2025-C-Mt 13, 54-58- vendredi de la 17e semaine ORDINAIRE- avons-nous trahi Jésus ?

2025-C-vendredi de la 17e semaine ORDINAIRE (litco17v.25) 2 aout  complet ? 
Mt 13, 54-58 : avons-nous trahi Jésus ?

On attendait le Très-Haut, et comme l’écrit Christian Bobin, c’est le Très-Bas qui est venu.  On attendait un dieu déformé, tout-puissant, juge, distributeur de récompenses, c’est un homme bien enraciné dans le milieu de vie de son temps, non dogmatique. C’est un homme terre-à-terre, empreint de justice pour tous, qui prend la parole dans la synagogue. 

Cet homme, fils d’un artisan bien connu dans la région, dégage une sagesse avec laquelle aucun de ses inter-locuteurs ne peut rivaliser. Jésus est proche des gens, parle un langage compréhensible. Les auditeurs de la synagogue, eux, le sentent déconnecté de leur vision du Messie attendu. Ils veulent le faire taire, domesti-quer sa parole, sa sagesse, confisquer son droit de s’exprimer.

Le paradoxe de cette scène de Jésus dans la synagogue devrait attirer notre attention. Lui, Jésus dont les audi-teurs reconnaissent pourtant sa grande sagesse, lui dont Jean décrira comme lumière du monde (Jn 8, 12), comme vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde (Jn 1,9), ne se reconnaît qu’à partir de nos ténèbres, de nos doutes qui sont des chemins pour éviter de faire du surplace, pour progresser. Dans le temple, au milieu des siens et prenant la parole, Jésus n’a rien qui lui donne des airs de Dieu.  Sa parole montre qu’il a la passion de l’humain. Il est un Messie inattendu. J'adorerai la lumière, car elle me montre le chemin ; pourtant j'aimerai l'obscurité, car elle me montre les étoiles (Og Mandino, The Greatest Secret in the World).

Notre culture oppose souvent doute et incrédulité. Elle ne voit pas la sagesse qui se cache dans nos doutes. Rien n’est plus sûr que nos doutes (Gilles Vigneault). La croix du doute est une croix féconde. Dans le temple, Jésus pose la première pierre sur laquelle il appuiera toute sa vie, celle de l’effacement. Ce qu’il dit cache plus qu’il ne révèle qui il est. Les auditeurs ne voient pas avec clarté qu’il vient d’ailleurs (Joseph Moingt). Ce n’est que progressivement que Jésus montre son identité. Il sait, lui, que trop de lumière rend aveugle.

L’évangile, c’est l’histoire de « douteux ». Zacharie a douté. Jean-Baptiste a douté. Jésus l’a remercié en le déclarant le plus grand des enfants des hommes. Les apôtres ont douté. Thomas a douté. Les disciples d’Emmaüs retournèrent déçus à leur filet. Comment cela se fera-t-il, dit Marie ? Le doute est notre plus grande richesse. En les affrontant plutôt que de les nier, nous progressons, avançons dans notre désir de tou-cher Jésus comme la femme se frayant un chemin au milieu de la foule (Mt 9, 20-22).

Les auditeurs de la synagogue ne voient Jésus qu’avec des yeux purement extérieurs. La foule l’admire avec des yeux intérieurs. Elle n’a jamais perdu de vue le mystère Jésus. Il est pour elle quelqu’un qui cache quelque chose comme du divin. Nous oublions qu'il y a une chose comme la lumière intérieure, illuminant notre âme (Teresa d'Avila, le château intérieur).

Retenons de cette prise de parole dans le temple que Jésus n’a aucun désir de performance, de réussite mondaine. Il est simplement lui-même, sans prétention de pouvoir, de contrôle. Il est petit. Tout petit. Jésus renonce à expliquer Dieu. C’est dans le miracle de l’anodin, du quotidien qu’il se trouve. Dans le temple en présence des experts de la religion, Jésus refuse de présenter l’image d’un dieu qui descend de son trône pour nous sauver. Il est, Jésus, le visage de ce Dieu qui se communique par le miracle permanent d’une pré-sence effacée, discrète. 

Je termine par une question. Avons-nous trahi cette image de Jésus, petit, sans pouvoir, sans titre autre que croyant, sans autre désir que d’être proche des gens, qui ne réclame pas d’être adoré, mais d’être suivi ? Dans le temple, s’adressant aux leaders de la religion, sans autosuffisance, sous désir de mieux exprimer sa foi que les leaders religieux, sans rechercher la première place, Jésus est la parole de Dieu en action. Il est la transpa-rence du Père (Paul Tillich). Pour montrer le Père, Jésus se fait petit. Prenons ce chemin pour le faire connaître autour de nous. AMEN.

 

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Date: 
Tuesday, 22 July, 2025

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