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Décès de l'abbé Guy Bouillé

Date: 
Mercredi, 21 octobre, 2015 - 09:15

 

Guy Bouillé, prêtre de Montréal, est décédé le 5 octobre 2015 à l'âge de 88 ans. Il est, avec Mgr Guy Bélanger, un des pionniers importants des Fraternités sacerdotales Jésus Caritas de Québec et d'Acadie. Plusieurs prêtres du diocèse ont fait partie des Fraternités à ses débuts. Le Père Boniface N'Kulu et moi-même en sommes membres. Les funérailles de Guy Bouillé ont eu lieu ce samedi 17 octobre en l'église Saint-Pierre-Claver de Montréal.

 

Les Fraternités comptent actuellement environ 200 prêtres diocésains membres au Québec et en Acadie. De plus, depuis plusieurs années se sont jointes des équipes d'agentes de pastorale et des "équipes mixtes"

(prêtres et laïcs). Les Fraternités comptent aussi quelques évêques comme anciens membres ou membres actifs. À travers le monde, on compte environ 4,572 prêtres  membres dans 59 pays. Reconnue par le Vatican comme association de prêtres diocésains, les Fraternités constituent la 4e organisation catholique de prêtres. Début octobre, les membres ont élu l'abbé Gilles Baril, prêtre du diocèse de Sherbrooke et curé de Lac-Mégantic (et animateur spirituel national des Cursillos) comme responsable régional pour un mandat de six ans. Gilles Baril remplace l'abbé Donald Cliche de Québec.

 

 

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Funérailles de Guy BOUILLÉ                                HOMÉLIE (Matthieu 25, 31-40)

Le samedi 17 octobre 2015

en l’église Saint-Pierre-Claver, Montréal               

 

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait… »(v.40)

 

Guy avait choisi ce passage pour ses funérailles. Cette page a habité sa vie, son cœur, ses engagements, ses joies et ses colères aussi! Elle l’a guidé jusqu’à la fin, elle a nourri son espérance, elle a soutenu sa confiance de retrouver son « bien-aimé frère et Seigneur Jésus », et tous ses amis, au-delà du « ravin de ténèbres » (Ps 22) de la maladie et de la mort qu’il lui fallait traverser.

 

Ce Dieu auquel Guy a consacré sa vie, c’était d’abord « Dieu à Nazareth », l’Emmanuel, « Dieu avec nous » comme nous l’indique saint Matthieu au début de son évangile. Pour Guy, Jésus Christ n’était pas d’abord le Dieu du Temple, mais celui qu’il avait appris à découvrir sur la rue, dans les quartiers où vivent les gens, ses frères et soeurs. Pour Guy, le Fils de Dieu, c’était d’abord Celui qui a livré sa vie pour ses frères humains, Celui dont les Béatitudes habitaient le cœur.

 

Si l’enseignement de Jésus dans l’évangile de Matthieu s’ouvre avec les Béatitudes sur la montagne, et l’annonce d’un Royaume et d’un monde nouveau pour les petits et les pauvres, pour ceux qui pleurent et pour ceux qui ont faim, cet évangile, dis-je, se termine par cette déroutante parabole d’un héritage promis à tous ceux qui auront aimé, à la manière de Jésus, « les plus petits de ses frères ».

 

En réalité, dans son dernier enseignement public avant sa mort, Jésus nous livre ce qu’on pourrait appeler son « carnet d’adresses ». Dieu n’a pas d’autre adresse sur terre que celles des plus petits de ses frères et sœurs. Si on veut l’aimer, l’adorer, le servir, c’est là qu’il nous faut apprendre à le rencontrer, à le reconnaître, à le contempler. C’est là que le Ressuscité nous donne rendez-vous, dans nos Galilées quotidiennes. C’est là que Guy a cherché à l’aimer.

 

 

 

 

 

Dans nos partages d’évangile à la fraternité, comme dans sa manière d’être et de vivre. c’est ce que Guy nous a transmis, ce qu’il m’a appris. Et, en héritage, Guy nous laisse à son tour son carnet d’adresses, semblable à celui de Jésus. Jésus n’avait-il pas dit : « Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ses petits soit perdu. » (Mt 18,14) Sur terre, sur mer, dans son quartier, dans les familles, sur la rue, Guy savait découvrir dans l’enfant, le marin, l’itinérant, la personne handicapée, comme dans ses frères prêtres, ses sœurs religieuses, et bien des familles, Celui « (qui est) là au milieu de vous » (cf. Matthieu 18, 2), Celui qui attirait son amour et qui nous dit encore aujourd’hui: « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »(Matthieu 28, 20) . Guy nous a entraînés à découvrir ses adresses.

 

Gilles Dugal a bien évoqué tout-à-l’heure la figure attachante de Guy, la mystique qui l’habitait, l’amour qui a guidé sa vie. Pour ma part, je l’ai modestement connu dans les Fraternités sacerdotales Jésus Caritas qui avaient fait de lui le frère de tous les prêtres. À la suite d’une retraite au Lac Gémont, au début des années 80, Guy m’avait invité à joindre sa fraternité, son équipe. Chaque mois, nous nous réunissions avec lui et avec son grand ami et frère, Jacques Leclerc. À travers les années, avec d’autres prêtres, nous avons cheminé en confrontant chaque mois nos passages de vie avec l’évangile et surtout en contemplant la présence aimante de Jésus. Il nous a aussi appris à devenir pasteurs à la manière de Jésus.

 

Guy était, avec Jacques, la mémoire vivante des intuitions du bienheureux frère Charles de Foucauld et de ses disciples qui ont fondé les Fraternités, ainsi que des moyens simples mais précieux qui nous aident à grandir comme prêtres dans une fraternité féconde. Surtout, Guy était vraiment le petit frère, chaleureux et joyeux, l’ami qui souvent nous accueillait chez lui et marchait avec nous en toute humilité. Que possédait-il qu’il ne partageait pas? Et qui pouvait échapper à sa douce et respectueuse affection enrobée d’humour?

 

Saint Jean écrivait un jour à propos de Jésus, le Verbe fait chair : « En lui était la vie, et la Vie était la lumière des hommes. » (Jean 1,4) Heureux sommes-nous d’avoir croisé, dans notre vie, cet être de lumière qu’a été Guy jusqu’à la fin. Aujourd’hui, nous accompagnons, chez les bénis du Père, ce « vieux frère » (comme on dit dans les Fraternités), ce vieux frère qui a su rajeunir notre foi et nous apprendre à aimer Dieu dans Celui que nous croisons sur notre route. Guy rejoint maintenant tant de frères partis avant lui, particulièrement dans notre équipe : Jacques Leclerc, Jacques Fournier, Jules Parenteau, et Jean-Guy Germain, tous si différents et si proches.

 

Aujourd’hui, avec et comme Jésus, je crois que nous pouvons sincèrement dire à Guy : « Va, cher Guy, notre grand et petit frère, va, béni du Père, reçois en héritage le Royaume préparé pour toi et ceux que tu as aimé, depuis la fondation du monde. »  En cette église où il fut baptisé et ordonné, en Église avec ceux qui ont fait route avec lui, que notre Eucharistie soit habitée, comme lui, de joie et de lumière. Amen!

 

Richard Wallot