Année B: Dimanche 18e semaine ordinaire (litbo18d.15)
Jean 6, 24-35 : pourquoi me cherchez-vous ? saveur de miséricorde
Est-ce que nous sommes ici seulement parce que c'est dimanche ? Chacun de nous peut donner différentes réponses à sa présence ici. Mais chose certaine, nous ne sommes pas ici parce que nous sommes meilleurs que les autres. Nous sommes ici pour nous élever un peu plus dans la pratique de la louange de Dieu. Pour goûter un peu plus à la bonté de Dieu à notre endroit. Pour humer à nouveau le parfum de sa miséricorde. Chaque eucharistie s'ouvre sur une demande: prends pitié de nous, Seigneur.
Dans son texte-programme qu'est La joie de l'Évangile (#47), le pape François dit tout haut ce que nous pensons sans le dire : l'eucharistie même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle n'est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles. Dans l'une de ses homélies du matin, il affirme que si l'un de nous ne pense pas avoir besoin de la miséricorde de Dieu, s'il ne se considère pas comme un pécheur, mieux vaut qu'il n'aille pas à la messe.
En affirmant cela, le pape reprend à son compte ce que les Pères de l'Église exprimaient dès le début de la foi chrétienne : Je dois toujours, dit saint Ambroise, le recevoir pour que toujours il remette mes péchés. Moi qui pèche toujours, je dois avoir toujours un remède. Un autre Clément d'Alexandrie posait cette question: quand serons-nous assez dignes pour recevoir le Christ. Les imparfaits sont les destinataires privilégiés de l'eucharistie.
Nous sommes ici pour goûter au sacrement de la miséricorde de Dieu. Trop souvent, et quel réalisme il y a dans cette affirmation du pape François, nous sommes une machine à fabriquer des empêchements qui éloignent de l'eucharistie. Trop souvent nous sommes des contrôleurs de foi plutôt que des facilitateurs (25 mai 2013).
Ce matin, Jésus oriente nos regards sur une nourriture qui se garde, non périssable, qui ne s'épuise jamais : celle de la miséricorde de Dieu. La miséricorde est le signe qui authentifie que l'œuvre de Jésus vient de son Père. Ce pain de miséricorde est un trésor inestimable qui ouvre toutes larges les portes sur une vie renouvelée, une vie recréée par la mort de Jésus. Si on comprenait cela, nous aurions, dit Dina Bélanger, religieuse et grande musicienne de Québec, béatifiée en 1993, besoin de barricades pour le protéger. Elle ajoute: on n'en est pas [rendu] là.
On n'en est pas rendu-là parce le fossé entre ce que nos sens perçoivent de ce pain et ce qu'il est, entre ce que nous en goûtons et ce qu'il goûte et ce qu'il en a coûté à Jésus, est infranchissable. Oui, il est grand ce mystère de la foi [...] parce qu'il vient du ciel. Le curé d'Ars disait : lorsque Dieu voulut nous nourrir, il promena son regard sur la création et ne trouva rien qui fut digne de nous. Alors [...], il se donna lui-même. Il ajoute, et cela devrait nous émouvoir : ô homme, que tu es grand. Tu es nourri et abreuvé du corps et du sang d'un Dieu. Ô homme, que tu es heureux, mais tu comprends peu ton bonheur.
Nous sommes ici pour goûter à ce pain du ciel. Ce pain qui nous fait beaux à l'intérieur et beaux à l'extérieur quand à notre tour nous devenons des continuateurs de la miséricorde de Dieu. Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur [ce pain de] la miséricorde, afin de devenir nous aussi signes efficaces de l’agir du Père (Pape François, Visage de la miséricorde, # 3).
Ma question: avons-nous le goût d'être bons ? Non en théorie, non en principe. Dans notre quotidien de tous les jours, sommes-nous bons ? Est-ce que notre comportement fait goûter aux autres la miséricorde que ce pain du ciel nous procure ? Être bon, plein de compassion, de miséricorde, ce n'est pas un signe de faiblesse. C'est un signe que nous sommes des évangiles vivants. Je paraphrase Isaïe (49, 6), c'est trop peu que tu sois chrétien, je veux que par toi, ma parole parvienne jusqu'aux extrémités de la terre.
Je vous le dis, je vous l'affirme au nom du Seigneur [...], laissez vous guider, [nourrir], par un esprit de renouvelé. Adoptez le comportement de l'humain à l'image de Dieu. Je termine par cet appel de François: pour votre bien, je vous invite à changer de vie. Combien je désire que les années à venir soient comme imprégnées de miséricorde [qui se laisse voir dans ce pain du ciel] pour aller à la rencontre de chacun en lui offrant la bonté et la tendresse de Dieu! AMEN.
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