2021-B-Lc 21, 12-19- mercredi de la 34e semaine du temps ORDINAIRE- à cause de LUI.
Année B- mercredi de la 34e semaine ordinaire(litbo34me.21)
Lc 21, 12-19 ; Dn 5, 1-6.13-14.16-17.23-28 : à cause de son nom.
Ce n’est pas croire en Jésus qui nous vaut d’être méprisé, regardé de travers. C’est notre engagement à vivre comme Jésus, en défenseur des exclus, qui nous vaut d’être honnis. Déjà en 1961, Maurice Zundel affirmait que croire en Dieu peut n’engager à rien. Mais croire en l’homme engage tout. Si nous allons au bout de cette affirmation, si, du moins nous essayons de la vivre, si je crois vraiment en l'homme, croire en Dieu va de soi puisque la grandeur humaine est toujours finalement une transparence à Dieu.
L’important n’est pas d’avoir une forteresse de certitudes sur Dieu ni d’avoir le cœur rempli d’assurance morale. Cela ne signifie pas que nous croyons en Dieu. C’est quand nous sommes transparence de Dieu, que nous laissons l’Évangile nous guérir d’un comportement autoréférentiel, que nous risquons d’être attaqués, recherchés, maltraités à cause de son nom. Il faut passer de la religion à la foi, de la croyance à la confiance.
Olivier Le Gendre dans confessions d’un cardinal¸ lui faisait dire qu’il est légitime que le monde nous demande à quoi nous servons, nous, chrétiens. La seule réponse que nous puissions lui faire est celle-ci : à puiser dans notre foi l'énergie de créer un peu plus d'humanité autour de nous. Oui, on peut encore être chrétien aujourd'hui, si notre foi nous conduit à humaniser le monde qui nous entoure.
Aujourd’hui, il y a un consensus parmi les exégètes : Jésus a connu une fin atroce parce qu’il a voulu humaniser le monde qui l’entoure. Il a aboli les murs entre croyants ou pas, juifs ou samaritains, riches ou pauvres. Ce comportement dérangeait les dirigeants romains et religieux. Jésus était vu comme un révolutionnaire en s’assoyant à toutes les tables, en côtoyant des femmes de mauvaises réputations, en soulageant des malades le jour du sabbat.
Les amis de Jésus sont les estropiés, les malheureux, les étrangers, les collecteurs d’impôts, les pécheurs. Trois mots indiquent de quel esprit il vivait : humanité, empathie et bienveillance. (Je note que récemment au Québec, la protectrice du citoyen utilisait ces trois mêmes mots dans son rapport annuel au gouvernement). Jésus montre sa transcendance en s’abaissant. On a dit de Lui qu’il voulait « sauver » l’humain et non la religion.
En quittant ce monde, Jésus écrit Jean a rendu l’esprit (Jn 19, 30). L’expression est entendue comme signifiant sa mort. Mais il y a un autre sens plus profond : il nous a rendu (donné) son esprit. Ceux qui signent leur vie de l’esprit de Jésus en abolissant les murs, en regardant la dignité de chaque humain, peu importe son origine, son mode de vie, sa pensée, sa situation sociale ou ses moyens économiques, risquent d’en connaître le même chemin. Antoine de Saint Exupéry se référant à cet esprit de Jésus a écrit que le plus beau métier d'homme est le métier d'unir les Hommes.
Pour souligner le 5e anniversaire de la journée mondiale des pauvres, le pape écrivait dans son message qu’il ne s’agit pas d’alléger notre conscience en faisant quelques aumônes, mais plutôt de s’opposer à la culture de l’indifférence et de l’injustice avec lequel on se place vis-à-vis des pauvres. Il citait en conclusion de son message, Don Primo Mazzolari : Je ne les ai jamais comptés, les pauvres, car on ne peut pas les compter : les pauvres s’embrassent, ils ne se comptent pas. Le théologien José María Castillo écrit que la grande préoccupation de Jésus n’était pas si les gens ont péché plus ou moins, mais si les gens avaient faim ou était malade.
Montrons Jésus par nos paroles et aussi à travers notre vie en sachant que ce dernier chemin risque de nous conduire à subir rejet et persécution. AMEN.