Le 30 août 2015, les paroissiens de la communauté de Sainte-Marthe, dans la région de Soulanges, ont fêté avec grande joie, le 150e anniversaire de la construction de leur église. Voici un résumé de leur histoire qui a été fait lors de la cérémonie.
Bonjour à tous et bienvenue à Sainte-Marthe.
Étant donné que nous célébrons aujourd’hui le 150e anniversaire de la construction de l’église Sainte-Marthe, mon exposé portera sur les raisons qui ont amené les citoyens de cette époque à la construction de cette église.
Dès leur arrivée à Sainte-Marthe en 1831, les premières familles devaient se rendre à l’église de Rigaud pour assister aux offices religieux. C’est avec détermination et sacrifices que les pionniers veillent à construire un lieu de rassemblement où ils pourront accomplir leurs devoirs religieux.
L’histoire religieuse de la paroisse de Sainte-Marthe commence autour des années 1835, alors que les prêtres de Rigaud se rendent à diverses occasions dans un endroit central de Sainte-Marthe pour célébrer la messe dans des maisons privées.
En 1838, à la demande des colons de Saint-Henri et de Saint-Guillaume, Mgr Lartigue donne son approbation pour construire une chapelle sur le lot 367 donné par James Madden en attendant d’avoir les moyens d’y construire une église. Cet édifice est séparé en deux étages. La chapelle occupe le rez-de-chaussée tandis que le curé loge à l’étage.
Du côté Est on aménage un cimetière. Le 11 mars 1841, des syndics sont nommés pour surveiller ces travaux et percevoir les fonds pour l’église, la sacristie, le presbytère et les autres dépendances. La bénédiction de l’église et celle du cimetière adjacent a lieu le 26 octobre 1843 en présence de prêtres des paroisses voisines et des fidèles de la paroisse. C’est ce même jour qu’a lieu l’élection des trois marguilliers. Alexis-Jessé Martineau vicaire de Rigaud vient y célébrer les offices religieux.
Le 21 janvier 1844 la cloche de la chapelle sonne pour le premier baptême : Procule Alphonse Bélanger fils de Placide Bélanger et de Victoire Séguin et la même journée, le vicaire Alexis Martineau célèbre les premières funérailles.
Le 6 août 1846 les syndics demandent à Mgr Ignace Bourget que le lieu connu sous le nom de Sainte-Marthe soit détaché de Sainte-Madeleine de Rigaud pour être érigé en paroisse autonome. Le décret d’érection de la paroisse signé le 27 septembre 1846 reconnaît la fabrique comme administrateur de ses biens. Une nouvelle étape commence pour les paroissiens de Sainte-Marthe qui accueillent leur premier curé résident l’abbé Alexis-Jessé Martineau.
Puisque cette chapelle était une construction temporaire, dès le 2 janvier 1857 les paroissiens demandent à Mgr Bourget la permission de construire une église et un presbytère. La construction du presbytère débute en 1859 et s’achève en 1861.
Dès 1862, les fondations sont achevées et sa structure prend forme. La construction de l’église se termine en 1865 avec l’achat de 150 bancs munis de portes : ces portes furent enlevées au début des années 1930. Le 26 février 1866 les syndics remettent à la fabrique l’église, la sacristie et le presbytère.
La bénédiction solennelle de l’église a lieu le 17 mai 1866 par l’abbé Théophile Brassard curé de Vaudreuil. La décoration intérieure fut faite de 1867 à 1872. L’achat de trois cloches eut lieu en décembre 1877 suivi de la consécration de celles-ci le 26 février 1878 par Mgr Edouard-Charles Fabre évêque de Montréal. La première cloche pesant 1800 livres reçut le nom de Jean-Baptiste, c’est celle qui sonnera l’angélus, la deuxième de 800 livres au nom de Marie-Joseph et la troisième reçut le nom de Marthe et pèse 600 livres environ.
L’église fût consacrée le 7 septembre 1881 par Mgr Edouard-Charles Fabre évêque de Montréal. C’est le 2 juin 1884 que la fabrique fait l’acquisition du chemin de croix qui fût béni par M. l’abbé Boissonneault curé de la paroisse le 10 juillet 1884.
Le premier orgue fut acheté le 13 octobre 1891 sortie des ateliers de M. Eusèbe Brodeur. Il fût remplacé le 30 septembre 1930 sous l’administration du curé McDonald. Une première réparation mineure de l’église survient en 1928 quand la décoration intérieure est reprise par Toussaint Xénophon Renaud et on mentionne que l’église est dans un état de conservation originale remarquable.
En 1955, on effectue des réparations majeures au coût de 68, 000 $ pour l’installation de nouveaux bancs et d’un lambrissage en bois et la chaire disparaît.
En 1992, des réparations mineures étaient faites par des citoyens bénévoles, alors que le plancher de bois original était mis à jour, sablé et vernis. La sainte table était enlevée et quelques modifications étaient effectuées dans le chœur sous la direction du curé Gilles Sabourin.
Ceci termine ma présentation. On m’avait demandé d’être bref. Je vous remercie de votre présence et de votre patience et si vous êtes intéressés à en connaître davantage sur l’histoire de Sainte-Marthe, un livre a été rédigé par Huguette Dupras Bourbonnais en 2010, après plusieurs réunions d’un comité qui avait été formé pour la circonstance et dont chacun des membres avait participé pour ramasser des photos familiales et autres. Il en reste quelques exemplaires. C’est un livre de 425 pages qui contient beaucoup d’informations et de photos de familles ayant habité Sainte-Marthe. Vous pouvez l’effeuiller et si vous en voulez, on se fera un plaisir de vous en vendre au coût de 60$.
Et je vous laisse sur cette réflexion : Si je voulais marquer l’empreinte de mon pied en un lieu quelconque des 80 kilomètres carrés couverts par la municipalité de Sainte-Marthe, trouverais-je un endroit où le sol n’a pas été foulé par nos ancêtres?
Merci de votre attention et bonne fin de journée.
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Homélie prononcée par l’abbé André Lafleur, vicaire général, le 30 août 2015 lors de la célébration d’ouverture des Fêtes du 150e anniversaire de construction de l’église Sainte-Marthe.
Chers amis,
Les textes de la Parole de Dieu nous amènent au cœur de la fête que nous célébrons ce matin.
L’histoire du peuple de Dieu, c’est celle d’hommes et de femmes qui ont pris conscience de la présence de Dieu dans leur vie et qui ont découvert peu à peu son grand projet de bâtir une famille, une alliance, une communion de vie, de paix, d’amour.
Il y a eu les grands géants des origines : Abraham, Isaac, Jacob, … les prophètes, les sages et si nous sommes toujours vivants, debout, c’est parce que nous avons grandi dans la lumière, en empruntant leur zèle, leur conviction, leur détermination.
Et voilà que Moïse, dans la première lecture de ce matin, ce grand serviteur de Yahvé, vient conforter son peuple, en lui redisant que notre Dieu, ce n’est pas celui de la mort, mais le Dieu de la vie; ce n’est pas le Dieu de l’esclavage, mais de la liberté. C’est le Dieu qui apporte la joie en assurant ses enfants qu’ils sont aimés, habités, accompagnés par Lui, un Dieu proche de ses enfants.
Et il leur rappelle que pour être un « peuple sage et intelligent », les commandements de Dieu sauront le conduire vers cet horizon à atteindre.
Et Jésus, s’inscrira dans cette lignée, lui le Fils de Dieu en résumant ces lignes de conduites par le seul commandement de l’amour : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit et ton prochain, comme toi-même. La loi nouvelle et éternelle qu’il nous a laissée, c’est celle qui nous met en communion de cœur et de vie « par lui, avec lui et en lui », avec le Père, dans l’unité du Saint-Esprit, et que nous sommes appelés à vivre entre nous.
Cette Bonne Nouvelle est l’héritage que nous avons reçu ici en Nouvelle-France, depuis que Jacques-Cartier est venu planter une croix à Gaspé et qui s’est répandu jusque dans nos seigneuries de l’Ile Perrot, de Vaudreuil, de Soulanges, de Rigaud, et ce, de paroisses en paroisses, de cœur en cœur.
Ainsi, 15 ans après l’érection de la paroisse Sainte-Madeleine de Rigaud en 1830 par Mgr Panet de Québec, voilà que les francs-tenanciers (les propriétaires) français et irlandais des côtes de St-Henri et de St-Guillaume et plus tard celles de Ste-Marie et de Ste-Julie, ont décidé de se donner la main, de s’entraider pour défricher leur terre, pouce par pouce, pied par pied, avec une énergie peu commune pour former une communauté bien à eux.
Je cite:
« Vouloir cerner dans quelques paragraphes tout le courage, tout le dynamisme, toute la générosité, tout l’amour et toute la foi de ceux et celles qui ont écrit à coup de sueur et de sang les plus belles pages de notre histoire paroissiale, c’est vouloir rapetisser ces géants qui ont été nos ancêtres. L’histoire de Sainte-Marthe, c’est une histoire de courage et de foi. » Cette citation tirée du « Petit historique de l’église de Sainte-Marthe » écrit en 1990 est toujours d’actualité.
L’histoire de cette église ne manque pas de rebondissements : dès les débuts, on y a rencontré des défis d’ordre financier, des difficultés de construction, des défis d’espace – il a fallu exhumer 75 corps du cimetière pour en permettre la construction; mais rien n’empêchait les courageux paroissiens, artisans et artistes, à se donner un temple dont la beauté et le rayonnement honoreraient son hôte divin et ferait la joie de ses visiteurs.
Oui, depuis 150 ans, des milliers de personnes y viennent pour célébrer baptêmes, mariages, funérailles, première des communions, pardons, pour célébrer l’eucharistie qui donne sens à notre vie chrétienne. On ne peut oublier qu’ici même l’abbé Laurier Farmer a été ordonné prêtre le 24 mai 1964. L’ouverture des registres depuis1844 fait foi de ce grand mouvement de vie.
Ce qui fait la richesse et la beauté de ce temple, ce ne sont pas seulement les pierres plus que centenaires, ni les objets religieux qui font la fierté de votre patrimoine.
Ce qui fait la richesse et la beauté de ce temple, ce sont d’abord les pierres vivantes, les croyants et croyantes qui rendent compte de l’espérance qui les habite. Ce sont d’abord les ouvriers de l’Évangile qui n’ont pas peur d’exprimer haut et fort leur appartenance à l’Église, la famille de Dieu.
Ce sont d’abord les personnes engagées qui donnent temps, cœur, énergie pour que la présence du Christ soit honorée…
- honorée dans le tabernacle de cette église,
- honorée par la Parole de Dieu proclamée et vécue dans l’église et en dehors de l’église.
- honorée dans la communion vécue dans les sacrements et dans nos rapports mutuels de fraternité, de respect et d’harmonie, spécialement avec les personnes plus démunies.
En cette fête du 150e, nous saluons le passé fructueux de cette église nous bénissons l’aujourd’hui de Dieu ici et maintenant qui veut faire retentir la joie de l’Évangile et nous prions pour que demain réalise les promesses et les espoirs de voir se continuer encore très longtemps une communauté qui aime se rassembler pour célébrer sa foi et «avec une énergie peu commune» construire les voies de l’avenir.
L’église, c’est la maison familiale où l’on se retrouve pour prier et chanter, pour rire et pleurer, pour se fortifier et unifier nos talents, nos ressources, notre générosité.
Et comme toute maison, elle a sans cesse besoin de se redonner une jeunesse par son entretien, sa sécurité, sa maintenance.
Aujourd’hui, comme hier, la recette gagnante d’une communauté vivante, c’est celle de la solidarité qui permet de relever tous les défis, même les plus rigoureux.
Que Dieu bénisse la communauté chrétienne de Ste-Marthe.
Que Dieu bénisse chacune de vos familles.
Que la foi, l’espérance et la charité continuent de cimenter les pierres vivantes que vous êtes.
C’est la grâce que je vous souhaite.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
Amen