Réflexion par Mgr Noël Simard, évêque de Valleyfield
7 mai 2014
Chers collaborateurs et collaboratrices dans la mission,
Nous en sommes à notre deuxième étape dans notre démarche de réflexion sur le présent et l’avenir de l’administration de nos paroisses et sur les voies d’avenir à emprunter pour faire Église autrement. Cette réflexion veut jeter des jalons et demeure incomplète…
La présentation des faits, le 25 février 2014 par l’abbé Jean Trudeau, même si nous ne nous sommes pas attardés à analyser les causes et les conséquences, nous a permis de voir l’urgence de la situation. Nous sommes une Église qui s’appauvrit. Est-ce un drame ou une ouverture d’avenir? Pouvons-nous rester accrochés à des façons de faire du passé et nous assurer seulement de « faire tourner la boutique »? Sommes-nous appelés à être une Église de silence et même de l’ombre, présente aux humbles et solidaire avec les personnes exclues? Sommes-nous réellement passés d’une conception d’Église sacrificielle, ritualiste, cléricale et cultuelle, à une ecclésiologie de Vatican II, à savoir à une Église peuple de Dieu, au service du monde et spécialement des pauvres?
Nous vivons dans un monde marqué par le trait de la post-modernité où prédominent le souci de se libérer des règles et des dogmes, la recherche de la satisfaction immédiate des besoins, le nomadisme de la culture, avec comme conséquences l’individualisme et le relativisme mais aussi la recherche d’une nouvelle spiritualité. Nous vivons une période intense d’incertitude et de changement. La déconstruction et l’humiliation vécues par l’Église l’amènent à réorienter sa mission.
Nous le savons et le voyons : il y a un exode massif des pratiquants et une baisse des effectifs pastoraux. Ne sommes-nous pas invités à faire preuve de créativité et lire ces signes des temps comme chance de faire Église autrement, comme laboratoire d’une autre manière de faire Église, une Église qui ne se réfugie pas dans un ghetto religieux et qui sait lire la présence de l’Esprit à l’œuvre dans le monde? N’est-ce pas cet appel qui nous est lancé par le pape François à être une « ÉGLISE EN SORTIE »?
M’inspirant d’une recherche faite dans le diocèse de Joliette, voici quelques changements que notre Église est appelée à faire :
- D’une Église cléricale à une Église peuple de Dieu, avec comme tâche la formation de communautés responsables. Nos paroisses actuelles – qui ont connu la fusion – favorisent-elles la formation de communautés responsables?
- D’une Église de chrétienté à une Église missionnaire, avec comme tâche la transmission de la foi. Nous avons comme but d’engendrer et former de nouveaux disciples qui cheminent en Église et s’impliquent dans sa mission. Nous avons mis de l’avant les cellules d’évangélisation, les EPAM, etc. Qu’en est-il?
LA MISSION : Être Église dans le monde pour y annoncer l’Évangile, selon les 4 axes : de l’annonce explicite de la Parole, du témoignage d’une vie fraternelle, de l’engagement baptismal au cœur du monde (justice, paix, écologie humaine), du rassemblement devant Dieu pour le célébrer dans la prière et les sacrements.
- D’une Église du rite à une Église qui met en évidence la Parole, avec comme tâche l’annonce et la pratique de la Parole.
- D’une Église pâte à une Église ferment ou levain, avec comme tâche la participation à la mutation et aux défis du monde.
- D’une Église uniforme à une Église plurielle, fraternelle et ouverte aux cultures, avec comme tâche l’écoute et l’accueil vrai des diversités.
- D’une Église soucieuse de l’ordre social légitime à une Église soucieuse des pauvres, avec comme tâche le parti-pris ou l’option préférentielle pour les pauvres.
- D’une Église figée dans les rites à une Église qui célèbre le Seigneur et la vie, avec comme tâche la créativité et la prise en compte des événements et des personnes.
FAIRE ÉGLISE AUTREMENT, Cela ne signifie pas refaire l’Église, ni faire une autre Église, ni embellir une institution séculière. C’est plutôt oser renouveler notre vision de l’Église, croire à la possibilité du renouveau, du changement et de l’action adaptée aux nouveaux signes des temps. D’où l’importance de se demander ce qu’il faut conserver ou garder, ce qu’il faut améliorer et ce qu’il faut changer.
CONCRÈTEMENT DANS NOTRE DIOCÈSE
Nous en sommes à l’étape du jugement, un jugement qui s’appuie sur la visite des régions pastorales par le Vicaire général, par un travail en régions, par une réflexion au Bureau de l’Évêque et par une réunion avec les animatrices et animateurs régionaux.
Dans la recherche de voies possibles pour faire Église, nous avons :
1. DES ACQUIS :
- Le but diocésain : engendrer et former de nouveaux disciples qui cheminent en Église et qui s’impliquent dans sa mission;
- Les priorités pastorales : la nouvelle évangélisation et la famille
- La prise en compte d’expériences vécues dans d’autres diocèses comme Joliette et Québec.
2. DES CRITÈRES :
- La vitalité de nos paroisses (services selon les 4 axes et dynamisme…)
- Leur viabilité (nombre des fidèles et des personnes qui supportent la communauté, les ressources financières, les ressources humaines, etc.)
- La présence des jeunes et la relève
- Le dialogue avec le monde et la participation aux activités culturelles et sociales
- Etc.
3. LA CRÉATIVITÉ:
- Élargir ou adapter la perspective
- Accepter de changer de vision
- Avoir la capacité de regarder l’ordinaire et d’y voir l’extraordinaire
- Accepter de faire des erreurs et parfois de briser le modèle ou d’y ajouter un élément neuf
- S’ouvrir à une formation continue
- Prendre au sérieux l’Évangile et se laisser interpeller par la Parole qui fait sans cesse du neuf dans nos vies , dans nos communautés et dans le monde
- Oser avancer au large ou semer l’Évangile dans le champ du monde
- Etc.
PRIÈRE : Ensemble, engageons-nous à être des semeurs et des semeuses de la Parole de Dieu. Avec joie et courage, témoignons de Jésus dans notre monde et donnons-lui le goût de Le connaître et de l’aimer. Soyons une Église en sortie qui annonce la Bonne nouvelle du Royaume de Dieu à tous nos frères et sœurs en humanité. Soyons des communautés chrétiennes remplies d’espérance, d’amour et de foi, joyeuses d’apporter le trésor de l’Évangile à tous ceux et celles vers qui le Seigneur nous envoie. AMEN