Vous êtes ici

6 mars 1708: décès du Bienheureux François de Laval

Date: 
Mercredi, 5 mars, 2014 - 16:15

Jean-Paul II a mentionné que l’Église du Québec et du Canada a été fondée par des saints, qui ont d’ailleurs, pour la plupart, été canonisés ou béatifiés durant son pontificat. L’un des plus remarquables d’entre eux est, sans contredit, le Bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec, qui a été béatifié par Jean-Paul II le 22 juin 1980, dont il convient de dire au moins quelques mots dans cet article, pour montrer à quel point nous avons affaire ici à un géant de sainteté.

 

Nous empruntons les notes suivantes à un article de Lucie Bélinge, tiré de la revue Notre-Dame du Cap, numéro de juin-juillet 1997 :

Mgr de Laval fut à la fois un habile administrateur, un missionnaire au cœur ardent, un homme fier et humble, un mystique héroïque et discret. Ses parents sont tous deux de la haute noblesse. Son père est un descendant du baron de Montmorency qui était un contemporain de Hugues Capet, roi de France, fondateur de la dynastie capétienne. François a six frères et sœurs; âgé de 24 ans, il est ordonné prêtre le 1er mai 1647. Il est ordonné évêque le jour de l’Immaculée-Conception, le 8 décembre 1658. Il se préparait à partir en mission au Tonkin quand on lui apprit que les Jésuites de Québec le réclamaient. Le roi Louis XIV transmet leur requête au Souverain Pontife, en écrivant ceci : « Nous voulons que l sieur de Laval, évêque de Pétrée, soit reconnu par tous nos sujets dans la Nouvelle-France, pour y faire les fonctions épiscopales. »

À peine débarqué à Québec, l’évêque constate les effets désastreux de l’eau-de-vie que les sauvages consomment abondamment. Ces boissons alcoolisées sont importées de France et échangées contre des fourrures. Mgr de Laval s’interpose : les marchands sont furieux et montent le peuple contre l’évêque. Cette lutte contre la vente de l’eau-de-vie durera vingt ans! Enfin, en 1679, Mgr de Laval obtient du roi Louis XIV l’interdiction de la vente des boissons aux Indiens. Une longue bataille épuisante vient de finir… pour un temps!

 

Mgr de Laval travaille avant tout à l’organisation de la vie religieuse et à la construction d’écoles. Son immense diocèse s’étend de Québec à l’Acadie et jusqu’à la Louisiane alors française. Il entreprend de nombreuses visites harassantes, car il tient à fonder l’Église canadienne sur la force et l’unité de la vie paroissiale, scolaire et familiale. Son séminaire de Québec a formé, le premier, nos écrivains, penseurs, chefs politiques et religieux qui lutteront pour les droits de la patrie après la conquête anglaise.

 

Le frère Houssart, à la mort de Mgr de Laval, le 6 mars 1708, révéla la haute valeur spirituelle et mystique de celui qu’il servait, en publiant un mémoire. Durant les dernières années de sa vie, l’évêque de Québec était devenu un grand handicapé physique, suite surtout à ses tournées missionnaires : « On l’a vu faire de longs pèlerinages à pied, sans argent, mendiant son pain et cachant son nom. Il voulait imiter les premiers apôtres de l’Église primitive, et remerciait Dieu d’avoir quelque chose à souffrir pour son amour. » Le vaillant évêque, en hiver comme en été, parcourt sans relâche son immense vicariat. Sur le fleuve Saint-Laurent, monté dans un frêle canot, il rame lui-même; en hiver, sa « chapelle » sur le dos, il s’aventure en raquettes jusqu’à Montréal, souvent surpris par les vents et la neige.

 

Il visite les malades de l’Hôtel-Dieu de Québec et les soigne, les encourage et les assiste à leur mort. Ce descendant du premier baron de France se rend seul à la basilique tous les matins à 4h. Comme un sacristain, il ouvre les portes, sonne la cloche, et prépare l’autel pour y célébrer la messe dès 4h30. On a dit qu’il célébrait sa messe comme un ange! Et dans sa pauvre chambre du Séminaire, il couche sur des planches, remettant sous son lit la paillasse que le frère Houssart lui a prêtée. À sa mort, Mgr de Laval n’avait plus rien : il avait donné toutes ses possessions aux pauvres. L’évêque de la Nouvelle-France fut un grand saint que l’on peut encore prier.