2017-A-Lc 1, 26-38 Annonciation de Marie- la fête du Oui
Année A : Samedi, 3e semaine Carême (litac03s.17)
Luc 1, 26-38 : la fête du «oui»
Oui, je le veux. Cette réponse de Marie est au centre des «oui» de l'histoire. Il fut précédé par celui d'Abraham qui a obéi à Dieu, se poursuivit dans celui de Moïse et son «oui» à l'espérance d'une promesse, pour se continuer dans celui du prophète Isaïe qui répond à Dieu qu'il a des lèvres impures. En Marie, il ouvre la porte à un autre «oui», celui d'un Dieu qui a compris qu'il n'est pas suffisant de faire des déclarations d'amour. L'amour a besoin de plus que des mots. Et le Verbe s'est fait chair. Dans ce «oui», dit le pape François, il y a le «oui» d'un Dieu à faire alliance avec nous jusqu'à y boire le calice amer de la Croix.
Entendre, seulement entendre l'amour pendant des siècles, ne fut pas suffisant. N'est pas suffisant. Il est venu nous toucher de sa présence, nous parler avec des mots humains, nous apaiser dans nos angoisses. Il fallait que Dieu se fasse humain pour que ses déclarations d'amour nous blessent (Jean de la Croix). Ce «oui» est la mise au monde de sa grande miséricorde pour nous. Quelqu'un a écrit que sa miséricorde est plus vérifiable que son amour.
Ne perdons pas la mémoire de l'histoire de ce «oui» qui se maintient en alerte; en effet, une foule d'hommes et de femmes, au quotidien, signent leur vie du «oui» de leur baptême malgré des «non» qui viennent en atténuer la beauté.
Ce matin, nous soulignons ce jour quelconque, dans un lieu quelconque, insignifiant, où une femme quelconque a prononcé ce «oui» colossal de l'arrivée d'une promesse ancestrale de bonheur. Que faisait Marie dans ce jour quelconque, dans une quelconque cuisine, dans un quelconque quotidien où il fut prononcé? Elle n'était que prière. Sa réponse fut rapide pour que tout se fasse selon sa Parole.
Ce «oui» répare la déchirure, grande et dramatique, de tous nos «non» à Dieu. Cette femme de la maison nous lance un énorme défi : passer d’une spiritualité qui est basée sur la logique de l’extraordinaire à la mystique du quotidien (Père Ronchi, retraite au Vatican, 2016). C'est dans la normalité d'une maison, dans un lieu où chacun est lui-même, c'est là qu'a commencé l'Évangile. C'est dans ce lieu banal qu'il croît et se poursuit. La grandeur de Marie n'est pas dans sa maternité, elle est cachée dans ce «oui».
Aujourd'hui, ne fermons pas notre cœur à notre quotidien où Dieu nous surprend. C'est dans notre ordinaire quotidien qu'une prophétie de bonheur nous est présentée et qui habille nos solitudes souffrantes, nos «maux de vivre» d'un aurore d'un jour nouveau. C'est par la porte de notre banal quotidien que Dieu entre chez nous, qu'il nous salue, nous annonce des choses, de grandes choses; mais il nous laisse libres de dire «oui».
Une question me vient spontanément : suis-je un homme ou une femme du «oui» ou suis-je un homme ou une femme du «non»? Suis-je un homme ou une femme qui regarde un peu ailleurs, s'entoure de bruits pour ne pas entendre le bruissement léger d'une voix qui nous dit: réjouis-toi, le Seigneur veut faire en toi et par toi de grandes choses. Quelle invitation pour nous, aujourd’hui, à être écoute dans le silence !
Sans le «oui» de Marie, l’Évangile perd tout son sens. Sans notre «oui», impossible de mettre au monde Dieu parce que Dieu a toujours besoin de venir au monde. Que ce soit celui de Marie, que ce soit le nôtre, chaque «oui» donné est un sacrifice de louange, le fruit de [nos] lèvres qui confessent son nom (He 13,15).
Le «oui» Marie, n’a pas été prononcé par un cœur fermé, engourdi, mais par un cœur ouvert, en cœur en sortie d'elle-même. Dès cet instant, Marie n'existait plus pour elle-même. Elle s'est mise en route vers Élisabeth. C'est dans cette rencontre d'amitié profonde que Marie dévoile au grand public l'arrivée de la miséricorde.
Aujourd'hui, soyons des hommes et des femmes du «oui», une Église du «oui», une Église qui doit être en sortie. AMEN.