2019-C-Mc 2, 23-28 -mardi 2e semaine ordinaire- Jésus, un laïc pas comme les autres
Année C- mardi de la 2e semaine ordinaire (litco02m.19)
Mc 2, 23-28 ; He 6, 10-20 : Jésus, un laïc pas comme les autres
Devant la réaction des chefs religieux observant le geste illégal des disciples (nous parlerions aujourd’hui de chrétiens) qui arrachent des épis un jour de sabbat et la réponse de Jésus à ses détracteurs, une évidence s’impose : Jésus est un humain, un humain véritablement humain plutôt qu’un humain mode religieux.
Le comportement de Jésus fait ressortir que la bonne nouvelle, la mentalité nouvelle qu’il veut introduire dans les cœurs, bref que son royaume repose non sur des normes religieuses, mais sur le gros bon sens humain. Jésus a dépassé largement la religion quand il a déclaré : le sabbat a été fait pour l`homme, et non l`homme pour le sabbat (Mc 2, 27). Il a dépassé la religion quand il a relativisé le geste de ses disciples et toutes les normes de pureté extérieure. Il a brisé la logique et les fondements de la religion de son temps et de tout temps quand il a raconté la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 25-37), du pharisien et du publicain (Lc 18, 9-14). Ce n’était pas dans les us et coutumes de son époque.
C’est un fait oublié ou passé sous silence, Jésus était un laïc. Sa mission, son mandat pastoral est de bâtir des relations fraternelles, des relations évangéliques. Son humanisme était, dirions-nous aujourd’hui, un humanisme séculier, sans Dieu, mais un humanisme évangélique pour lequel vivre commence par mourir[1]. Joseph Moingt, dans son livre qui semble être son testament écrit à l’âge de 102 ans, rappelle que l’action de Jésus s’appuie sur son incarnation, que sa spiritualité a pour roc, pour fondation, son incarnation.
Jésus ne condamne pas ses disciples et ne manifeste aucune animosité contre l’attitude des chefs religieux à son endroit, et cela se perçoit du début à la fin des écrits évangéliques; son option première est de favoriser des solutions plutôt que d’envenimer les situations. Comment vivons-nous dans le concret de notre quotidien ce devoir d’humanité, pour citer Joseph Moingt ?
Le thème de la semaine de l’unité des chrétiens - tu recherches la justice, rien que la justice (Dt 16, 30)- rejoint notre évangile quand il suggère de vivre cette semaine comme un temps de réconciliation harmonieuse de nos différences. Il invite à développer des attitudes qui nous rapprochent et non qui nous éloignent. C’est l’attitude de Jésus que Marc nous présente au début de son évangile.
Ce matin, questionnons-nous. Sommes-nous des promoteurs de gestes audacieux de rapprochement non seulement entre chrétiens de différentes Églises, mais entre chrétiens d’une équipe de pastorale paroissiale. Trop de divisions conduisent certains et certaines à se désengager. La lettre du pape aux évêques américains soulève cette question de la culture des abus [de pouvoir] […] qui menace [la] communion fraternelle [et la] crédibilité qui en est le fruit.
Marc nous présente un Jésus humain qui fait toute chose nouvelle (Ap 21, 5) et indique un chemin que nous sommes invités à suivre (lettre aux évêques, É.-U.). Un Jésus qui subtilement, politiquement, ne fait qu’indiquer un chemin de rapprochement. Ce chemin, la première lecture disait qu’il est une bénédiction de Dieu. Et Joseph Moingt précise que c’est cela la révélation. Très fort.
Arrêtons-nous à cette oraison du temps de Noël qui affirme que nous reconnaissons que son humanité (celle de Jésus) fut semblable à la nôtre; demandons au Père d’être transformés par lui au plus intime de notre cœur. AMEN.
[1] Cette piste est bien développée dans le dernier livre de Joseph Moingt, L’esprit du christianisme, Temps Présent, 2018