2025-C- mardi de la 22e semaine ORDINAIRE (litco22m.25) 2 septembre
Lc 4, 31-37- l’infini dans le fini.
Posons-nous la question : savons-nous qui est Jésus ? Cette question fait débat à l’heure où se célèbre la pro-clamation de foi du Concile de Nicée. La réponse à cette question ne sera jamais une réponse théorique.
Une réponse point finale sur qui est Jésus. Notre Dieu n’est pas un Dieu abstrait. C’est un Dieu bien concret qui s’est manifesté par des gestes qui parlent plus fort que sa parole. Qui ne voit pas cela est aveugle (Saint Bonaventure). En plaçant cette rencontre au tout début de la vie publique de Jésus et un jour de sabbat, Luc autant que Marc nous font anticiper que sa vie sera un dur combat, un très dur et constant combat. Un com-bat pour faire éclater des germes de vie. Le mal apparait quand l’amour de Jésus pour le malade dérange. Choisis la vie.
Ce qui dérange cet homme possédé par un esprit impur, c’est la puissance des gestes que Jésus pose. Il y re-çoit une gifle en pleine face. Il y voit quelque chose qui risque d’ébranler son pouvoir sur les gens. Il affronte quelqu’un dont les gestes libèrent des gens écrasés par des chaines étouffantes et paralysantes.
Son cri tu es venu pour nous perdre atteste que le malin sent bien que ses actions de prendre soin des autres cachent le mystère de sa personne. Qu’il est le saint de Dieu, qu’il vient d’ailleurs. Son regard sur Jésus lui fait anticiper l’être transfiguré de la montagne du Thabor. Il est foudroyé comme le seront les disciples sur la mon-tagne. Jésus n’est pas effrayé par la présence de Satan, c’est plutôt Satan qui est effrayé par la présence de Jésus.
Bref, ce démon a une connaissance profonde de l’identité de Jésus. Pour lui, les gestes et les paroles de Jésus révèlent l’intensité de son union au Père. Il ressent vivement que la grande compassion de Jésus pour les blessés, pour tous les possédés par toutes sortes de désirs, lui donne une autorité qu’il n’a pas. Il voit en Jésus de l’infini dans le fini (Dilexit nos # 67). Il voit que son cœur humain est un cœur divin. Qui m’a vu a vu le Père, dira Jésus (Jn 14, 9). Il flaire qu’il va perdre du terrain.
Le regard de l’adversaire de Jésus risque d’être notre regard si nous ne voyons pas dans la foi briller à travers l’opacité actuelle les réalités d’en haut (Col 3, 2). Sa rencontre avec Jésus a remis en question sa capacité de séduire tout le monde. Il expérimente qu’une autre manière de vivre que celle de tout centrer sur sa gloriole personnelle ouvre sur une vie heureuse. Alors qu’il se perçoit roi et maître, quelqu’un appelle à vivre sans animosité pour les autres, à cesser d’avoir peur des autres. Jésus conteste l’axe de son bonheur.
Les réalités d’en bas ne doivent pas nous aveugler jusqu’à perdre de vue l’appel à développer progres-sivement en nous des sentiments de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur. Ce texte en ouverture de l’évangile de Luc soulève une question : Jésus est-il notre seule richesse, cette richesse qui ébranle et insécurise son adversaire jusqu’à y anticiper sa perte. Ne nous contentons pas de voir moins que Jésus. Il est l’infini dans le fini.
Le pape François nous a rappelé ceci dans son encyclique Gaudete et Exsultate. Ne pensons pas que le Mal est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Le Mal, désigne un être personnel qui nous harcèle...mais Jésus nous a enseigné à demander tous les jours dans le Notre Père cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas.
À votre contemplation. Ce n’est pas savoir qui est Jésus qui nous délivre d’un adversaire coriace. C’est de rencontrer quelqu’un de tellement humain, de tellement soucieux de chacun de nous, de tellement amoureux de nous qu’il porte un coup fatal à notre suffisance. Rencontrer celui qui a du cœur au ventre, Jésus, cela change tout. AMEN.
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