2010-A-Lc 1 26-38 Lundi 4e semaine Avent : annonciation, la joie est avec nous
Lundi de la quatrième semaine de l'Avent (Litaa04l.10)
Luc 1 26-38 : annonciation, LA JOIE EST AVEC NOUS
La joie de Dieu est proche de nous. Elle est déjà en nous. Tous et toutes, si éloignés sommes-nous de cette joie, si indignes en sommes-nous, pouvons maintenant la faire nôtre ? Aussi vrai que Dieu est Dieu, aussi vrai que nous sommes humains, la joie arrive, elle vient habiter nos cœurs (Maître Eckhart).Et si la Joie est avec nous, que pouvons-nous vouloir de plus ? Comme l'exprime si merveilleusement saint Bernard, la charité qui fit descendre l'Époux sur la terre peut facilement élever l'Épouse jusqu'aux cieux.
Désormais, l'inséparable union que Jésus a avec son Père, nous pouvons l'acquérir, la faire nôtre. Tout ce que le Père a donné à son Fils unique, il nous le donne aussi pleinement qu'à lui, ni plus ni moins. Il nous en donne même davantage: il nous donne sa divinité. Il nous a donné d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière. Il nous a placé dans le Royaume de son Fils (Col 1, 12-13). Désormais nos ténèbres ne sont pas des ténèbres, nos nuits comme nos jours sont lumières (Ps 138,12-13). Il est grand ce mystère de joie que chante Marie! Il est grand ce mystère de l'extrême délicatesse de Dieu (sainte Julienne de Norwich – 1342-1416 – Révélations de l’amour divin, 77-79) à ne pas nous l'imposer sa joie, seulement nous la proposer.
Marie a réalisé en sa personne les prophéties dont Isaïe vient de faire mention : une jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils et on l'appellera Emmanuel (Is 7, 14).Ce serait une erreur de songer un seul instant qu'avec cette annonce de l'Ange et sa réalisation dans la naissance du Verbe fait chair que tout est accompli, que nous n'avons plus rien à attendre sinon le retour en gloire du Christ. Ce serait un non fiat de notre part et un refus de notre place dans l'Histoire sainte, si nous n'entendions pas la Parole de Dieu venir à s'inviter à descendre en nous, désirer se faire chair en nous.
L'humanité comme l'exprime Paul, est en travail d'enfantement (Rm 8, 22). La Parole attend notre consentement, notre disponibilité pour se déverser sur le monde, le transformer, le transfigurer. Nous avons, comme Marie, vocation de devenir des porteurs de la Parole.
L'Église, à quelques jours de Noël, nous invite à contempler ce OUI marial, source et sommet de tous nos «oui». Source et sommet de l'annonce à notre monde que notre Dieu, créateur, a pour principale activité de s'occuper de nous. Nous sommes des invités à porter le Verbe de Dieu en nous, à le laisser prendre corps en nous. Il faut que çà se voie que nous sommes enceintes (saint Augustin) de Dieu. C'est parce que Marie vivait déjà dans la Parole et de la Parole, qu'elle la méditait jour et nuit, qu'elle s'est empressée malgré l'inconcevable nouvelle de chanter son MAGNIFICAT. Ainsi en est-il de nous.
Tous, comme chrétiens, comme «saintetés», nous avons trouvé grâce devant Dieu qui chaque jour nous fait entendre, par notre annonciation quotidienne, que nous sommes aujourd'hui, ce signe donné à notre monde. Chaque jour, dans chaque rendez-vous avec la Parole méditée, contemplée, priée,nous entendons cet appel singulier, merveilleux, unique, à la suite de Marie, de devenir porteur de la Parole dans un monde ébloui par l'éphémère possession de toute sorte. Et comme l'exprime admirablement un des Pères fondateurs cisterciens, le Fils de Dieu a trouvé [en nous] une vallée où descendre (Aelred de Rielvaux) et pour se faire connaître.
Nous ne vivons pas seuls cette vocation. Elle serait trop lourde. L'Esprit de Dieu est sur nous, dans notre Église. En ces jours précédents Noël, oserons-nous redire ce OUI à donner, comme l'exprimait Benoît XVI en conclusion de sa lettre apostolique Verbum Domini (# 121), à la JOIE à la suite de cette foule de témoins qui nous ont précédés et qui nous ont ouvert le chemin de la foi. Redisons à notre tour: qu'il me soit fait selon ta Parole. AMEN.