Année C : Mardi de la 32e semaine ordinaire (litco32m.16)
Luc 17, 7-10 : simples serviteurs; mais de qui parle Jésus ?
Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir. Telle est l’ambition et la satisfaction de nombreux chrétiens, et aussi la culpabilité de beaucoup d’autres…simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir. Quelle tristesse que de faire seulement notre devoir!
Cette parabole nous est peu sympathique. Pour bien nous faire comprendre que nous ne sommes que de simples serviteurs ou, dit autrement, que nous ne valons pas beaucoup, Jésus nous compare à un esclave qui après une journée de travail continue à servir à la table de son maître avant de pouvoir respirer un peu. Pas valorisant, et aussi frustrant, si nous entendons que Jésus s’adresse à nous qui sommes ici ce matin, pour l’eucharistie.
Jésus ne parle pas de la manière dont il nous considère et nous traite. Aux yeux de Dieu, nous sommes ses fils bien-aimés. Souvent, nous nous comportons en fils d’homme, en fils de ténèbres et non de lumière (cf. Ep 5, 8).
Si nous ne perçons pas la profondeur de cette parabole, nous aurons du mal à saisir que Jésus, avec réalisme, parle plutôt de la manière dont nous devons nous voir, intérieurement, dans notre relation à Dieu. À cet égard, nous nous sentons bien petits devant lui. Pour le dire dans les mots du lectionnaire, nous nous sentons de simples serviteurs. L’ancienne version parlait de serviteurs inutiles ou quelconques.
Questions: En présence de Dieu y a-t-il en nous un autre sentiment que de se sentir tout petit ? Simple ? Quand suis-je devant Dieu autre chose qu’un serviteur ? Tout priant éprouve son néant en présence de Dieu. Prier nous met à nu devant Dieu. Impossible dans un tel état de nous gonfler d’orgueil d’avoir été choisis, élus pour le suivre.
Mais observons un petit détail. Le texte ne dit pas: vous êtes de simples serviteurs, mais bien nous sommes de simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir. Et si c’était Jésus le premier des simples serviteurs dont il s’agit ?
Jésus fut le premier à s’habiller volontairement du vêtement de simple serviteur. Il ne revendiqua pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu en raison de sa condition divine, mais s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave, devant semblable aux hommes (Ph 2, 6-7).
Jésus s’est présenté à l’humanité contre toute logique humaine, comme « sans valeur », le « rejeté », l’« esclave » pour que l’humanité retrouve toute sa grandeur. Pour nous transformer en son image de fils de Dieu, il s’est fait fils d’homme. C’est de lui dont il parle quand il déclare heureux ces serviteurs que le maître à son retour trouvera fidèles à veiller ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira (Lc 12, 35-37).
Comme simples serviteurs, ne comprenons pas que nous ne valons rien, mais sachons que nous n’avons aucun droit à faire valeur devant Dieu. Et Jésus est le modèle d’un fils qui ne revendiquait aucun droit sur son Père. Lui, le maître véritable, le Fils parfait, s’est fait serviteur : serviteur du dessein d’amour de son Père, serviteur de notre guérison et de notre relèvement.
Réjouissons-nous. Être simple serviteur est le chemin incontournable pour nous élever jusqu’à Dieu. Thérèse de Lisieux avait bien compris cela, elle qui disait : Au soir de ma vie je me présenterai devant le Seigneur les mains vides, vide de toutes prétentions, mais lourde d’une immense confiance.
Entrons dans ces mots du psaume: le salut des justes vient du Seigneur...il comblera les désirs de ton cœur. AMEN.
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