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CECC - Message de Noël 2016

Date: 
Mardi, 13 décembre, 2016 - 16:15

Cette année, le Saint-Père nous a fait le don du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde en choisissant comme devise « Miséricordieux comme le Père » (Misericordes sicut Pater). En mars, pour la fête de saint Joseph, il y a ajouté un autre don, Amoris Laetitia, l'exhortation apostolique sur l'amour dans la famille, en le rattachant étroitement au thème du jubilé, tant en invitant les familles chrétiennes à vivre dans un esprit quotidien de pardon qu'en nous encourageant à être des signes de la miséricorde et de la proximité de Dieu « là où la vie familiale ne se réalise pas parfaitement ou ne se déroule pas dans la paix et la joie » (no 5).

Au Canada, pendant l'année 2016, le mot « miséricorde » a pris une signification plus intense en dehors de l'inspiration du pape François. C'est l'année pendant laquelle le Parlement, les corps législatifs provinciaux et les collèges de médecins ont établi des politiques permettant aux médecins d'aider les patients à mettre fin à leur propre vie selon la fausse perception qui identifie la miséricorde et la compassion. C'est aussi l'année où la Commission de Vérité et Réconciliation du Canada a publié ses conclusions et ses appels à l'action en exprimant les souffrances vécues dans les communautés autochtones, incitant ainsi les Canadiens à réfléchir au sens ultime du pardon comme forme de miséricorde.

Noël n'est pas une occasion évidente de chercher des lumières sur la miséricorde, même si c'est le temps de l'année où le besoin de guérir les divisions et les douleurs est le plus criant. Qu'est-ce que Noël peut nous enseigner sur la miséricorde? La naissance du Christ enfant est l'événement dans lequel la miséricorde est révélée comme l'aspect central de la relation de Dieu avec l'humanité. Dieu prend une chair humaine à cause de la profonde sympathie avec laquelle Il se soucie de nos douleurs et de nos brisures. Le mystère de l'Incarnation est essentiellement le mystère de la compassion de Dieu. Par le Christ, Dieu est devenu comme nous en toutes choses, sauf le péché (Hébreux 4, 15), pour que, par ses souffrances et sa mort sur la croix, Il puisse nous obtenir la récompense de la vie éternelle (voir le Catéchisme de l'Église catholique, no 457). C'est ainsi que nous avons appris que le nouveau commandement du Christ, de nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés (Jean 13, 34-35), n'a pratiquement aucune limite dans le cours ordinaire de la vie.

Selon la logique du Nouveau Testament, l'humilité et la miséricorde sont indissociablement liées. Pour ceux qui aiment et gardent ses commandements (Jean 14, 15), la miséricorde du Christ s'étendra d'âge en âge (voir Luc 1, 50). C'est ce que Marie a déclaré à l'occasion de sa Visitation à sa cousine sainte Élisabeth. Marie en a aussi donné l'exemple pendant la nuit de Noël. « Seule sa mère, dans sa félicité virginale, adora le bien-aimé dans un baiser », a écrit la poétesse Christina Rossetti, conciliant un moment de tendresse entre mère et enfant avec l'impressionnante réalité que cet enfant-là était l'amour incarné, destiné à racheter l'humanité.

La vénération de saint Joseph, des bergers, des mages, du bœuf et de l'âne, et des anges là-haut, suivent tous ses traces. Le fait que l'adoration et la miséricorde sont les deux faces de la même réalité n'est peut-être pas évident à première vue. Mais tout comme l'humilité est nécessaire pour demander pardon et pour pardonner aux autres, de même la mesure de notre miséricorde, qui est le fruit de notre humilité, dépend nécessairement de l'adoration du Christ : le Christ dans la mangeoire, le Christ sur la croix, le Christ dans l'Eucharistie.

Notre expérience du remords après le péché, les brisures qui perturbent nos familles, les souffrances des êtres chers qui ont perdu espoir dans la vie, les échecs pour lesquels nous devons demander pardon et ceux des autres qu'il nous est demandé de pardonner, évoquent chacun un aspect de ce que c'est que d'être miséricordieux comme le Père. Ceux qui sont réunis à genoux autour du Christ enfant, et les nombreux hymnes et cantiques qui ont immortalisé ce moment depuis, ont pour raison d'être de nous rappeler que l'adoration du Christ précède toute grande action chrétienne, dont la miséricorde n'est pas la moindre. Ma prière, c'est qu'en ce Noël nous puissions tous faire place dans notre vie pour adorer le Christ enfant, en cherchant en Lui le visage de la miséricorde de Dieu, et pour être inspirés à rayonner son amour pour l'humanité à ceux qui nous entourent.

À Lui honneur et gloire éternellement.

Je vous souhaite à tous un très joyeux Noël.

 

 

Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

6 décembre 2016