2025-C- commémoration des fidèles défunts
Jn 14, 1-6 UNE IMMENSE CURIOSITÉ.
Quand je salue les gens comme « saint homme » « madame sainte », cela compense pour mon incapacité de retenir les noms des personnes. Mais je salue aussi ce qui ne se voit pas en lui ou en elle : quelque chose comme du divin. Quand il devient l’un de nous, nous devenons éternels (préface Noël). Nous sommes des êtres divinisés.
Le Père Christophe de Tibhirine disait peu de temps avant son martyre : je suis ressuscité, je peux mourir. Pressentant son exécution, le théologien allemand Bonhoeffer écrivait la victoire est certaine. La préface liturgique des défunts chante que la vie n’est détruite, mais transformée. La mort, c’est notre foi, nous fait vivre autrement.
Je me souviens de ce mot de Lord Halifax à qui on demandait qu’est-ce que vous éprouvez par rapport à votre mort ? Oh ! une intense curiosité ! Ceci est très anglais.
Pour maintenir en nous une intense curiosité, pour que notre cœur ne se trouble pas (Jn 14,27) et pour ne pas être abattus comme les autres, des exercices de réchauffement comme les athlètes le font chaque jour, des temps de silence, de réflexion, d’oraison sont nécessaires. Je m’en vais vous préparer une place. Ce sont des paroles qui allument un grand incendie en nous, réchauffent nos cœurs et font surgir de nos profondeurs le feu « dormant » d’une espérance qui ne déçoit pas (Rm 5, 5).
Il y a quelque chose de plus grand que la mort. Il y a en nous une source de vie que rien ne peut éteindre, une vie d'une autre nature que mortelle. Quelqu'un écrivait au 5e siècle et c'est très beau, trop beau peut-être pour nos oreilles étourdies par la culture de l'éphémère, du jetable après usage, notre corps mortel a été divinisé, la poussière a été rénovée (Gn 2,7), divinisée. Les Pères de l'Église affirmaient que nous sommes de la poussière divinisée. Au début de dernier siècle, Saint Silouane, moine orthodoxe, répétait que nous sommes des grains de poussière de toute beauté.
Nous portons en nous quelque chose de l’image que Dieu a imprimée en nous même si notre comportement, nos errements, nous ont conduits dans la région de la dissemblance. La mort nous fait passer de la région de la dissemblance à la région de la ressemblance, écrit saint Bernard.
Un philosophe non chrétien du XV11e siècle, Spinoza, écrivait que nous savons et nous sentons que nous sommes éternels. Victor Hugo écrivait : ne dites pas mourir. Dites naître. Le soleil couchant est aussi beau que le soleil levant. Je crois à l’âme, dit Gilles Vigneault. Ça n’a pas nui à mon corps jusqu’à maintenant. Je crois qu’on a quelque chose qui nous survit, après. En nous se cache une espèce de vie nouvelle. Il faut beaucoup d’exercices de réchauffement pour comprendre comme Pier Giorgio récemment canonisé (7 sept. 2025) Le jour de ma mort sera le plus beau de ma vie. C’est l’élévation que nous offre à vivre cette fête commémora-tion des défunts.
Je vous offre de projeter sur nos morts, sur notre mort des yeux de Pâques, des yeux qui voient que nos jours s'en vont ; mais Dieu offre de les prolonger en les faisant entrer dans son jour éternel (Augustin Guillerand). Des yeux qui voient dans la mort une porte, un chemin qui s'ouvre sur une terre nouvelle. Un jour je ferai toutes choses nouvelles […], il n'y aura plus de mort, il n'y aura plus de deuil, ni de souffrance (Ap 21. 4).
Je vous offre des paroles de feu pour nourrir vos exercices de réchauffement. Je ne vous les impose pas.
La mort, c’est la vie qui se recueille (Magdaleth).
Celui qui mange ce pain vivra éternellement.
Je suis Chemin et Vie.
Il rendra nos corps semblables à son corps glorieux (Ph 3, 21). Saint Bernard ajoute, il emplira d'honneur ce vase (nos corps) si faible aujourd'hui.
Je sais que mon Rédempteur est vivant, qu’au dernier jour, il se lèvera sur la poussière. Je verrai Dieu (Job).
Passons du souviens-toi que tu es poussière à souviens-toi que tu es éternel. Entrons dans la mort, les yeux ouverts. AMEN.

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