Année B: Mardi 4e semaine de Pâques (litbp04m.15)
Jean 10, 22-30 : reconnais la Voix qui te reconnaît
Nous connaissons bien la réponse du «jardinier» qui au matin de Pâques, interpellait Marie-Madeleine de ce nom commun «femme». Femme pourquoi pleures-tu (Jn 20, 12) ? Nous connaissons bien aussi la réplique de Marie-Madeleine à ce «jardinier» : si c'est toi qui l'as emporté. Elle parle de «lui» sans prononcer son nom tant sa douleur était inexprimable.
Mais en l'appelant par son nom, Marie, Jésus lui dit sans détour dans les mots de Grégoire le Grand : reconnais celui qui te reconnaît. Et Marie lui répond : «Rabbouni». La reconnaissance d'une Voix l'a fait courir annoncer : j'ai vu le Seigneur.
Hier, c'était dans un jardin, au matin, que cette Voix se fit entendre et transformât Marie en apôtre des apôtres. Aujourd'hui, cette Voix se fait entendre non plus dans un jardin mais dans des verts pâturages. Non plus à quelques personnes, mais à chaque humain de la terre.
Cette Voix, toute discrète, qui ne cherche pas à s'imposer, veut seulement nous rejoindre dans notre va-et-vient quotidien, marcher avec nous, nous expliquer le sens de la vie, nous réchauffer le cœur (cf. Lc 24, 32). Elle nous confie le même message que celui du «jardinier» pascal : reconnais celui qui te reconnaît. À le reconnaître comme il nous connaît. Jésus ne nous connaît pas en général, mais personnellement. Cette Voix nous convie à être un avec lui. À demeurer en lui pour qu'il demeure en nous. Elle ouvre sur un cœur-à-cœur, une amitié d'une telle profondeur que rien ne peut la briser.
Jésus veut établir avec chacun d'entre nous une relation personnalisée, d'appartenance réciproque, d'intime communion, de pleine confiance mutuelle, celle-là même qu'il entretient avec son Père. Cette Voix du Pasteur- Jésus est unique et m'est unique. Si nous apprenons par la prière, la lectio divina, et en taisant toutes les autres voix, tous nos bruits intérieurs, mais ce n'est pas facile, elle nous guidera sur la voie de la vie, une voie qui dépasse infiniment les réalités terrestres. Cette Voix nous dit et n'est-ce pas étourdissant de beauté : C'est mon Père qui m'a donné à vous (Jn 10, 29).
Utilisant la pédagogie des petites questions du pape François, je vous demande : avez-vous parfois entendu la voix du Seigneur ? L’avez-vous entendu vous inviter à converser avec Lui ? Nous avons vocation à converser avec cette Voix, à entreprendre un dialogue d'amitié, personnalisé avec Jésus. Cette Voix nous devient familière dans la prière. Elle nous met en route vers une source d'eau désaltérante (cf. Jn 4, 4-42), même si cela peut exiger détachement et parfois arrachement.
Notre proximité avec la Voix est notre premier défi. Le second, inséparable du premier, nous pousse à établir avec les autres, particulièrement les blessés de la vie, plus qu'un simple contact, plus qu'un vague intérêt de solidarité. Le second défi, difficile et permanent, est de maintenir un amour-charité. Toute proximité avec Jésus implique une sortie comme le berger pour aller non pas convertir mais annoncer, dans les très beaux mots d'Éloi Leclerc, qu'eux aussi sont aimés de Dieu.
Le dimanche des vocations que nous venons de souligner, nous a appelés à relever ces deux défis : maintenir une proximité avec la Voix et entretenir une charité inaltérable envers les autres. Je dis bien charité et non solidarité. L'auteur Jean-Guilhem Xerri dans son livre À quoi sert un chrétien ? se demande si ses difficultés à évangéliser ne sont pas liées à ses difficultés d’aimer (p 226).
Cette semaine, prenons le temps de parler à Dieu, d'écouter cette Voix. Prenons le temps de prier pour que des cœurs s'ouvrent à l'appel de devenir pasteurs d'Église. N'oublions pas aussi de nous faire proximité avec quelqu'un dans le besoin. AMEN.
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