Année B : samedi de la 2ière semaine Avent (litba02s.23)
Mt 17, 10-13 - Qui est celui qui doit venir ?
Il est question de reconnaître Jésus. Souvent pour identifier quelqu’un, on en parle comme semblable à un autre. Et cette reconnaissance de l’autre n’est jamais totale. Élie, sans origine, est transformé par sa rencontre avec la veuve de Sarepta (1 R. 17,2-24). Jean-Baptiste qui avait reconnu Jésus, est soudainement perturbé par ce qu’il entend dire de lui. Il n’est pas celui dont il se représentait le visage. Pas facile de reconnaître quelqu’un. Ainsi en sera-t-il de Jésus.
Pour Matthieu, ce n’était pas évident de présenter Jésus. Il s’est servi de deux visages comme un juge qui entend des témoins pour mieux se faire une idée de la personne devant lui. Ces deux témoins, Élie et Jean-Baptiste, attestent que Jésus est celui qui doit venir.
Aujourd’hui quand nous voulons connaître quelqu’un, la question spontanée qui nous vient est de savoir ce qu’il fait. Sa réponse est une indication de qui il est. Si nous posions à Jésus la question de ce qu’il fait, que nous répondrait-il ? Les Écritures, rédigées quelques cinquante ans après les événements, nous proposent différents regards sur ce que Jésus a fait. Aucun regard ne peut prétendre nous faire voir Jésus.
Il y a le regard de Paul qui voit plus le Christ ressuscité que Jésus de Nazareth dont la vie quotidienne ne semble pas l’intéressé. Il y a le regard « pluriel » des évangélistes qui adaptent leur description en tenant compte de leur auditoire. Il y a le regard postpascal des Pères de l’Église, issu du 4e siècle et dans un contexte polémique, et qui fonde des déclarations majeures de la foi de l’Église. Il y a le regard plus récent d’une analyse exégétique que l’on dit libéral, frais, dépoussiéré, de ceux qui découvrent que c’est la manière de vivre de Jésus qui nous sauve d’une humanité inhumaine. Il mangeait, buvait avec toute sorte de monde pour les sauvés de leur situation inhumaine.
Et nous, qui le prions, le contemplons, quel regard portons-nous sur Jésus ? Montre-nous ton visage. Quel Jésus reconnaissons-nous en le regardant ? Quel visage de Dieu voyait Claire en regardant Jésus ? Voyons-nous un regard qui valorise plus ce que nous sommes que tout ce que nous faisons pour lui ? Voyons-nous que celui qui s’est fait l’un de nous vivait avec une intensité d’exception son humanité ? Voyons-vous quelqu’un qui ne carburait pas de savoir si les gens ont péché, mais qui était très soucieux de les sortir de l’exclusion « imposée » par les gens en phylactère ? Si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux (Mt 6,23).
Une certitude émerge de tous ces regards. Ils doivent nous conduire à être reflet de son visage. Ils doivent nous amener à plus que de vivre pour lui, mais à vivre en lui. À plus qu’admirer le reflet de son visage, mais à vivre complètement hors de moi-même (Thérèse des Andes). A plus que de vivre de l’éblouissement de son visage, mais vivre d’une grande et imprenable joie intérieure. Autant Élie que Jean-Baptiste fut par des chemins différents annonciateur, révélateur du comment vivre en lui. Pour Claire d’Assise, vivre en lui et non vivre pour lui, la conduisait à épouser sa manière d’être dans le Père et avec chacune de ses compagnes.
Mais attention, vivre en lui, voir son visage exige de savoir se taire. De savoir écouter. Nous aimons beaucoup parler. Pas seulement les femmes, mais tout le monde, précisait un jour l’évêque de Rome. Écouter, c’est le chemin unique pour comprendre quelqu’un, pour entrer dans son mystère. Pour voir son vrai visage.
Préparons-nous à offrir à notre monde un vrai cadeau, de le regarder comme Jésus le voyait. Cela passe par moments consacrés à vivre en lui. Consacrons, dit le message de notre évêque, chaque jour du temps pour l’intimité avec Jésus qui saura nous purifier, nous transformer et nous renouveler par le feu de son Esprit. Ce n’est qu’en levant les bras vers Dieu, individuellement et communautairement, ce n’est qu’en servant par et avec amour, que nous montrerons le visage de Dieu à tous ceux et celles qui, comme nous, veulent voir son Visage. Amen.
Évangile:
Année:
Pérode:
Date:
Monday, 11 December, 2023
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