Année C : Lundi 4e semaine de l’Avent (litca04l.09)
Luc 1, 39-45- Dieu nous visite pour nous mettre en chemin.
Que serait Noël, si nous n’avions que la télé, la presse, la publicité des commerces et le bruit de l’agitation ? Que serait Noël si notre cœur n’était pas un oratoire, un cloître, ravi d’héberger, de rencontrer Celui qui vient ? Si nous entrons dans la Parole de Dieu, nous percevons que la visitation qui nous donne à voir l’une des plus belles rencontres de l’Évangile, contient tout l’Évangile. La Bonne nouvelle est visitation qui naît de notre conversation quotidienne avec Dieu.
Nous sommes en présence d’une femme tellement en conversation avec Dieu, tellement décentrée d’elle-même, tellement peu préoccupée par son « moi », qu’elle s’empresse d’aller porter Dieu qu’elle porte en elle. C’est cela la Bonne nouvelle : porter à d’autres ce Dieu-avec-nous. Cette visitation d’amitié- 1ière sortie officielle de Dieu - ouvre sur une merveilleuse rencontre non pas à deux non à quatre, mais à plus si nous incluons l’Esprit saint. À l’écoute de cette Parole, que Salomon le très sage se taise ; qu’il ne dise plus : Il n’y a rien de nouveau sous le soleil (Eccl 1,9).
Ce qui est nouveau, c’est qu’il s’agit de la rencontre où l’Ancien testament s’ouvre sur le Nouveau, une femme avancée en âge et une jeune fille ; rencontre où il y a simultanéité de bonheur; rencontre icône de la Beauté de la visitation d’Amitié que Dieu nous fait. Ce qui est nouveau, c’est que nous rencontrer, nous visiter, être ensemble dans la simplicité, c’est peut-être ça l’Évangile, c’est peut-être ça Noël. C’est peut-être ça l’Éternité. Ce qui est nouveau, c’est que désormais, avec empressement, toute vraie bonne nouvelle ne peut être gardée pour soi. Ce qui est nouveau, c’est ce que le mystère de l’Avent, est celui d’un Dieu qui vient simplement contacter alliance avec nous. Devant nos yeux, cette lumineuse beauté d’une visitation qui dit la beauté d’une vie en état d’extase, de décentrage d’elle-même. Devant nos yeux, la première procession eucharistique de l’histoire, disait Benoît XV1.
À nous d’éprouver ce bonheur de recevoir celle qui porte celui qui porte toute chose, (celle) qui contient celui qui contient tout, (celle) qui a enclos en elle l’Incompréhensible (Pierre Bérulle). Savez-vous demande le mystique Jean d’Avila (15e siècle) ce que la Vierge nous a donné? Pas moins que Dieu. Et savez-vous comment elle nous l’a donné ? Humanisé. Elle vient nous donner un Dieu à visage humain. Elle vient nous dire que son Fils souhaite établir avec nous une union très intime qui nous transformera jusqu’à la moelle.
N’en restons pas à l’émerveillement. Le geste de Marie, si ordinaire, si naturel, qui s’inscrit dans cette grande histoire des nombreuses visites de Dieu, n’est pas un geste réservé à Marie. Il appartient à tous ceux et celles qui mettent en pratique la Parole de Dieu. Qui pratiquent la Parole de Dieu. Dieu, par Marie, nous visite pour nous mettre en chemin de visitation. Désormais à travers nos gestes tout simples, tout ordinaires, nous reproduisons, nous continuons la grande histoire de Dieu qui vient dire SALUT à notre monde. Dieu par sa mère, vient vers nous pour que nous allions maintenant en visitation d’amitié avec notre monde. Tiens dit Marie en présentant son Fils à Angèle de Foligno, fais partager ta joie, fais tressaillir de joie.
À votre contemplation : Quelle admirable dignité que celle d’être mandaté pour faire tressaillir de joie tous les cœurs désireux de naître, de renaître à Dieu ! Il nous faut signer ces paroles d’Élisabeth : Oui le Seigneur a fait éclater en moi sa miséricorde (Lc 1, 58). Oui, il a plu de nous donner mission de faire bondir de joie.
Dans nos visitations, quelque chose se passe qui nous dépasse. Dieu nous visite pour nous mettre en chemin. C’est le 8ième sacrement, le sacrement du frère, celui de la rencontre d’amitié qui est le seul chemin de toute évangélisation. Je termine, et ce n’est pas banal d’en être conscient, il y a visitation quand nous partons rencontrer quelqu’un. Il y a visitation –et c’est le cœur de notre eucharistique - quand nous partons à la rencontre de Celui qui maintenant nous donne son pain. AMEN
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