2005-A- Lc 1, 57-66 Saint Jean Baptiste - .
Année A: SAINT JEAN BAPTISTE
Luc 1, 57-66.
Figure de la rencontre du passé et de l'avenir, offrant un baptême qui annonce au autre baptême, enfant surprise, inespéré qui transporte de joie sa mère Élisabeth avancée en âge, joie déjà éprouvée par autre visite, celle de Marie, sa cousine, Jean qui "formé dès le sein de sa mère" (Is 49, 1, 1ière lecture) avant même de naître, "a tressailli d'allégresse" (Lc1.43) ; Jean "cette lampe qui brûle et qui brille" (Jn 5,35), " qui a préparé la venue du Christ en proclamant un baptême de conversion" (Ac. 12,24) est comme son nom l'indique "Dieu fait grâce". (Lc1,60) Il est dans sa personne " ce qu'il y a de plus merveilleux pour Dieu" (Gn 18,20). Son parcours est aussi le nôtre.
Enfant de la foi s'il en est un, foi mise à l'épreuve tant tardait à se réaliser le rêve que portaient ses parents "justes devant Dieu et qui suivaient irréprochables tous les commandements et observances du Seigneur" (Lc 1,7); enfant de l'espérance "venu pour rendre témoignage à la lumière" (Jn 1,7); enfant du désert pour affermir en lui la conversion qu'il demandera à ses disciples, pour anticiper la joie de sa rencontre avec "celui qui m'a envoyé", (Jn1,33) Jean a vu clair.
Il a vu clair en parcourant les Écritures non pas tant comme une connaissance à assimiler mais pour en vivre dans sa personne. Il a vu clair parce que pour lui tout a commencé dans le silence ascétique du désert et tout s'est terminé dans un autre silence, celui de l'effacement. Il a vu clair sur son identité "Je ne suis pas. " Il a vu clair sur sa vocation de clamer, d'annoncer avec la plus belle et radieuse des clartés : " Voici l'Agneau de Dieu". Il a vu clair parce qu'il s'est laissé conduire par l'Esprit de Dieu.
Toute sa vie a été orientée vers la venue d'un Autre. Toute sa vie a pris sens dans cette rencontre de l'Autre. Toute sa vie, il fut suspendu aux lèvres de cet Autre, de sa venue. Toute sa vie, il a fait résonner l'appel d'un Autre même si au terme de sa vie- et ce sont là les dernières paroles que nous donnent les Évangiles- il se posait encore la question :" Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ". Au terme de sa vie, il se demandait "s'il ne s'était pas fatigué pour rien" pour citer Isaïe.
Contemplatives, contemplatifs, le mystère de nos vies se trouve liée à ce que fut "le plus des enfants des hommes". Comme Lui, il nous faut travailler notre voir, notre étonnement, notre admiration de Jésus, cet Autre qui est notre Tout. Comme Lui, même avancé en âge et dans la foi, cet Autre est une question à découvrir. Comme lui, il nous faut passer d'un silence à un autre silence, d'un désert à un autre désert, d'une attente à une autre attente. Comme lui, notre époque, notre culture, notre environnement nous donnent souvent l'impression d'avoir travaillé en vain, de nous "être fatigué pour rien", d'avoir usé notre vie pour rien. Comme Lui, face au mystère de l'Agneau de Dieu, nous sommes désemparés et démunis de le voir prendre si peu de place parce que c'est dans l'effacement que Jésus a trouvé la plénitude de sa place. Jean Baptiste a précédé "Celui qui devait venir". Il nous précède sur les chemins de la découverte du mystère Jésus.
À votre contemplation : « Accorde Seigneur à ton Église le don de la joie spirituelle » Puisse Jean de qui l’ange a dit à Zacharie qu "Il sera pour toi, joie exaltation et que beaucoup se réjouiront de sa naissance", puisse Jean précurseur de la joie, homme d’une seule joie, celle d’avoir vu clair sur Jésus, ouvrir nos coeurs, ouvrir le cœur de notre Église, celui de notre peuple qui éclate en « feu de joie » à comprendre que la joie ne naît qu’en prenant le chemin du désert. Puissions-nous comme peuple comprendre à la suite de François, du curé d’Ars, de Séraphin de Sorov, qu’il n’y a pas de joie véritable sans une vie en forme de désert, de désencombrement. Oui, et c’est toute l’actualité du message de Jean, seul une vie en forme de désencombrement nous permettra de voir en nous fleurir des « paradis de joie » « Seigneur tu refais nos forces à la table où l’Agneau se donne, nous te prions que nous sachions reconnaître en Jésus l’auteur de notre propre naissance à la joie." AMEN