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2020- LITURGIE DE LA PAROLE AU SALON FUNÉRAIRE

Liturgie d’a-dieu de Cécile 

La mort, c'est la vie qui se recueille, recueillons-nous.

 (Magdaleth)

(cette célébration a été préparée à partir de mes conversations avec Cécile)

Venez vivre dans l’espace divin l’Odyssée de votre raison d’être, écrivait récemment Pierre Marie Varennes dans un petit livre oser entrer dans la vie éternelle. Notre raison d’être, notre raison de vivre est de passer du souviens-toi que tu es mortel à souviens-toi que tu es éternel. Ce n’est pas parce que nous sommes mortels que nous cessons d’être éternels. Nous sommes  la poussière aimée de Dieu, une poussière précieuse, destinée à vivre pour toujours. Nous sommes la poussière qui contient les rêves de Dieu […] Si nous nous laissons modeler par les mains de Dieu nous devenons une merveille, disait le pape François, au commencement du carême (26/02/20). Nos corps humains portent la densité de la vie divine. Toi qui es terre, né de la terre, tu montes maintenant au ciel avec le Christ (saint Grégoire le Grand). La finale d’une prière eucharistique précise: permets que nous ayons part à la vie éternelle et que nous chantions tes louanges.

C’est le sens profond de notre rassemblement autour de Cécile. Souvenons-nous que nous sommes éternels;  nous sommes une poussière précieuse, une petite merveille destinée à vivre pour toujours. Ce n’est pas seulement une question de foi. C’est la finalité de l’être humain, disent les scientifiques. La mort et la vie sont en parfaite symbiose. La mort habite la vie et la vie se cache dans la mort. La vie et la mort ne font qu’un comme ne font qu’un la rivière et la mer (Khahil Gilbran). Pour les scientifiques, cette symbiose est magnifique. Pour le chrétien, cette symbiose ouvre sur une plénitude. Nous sommes tous atteints du virus de la vie. La vie n’est pas tuable. Elle ne fait que se muter en permanence. Pour les croyants, Christ a vaincu la mort.

À son émission Bien entendu, l’animateur Stéphan Bureau, le 26 juillet dernier, interrogeait le poète Gilles Vigneault sur sa foi à l’approche de ses 91 ans. Le poète lui donna cette réponse : je crois à l’âme. Ça n’a pas nui à mon corps jusqu’à maintenant. Je crois qu’on a quelque chose qui nous survit, après. C’est pourquoi j’ai dit dans [la chanson] Vivre debout: […] je chante pour vivre au-delà de la vie. Alors, qu’on me laisse m’éteindre comme une vieille chandelle, de ma belle mort, je trouve ça normal. Très souvent, je parle de ma mort, comme ça, avec beaucoup de légèreté. […]. La mort n’est pas un naufrage […], c’est accoster au quai […] c’est une fin de voyage. On n’a pas besoin de faire un naufrage de la mort. Il ajoute ces mots d’une profondeur abyssale, des mots de tout le monde, des chrétiens inclus, des nôtres aussi: rien n’est plus sûr que le doute.

Et nous sommes ici, ensemble, avec nos doutes, nos questions, notre espérance aussi, pour projeter sur cette urne des yeux de Pâques. C’est dans la pénombre que la lumière est belle, chante Fred Pellerin. Cécile voyait approcher sa mort avec ses yeux de croyante, avec des yeux de Pâques. C’est avec sérénité et grande paix intérieure qu’elle me disait, à la fin du réveillon de Noël qu’elle a tenu à préparer malgré une santé chancelante,  je ne pense pas être ici l’an prochain.

Devant la mort, nous avons des yeux obstrués par des cataractes, nous ne voyons qu'un peu de cendres.  Mais il nous faut voir avec le cœur. On ne voit bien qu'avec le cœur, dit le Petit Prince, qui ajoute: l'essentiel est invisible.  Et le renard ajoute: les hommes ont oublié cette vérité. Toi, tu ne dois pas l'oublier. C'est le regard que nous posons sur la mort qui nous sauve de toute déprime.

Certains ne voient qu’une porte qui se referme et qui n'ouvre sur rien.  Ce n'est pas le regard de Cécile pour qui la mort est une porte qui s'ouvre sur la vie que Jésus a promis, comme elle me l’exprimait à l’hôpital récemment. Pour elle commence un jour nouveau, une vie nouvelle.

Faisons silence; rappelons-nous  tout ce que vous avez vécu de beau et de grand avec Cécile qui trouvait au cœur de sa vie sa Présence divine.

CHANT : TROUVER DANS MA VIE TA PRÉSENCE.

PRIÈRE D’OUVERTURE :

Ô jour éternel, jour tant désiré, donne-nous en cet instant de comprendre que la mort ouvre nos vies sur une invitation: entre dans la joie de ton Père. Donne à Cécile d'entendre ta voix lui dire: heureux les invités aux repas du Seigneur.

Ô jour merveilleux, moment incomparable, donne à nos yeux humains de voir dans ces cendres une vie renouvelée, d'y percevoir, dans la foi, que nous sommes des grains de poussière de toute beauté, de la poussière maintenant divinisée, de la poussière aimée de Dieu.

Ô jour solennel, jour de clarté, donne-nous de pressentir que toi, Seigneur, tu es descendu sur la terre pour nous prendre aux cieux avec toi. Tu es devenu mortel pour nous revêtir de notre beauté première. Ta naissance nous appelle à renaître d'en-haut. Ta résurrection nous fait créature nouvelle.

Accueille maintenant chez Toi Cécile. Tu nous l’as donné un jour du temps, maintenant tu reprends son souffle, que ton nom soit béni. AMEN

PAROLE DE DIEU ( textes choisis par Cécile)

Lecture du livre de l’Apocalypse (21, 1-6; 22, 7)

Parole de Dieu adressée par Paul aux Romains (8, 38-39; 14 7-9)

De l’évangile selon saint Jean ( 14, 1-2)

 

 RÉFLEXION  

Le 15 février dernier, j'ai visité Cécile à l’hôpital. Elle était assise paisible près de la fenêtre. Elle avait les yeux fermés, des écouteurs aux oreilles. Surprise de me voir, elle me dit : je méditais. Lui demandant si je pouvais savoir sur quoi elle méditait, elle me répond: sur la vie que Jésus a promise ; et d’une voix à peine perceptible, elle ajoute : c’est beau.

Je gardai le silence parce que je me sentais en présence de quelqu’un qui voyait sa mort comme une entrée dans quelque chose de beau. Ajouter une parole aurait été trahir l’intensité du moment. Quand je lui offris de communier, je la vois encore étendre sa main tremblante et caresser de son autre main le pain de vie. Elle vivait des moments intenses de foi. En la quittant, je lui dis de porter attention à la finale de l’Ave Maria : pris pour moi maintenant et à l’heure de ma mort. Elle me sourit et ajouta : merci. C’est beau. Elle me redit ce même merci après la messe, sa dernière messe, auquel elle participa à la résidence, dimanche 23 février dernier où elle fut longuement applaudie. 

La foi de cette femme, sereine devant l’éminence de la mort, m’a fait du bien. Les mots me manquent  pour vous dire ce quelque chose de beau dont sa foi lui faisait anticiper.  La vie n’est pas détruite, elle est transformée. Ce quelque chose de beau a fait dire au prieur Christophe de Tibhirine, assassiné en Algérie, et dont le film Des hommes et des dieux a ravi la planète: je suis ressuscité, je peux donc mourir. Ce quelque chose de beau, c’est se souvenir non pas que nous sommes poussières, mais que nous sommes éternels. Et cela change tout. Quelqu'un écrivait au Ve siècle, et c'est très beau, trop beau peut-être pour nos oreilles étourdies par la culture de l'éphémère, du jetable après usage, que notre corps mortel a été divinisé, que la poussière a été rénovée (Gn 2,7), la cendre a été divinisée.

Pour nous maintenant, il est beau de nous retrouver pour dire à notre tour merci, Cécile, pour ton cœur d’or. Ton cœur universel. Ton cœur de service. Ce cœur-là ne mourra pas dans nos mémoires. On lui reprochait même son incapacité de dire non.

Pour exprimer ce quelque chose de beau dans la vie de Cécile, je vous fais écouter un chant de Robert Lebel. Ce chant, Comme lui, savoir dresser la table décrit merveilleusement la manière de vivre de Cécile. Elle me disait que ce chant lui faisait du bien à entendre.

CHANT : SAVOIR DRESSER LA TABLE.

Quand on quitte cette terre, il ne reste que ce que l'on a donné. L’aviateur français Guynemer, héros de la Première Guerre mondiale, disait : quand on n’a pas tout donné, on n’a rien donné. Questionné sur le sens de la mort, un enfant qui suivait les cours de catéchèse a donné cette réponse inouïe : la mort, c’est ce que l'on donne quand on a tout donné. Cécile vient de signer de sa vie ce que disait cet enfant. Elle vient de donner, de nous donner ce qu’il lui restait à donner : sa vie.

Sa résidence principale n’était pas le 412, c’était les corridors de la résidence, la table à l’accueil  pour inscrire les noms de ceux et celles désirant participer à une activité spéciale, la salle polyvalente où elle animait plusieurs activités. Cécile n’a pas enterré sa vie en s’embourgeoisant dans un fauteuil confortable devant sa télé. Elle l’a mise au service de tous. Elle ne l’a pas gardé pour elle toute seule, elle l’a donné.

Sa devise : servir. Mais qu’est-ce que servir ? Je répondais à cette question dans la carte anniversaire que je lui adressais le 28 novembre dernier. Cécile m’a dit qu’elle gardait précieusement cette carte, qu’elle la lisait souvent et, femme modeste, elle trouvait qu’elle ne méritait pas cela.

28 novembre 2019. À la madame sainte dite Cécile

 Ce jour anniversaire est celui d’une vie née pour servir.

Le cœur de la madame sainte ne bat que pour les autres sans se soucier des signes de prendre soin d’elle.

Pour elle, servir n’est pas faire quelque chose ni même faire du bien, c’est sa nature profonde. Elle n’est que service.

La manière de vivre de madame sainte atteste ce que Jésus demandait à Marie de la Trinité :               

« Je t’ai choisie pour être MOI et non pour être toi. […]Tu as mission de disparaître plutôt qu’apparaître. »   

Pour ce cœur si dévoué qui réchauffe les cœurs attristés, qui offre une oreille attentive à chaque cri qui lui parvient, qui assume ce service pastoral avec une chaleur humaine exceptionnelle

Pour ce cœur si habillé de tendresse qui ne passe jamais près de quelqu’un sans lui demander comment ça va, qui s’oublie jusqu’à taire sa souffrance physique,  qui est ravissement de mon cœur,

je me fais, ce jour, MAGNIFICAT  et reconnaissance.

Merci d’être pour moi, image du cœur de Dieu à mon endroit.

CHANT : AVE MARIA

PRIÈRE FINALE :

Je termine ce MAGNIFICAT pour une vie donnée que fut celle de Cécile par une prière qu’elle appréciait beaucoup lire quand à la résidence, je faisais mémoire à l’eucharistie des personnes récemment décédées dans la maison :

 Un grand amour m’attend...

Un grand amour m’attend...
Ce qui se passera de l’autre côté
 Quand tout pour moi
 aura basculé dans l’éternité...
 Je ne le sais pas !
 Je crois, je crois seulement
 qu’un grand amour m’attend.
 Je sais pourtant qu’alors, pauvre et dépouillé,
 je laisserai Dieu peser le poids de ma vie,
 mais ne pensez pas que je désespère...
 Non, je crois, je crois tellement
 qu’un grand amour m’attend.
 Si je meurs, ne pleurez pas,
c’est un amour qui me prend paisiblement.
Si j’ai peur... et pourquoi pas ?
Rappelez-moi souvent, simplement,
qu’un grand amour m’attend.
Mon Rédempteur va m’ouvrir la porte,
de la joie, de sa lumière.
Oui, Père, voici que je viens vers toi.
Comme un enfant, je viens me jeter dans ton amour,
ton amour qui m’attend.

EN FINAL (Après l’aspersion des cendres)

Cécile,

Tes enfants  te disent

                  Tes frères et sœurs te disent

                  Tes ami(e)s

                  Et moi au nom de ton Église je te  dis :

Pars en paix et va t’asseoir à la table de l’eucharistie sans fin.

EN FINAL : L’ALLELUIA D’HENDEL

Autres: 
Date: 
Lundi, 16 mars, 2020

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