre sainte patronne sainte Jeanne-de-Chantal, celle que l’on voit sur ce beau tableau…   Et voici  le message de vie qu’elle nous laisse.

 

Sainte Jeanne une femme de tête, une femme de cœur.  Son histoire fut tissée d’épreuves et d’obstacles, nous pourrions en parler longuement.  En cela, elle a su demeurer, positive, confiante et énergique, ayant constamment conservé cette force de vaincre, associée à un grand idéal de dépassement.

 

Qu’elle demeure pour chacune et chacun de nous, un modèle de courage et de détermination pour savoir franchir les obstacles, pour innover et pour toujours aller plus haut et plus loin. 

 

Son cœur était uni au Christ, son Maître de vie, le modèle de sa charité, ce qu’elle a vécue et répandue, accomplissant ainsi les paroles d’évangile du Christ et ses gestes de bonté envers les pauvres, les démunis et les malades.   Dans sa grande foi, ses dévotions et ses prières, elle était constamment unie au Dieu Père, Fils et Esprit, ainsi qu’à la Très Sainte Vierge Marie.

 

En terminant, j’exprime cette prière d’action de grâce :


« Seigneur, que tes œuvres sont belles…
   Que tes œuvres sont grandes !
   Seigneur, tu nous combles de joie.  
   Magnificat, Alleluia! »    
     

 Amen.               

 

Laurier Farmer, ptre, 2014-06-22