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2008-A : Martyrs canadiens- Jn 12, 24-26

Année A : Vendredi 25e semaine ordinaire (litao25v.08)

Jn 12, 24-26   les martyrs canadiens

Une fête non pour réfléchir sur une histoire passée, mais pour contempler aujourd’hui un itinéraire non révolu. Il s’agit moins de savoir qui étaient ces martyrs (Jean de Brébeuf, Isaac Jogues et leurs compagnons), mais bien qui sont-ils pour nous? Que nous disent-ils aujourd'hui? Ils nous disent – et quelle parole pour notre aujourd’hui de foi tellement perturbée! — que « rien, ni la détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le danger, le supplice ne peut nous séparer de Dieu » (1re lecture).

Tout ce qu’ils ont accompli part de cette certitude qu’ils étaient chacun, personnellement aimés de Dieu. Ils savaient que pour eux, Dieu « n’a pas refusé son propre Fils [et qu’] il l’a livré » (Rm8, 32). Une telle affirmation n’était pas une théorie, une opinion, mais un amour qui les a tellement bouleversés et transformés qu’ils ont quitté leur terre natale en sachant très bien ce que les attendait ici. Ils ont faits leur ce qu’avait exprimé Paul : « Prends ta part de souffrance pour l'annonce de l'Évangile » (2 Tm 1, 8).

Questions : aujourd’hui, oserions-nous comme eux, nous inscrire à une école qui afficherait comme programme : « Échec assuré » ou « Risque de rejet par la société »? Acceptons-nous de voir en eux la beauté d’une vie « sacrifice », une vie « sacrifiée » pour une cause? Pouvons-nous, non en théorie mais en acte, affirmer que d’être « jeté en terre » est incontournable pour implanter la foi dans les cœurs de nos jeunes? Cette voie n’est pas facultative. Elle est au cœur et au centre de l’Évangile.  Il n’y en a pas d’autres.  « Dans le monde, vous aurez la tribulation » (2 Cor 1,4) dit Paul « mais gardez courage, j’ai vaincu le monde » (Jn16, 33).

Une hymne liturgique, que nous chantons à Laudes le samedi (2e semaine), décrit très bien ce que ces martyrs d’ici ont été pour nous : « Tu es venu pour montrer le chemin de Dieu et ton calvaire ouvre le ciel. Tu es venu réjouir les enfants de Dieu et tu changes notre eau en vin. Tu es venu comme un feu et ta lumière s’embrase en toi ».

Aujourd’hui, nombreux sont ceux et celles qui préfèrent interpréter la passion du Christ de telle manière qu’elle nous dispense de suivre la même voie. Dans cette logique, Jésus aurait pris la Croix pour nous l’épargner. Ces martyrs nous rappellent, à nous qui vivons cette période mouvementée de notre histoire de foi, que Jésus ne nous a jamais exemptés de la Croix. Être jeté en terre est inéluctable. Faire l’économie de ce chemin, annoncer un Christ sans croix, c’est nous égarer de l’Évangile. Ce n’est pas chrétien.   

La tentation, aujourd’hui, d’affadir, d’affaiblir, d’atténuer le message du Christ pour ne pas choquer est omniprésente. Que ce soit la subtile persécution que vivent de par le monde des chrétiens, que ce soit, ici, ce devenir petit après avoir connu la gloire d’une Église toute-puissante, la croix n’est pas une étape passagère, un moment passager de notre Histoire, c’est un chemin d’évangélisation. Tout autre chemin nous fait des « persécuteurs d’Évangile ».

À votre contemplation : dans une société marquée par la mondialisation, la recherche de la toute-puissance, devenir ce « grain de blé » est une mystique qui passe par la contemplation de la Croix dont nous avons célébrée il y a peu « sa gloire ».  Le temps des « chrétiens sociologiques », parce que les structures sociales l’exigeaient, est passé. Le temps des tièdes, que le Christ « vomira de sa bouche » (Ap 3, 16), est révolu. Voici le temps d’aller jusqu’au bout de l’Évangile. « Si le grain de blé meurt, il portera beaucoup de fruits ». C’est le chemin que nous offre maintenant l’eucharistie où nous sommes invités à changer de vie. Celle que nous donnons n’est rien si nous contemplons celle que nous recevons dans ce pain. Mystère de disproportion inouïe entre la vie que nous donnons et celle d’une vie pleine, d’une vie de ressuscitée que nous recevons en retour. « Qui mange de ce pain ne mourra jamais ». AMEN.

 

 

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Date: 
Lundi, 1 septembre, 2008

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