2025-C-Mc 16, 9-15- samedi de l'octave de Pâques- voir quoi ?
2025-C- samedi de l’octave de PÂQUES (litcp00s.25)
Mc 16, 9-15 : voir quoi ?
À la question que Jésus lui posait, l’aveugle répond : fais que je vois. C’est notre demande en ces heures tourmentées de notre histoire où notre regard ne voit que les ténèbres de la nuit. Que nous reste-t-il à voir encore sur Pâques ? Que nous reste-t-il à voir d’un événement dont personne ne fut témoin ? Il nous reste à voir que la lumière brille dans les ténèbres. Même les ténèbres ne sont pas ténèbres, la nuit comme le jour est lumière [Ps 138(139)].
Il nous reste à voir, à découvrir non pas un tombeau vide qui n’est même pas mentionné dans l’écrit le plus ancien, celui de Paul aux Corinthiens (1 Cor 15), non pas des linges posés à plat (Lc 24,12), non pas un corps manquant. Il nous reste à voir des personnes comme Marie-Madeleine, des disciples sur la route d’Emmaüs ou réfugiés dans le Cénacle transformés. Il nous reste à voir des gens pour qui l’espérance les pousse à résister à broyer du noir. Ils n’étaient que tristesses, ils ne sont que joie. Voilà qui parle de Pâques. Voilà qui confirme l’authenticité de Pâques.
Pâques n’est pas à regarder comme un spectacle, comme la fin d’un roman « happy end », mais un émerveillement qui se produit au cœur de nos nuits d’espoir perdu et qui nous fait repartir vers la Vie et vers les autres (Emmaüs). Les femmes se demandaient si elles pourraient enlever la pierre, mais elles furent émerveillées par une rencontre plus intérieure que physique qui les poussa à annoncer autre chose qu’une supercherie pour se donner de l’importance ou pour cacher leur immense déception.
Ce que nous disent ces femmes, ce qu’elles ont exprimé aux disciples, c’est que Pâques ne se prouve pas, il s’éprouve. Il ne se voit pas, il s’expérimente. Il n’est pas une invention, mais une découverte. Il n’est pas quelque chose à faire, mais quelqu’un à aimer (Zundel).
Pâques est une rencontre avec ce je suis qui fait toute chose nouvelle (Is 43,19) venu nous sortir de nos enfers en nous criant comme à Lazare viens dehors. Avec ce je Suis pour qui personne n’est prisonnier de ses pires erreurs, pour qui aucun désastre, aucune horreur n’a le dernier mot. Avec ce je Suis [qui] nous fait espérance, nous maintient dans la lumière en dépit de scènes de ténèbres d’une intensité inimaginable. Ce je Suis, précisait le Pape François en visite au Bangladesh citant un poète local, habitué à arracher la lumière hors du ventre de l’obscurité[1].
Ce qu’il nous reste à voir, j’attire votre attention sur ce petit détail, c’est Jésus qui récompense des femmes de l’avoir suivi. Pour leur dire MERCI de l’avoir suivi, il les récompense en les envoyant annoncer aux disciples effrayés dans le Cénacle que la mort est vaincue, que la joie commence. L’Église d’Orient les appelle les femmes évangélistes. Nous ne verrons rien de nouveau si notre foi ne devient pas une rencontre avec ce je suis dans nos Galilées. C’est là que vous le verrez.
Ce qu’il nous reste à voir ce sont des gens qui aident Dieu à ne pas mourir (Etty Hillesum). Il nous reste à voir et c’est ce que je retiens de pape François, c’est un vrai chrétien. Il fut un vrai chrétien. Il a mené une vie à l’envers. Il a voulu une Église à l’envers en promouvant la proximité avec les gens dehors. Il préférait une Église malade. Il a témoigné clairement d’une manière de vivre qui sort de l’ordinaire, disait déjà la lettre à Diognète.
Il nous reste à voir à l’heure où se réveillent les fantômes des nuits les plus sombres de notre XX1e siècle, une manière de vivre qui fait tout chose nouvelle et où l’espérance est la valeur suprême comme le pape vient de l’exprimer dans ce lire auto biographie, espère. Cette vie à l’envers, François l’a campé dès sa première prise de parole : Je veux vous demander une faveur : avant de vous donner ma bénédiction, je vous demande votre prière.
Amen.